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38% d'abstention, un niveau jamais vu pour des municipales

Un bureau de vote le 23 mars 2014 à Marseille [Jeff Pachoud / AFP] Un bureau de vote le 23 mars 2014 à Marseille [Jeff Pachoud / AFP]

L'abstention a atteint dimanche un niveau jamais vu au premier tour des municipales avec plus de 38%, nouvelle marque de la désillusion des électeurs à l'égard de la politique.

A 01H00 lundi, le taux d'abstention calculé par le ministère de l'Intérieur sur près de 23 millions de bulletins dépouillés s'élevait en métropole à 38,72%.

Lors des précédentes élections municipales, en 2008, l'abstention avait déjà atteint un record historique, à 33,46% avec une participation de 66,54% au premier tour, et à 34,80% au second tour (participation de 65,20%). Depuis 1988, tous les scrutins, exceptée la présidentielle, ont vu l'abstention progresser.

Trois instituts de sondage, l'Ifop-SAS pour i-Télé, CSA pour BFMTV et Ricoh, et TNS Sofres-Sopra, estimaient en fin d'après-midi le taux de participation final à 65% des inscrits, soit un taux d'abstention de 35%. Harris Interactive pour M6 évaluait de son côté cette participation à 64,9%, soit 35,1% d'abstention. OpinionWay chiffrait l'abstention à 36%.

Ipsos/Steria pour France Télévisions, Radio France, Le Monde, Le Point, LCP/Public Sénat annonçait, pour sa part, une abstention nationale de 39,5%.

"Certains électeurs ont exprimé, par leur abstention ou leur vote, inquiétudes, voire doutes", a réagi le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

"Tous les responsables politiques" devraient entendre le message de l'abstention "trop élevée" au premier tour", a lancé le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, ajoutant que "rien n'est joué" pour son camp pour le second tour.

Comme MM. Ayrault et Valls, le porte-parole du PS, David Assouline, a appelé à "mobiliser les abstentionnistes de gauche", à "tout faire pour empêcher" le FN "de conquérir des villes".

Le vice-président de l'UMP Brice Hortefeux a estimé que l'"érosion importante de la participation" aux municipales n'était pas seulement due à de la "lassitude", mais aussi au "mécontentement" des Français.

Radical, Olivier Besancenot (NPA) a affirmé que l'abstention démontrait que "le système politicien est carbonisé".

 

- Disparités importantes -

 

Croquis du taux d'abstention au 1er tour des élections municipales du 23 mars 2014  [-, L. Saubadu/P. Defosseux / AFP]
Photo
ci-dessus
Croquis du taux d'abstention au 1er tour des élections municipales du 23 mars 2014
 

La participation a montré des disparités importantes selon les régions.

Dans plusieurs villes d'Ile-de-France, l'abstention a été particulièrement forte, comme à Stains (Seine-Saint-Denis, 61,05%), aux Mureaux (Yvelines, 57,37%) ou à Créteil (53,91%). A Paris, la participation s'est élevée à 56,51%, un résultat globalement stable par rapport à 2008, mais avec dans le détail une moindre mobilisation des bastions de gauche.

A Marseille, l'un des points chauds du scrutin, l'abstention était évaluée à plus de 46%.

La désaffection pour les isoloirs a été particulièrement marquée dans le Nord: Roubaix a battu tous les records, avec une abstention de 61,58%, suivie de peu par ses voisines Tourcoing (55,11%) et Lille (52,56%).

En revanche, les villes qui ont le mieux voté sont essentiellement situées dans le Sud-Est, comme Digne (31,64%), Fréjus (31,53%), Sorgues (31,26%) ou Saint-Gilles (28,58%). A noter que le Front national a réalisé quelques-uns de ses meilleurs résultats dans ces villes.

Outre-mer, la participation était de 48,98%, contre 58% il y a six ans, à la Réunion. En Guadeloupe, elle était de 22,97% à midi locales, au lieu de 23,03%. En Martinique voisine, elle était de 23,67% à 11H45 locales, au lieu de 16,75% en 2008. Mais à Mayotte, le plus jeune des départements, elle a fait un bond de presque 10 points, à 67,80%, à rebours de la tendance dans l'Hexagone.

Lhoumois, une commune rurale des Deux-Sèvres qui avait eu aux municipales de 2008 le plus fort taux de participation de France (94%), s'est encore distinguée en votant en masse mais sans faire aussi bien. Ce village de 145 habitants a affiché 96 votants sur 113 inscrits, soit 84,96% de participation.

"Cette hausse de l'abstention reflète un rejet du personnel politique, amplifié par les dernières affaires", a estimé Frédéric Dabi (Ifop). "Mais elle illustre également la désillusion des électeurs à l'égard de la capacité des politiques de pouvoir changer les choses."

Même analyse pour Ipsos/Steria. Selon une enquête réalisée juste avant le scrutin, les personnes qui n'étaient pas certaines de voter -les jeunes étant les plus nombreux- donnaient deux raisons principales: parce "que ces élections ne changent rien à leur vie quotidienne" (44%) et "pour manifester leur mécontentement à l'égard des hommes politiques en général" (39%).

Des résultats proches de ceux d'une enquête réalisée dimanche par Harris Interactive: outre le fait qu'ils n'étaient pas à l'endroit où ils sont inscrits sur les listes électorales (44%), les abstentionnistes n'ont pas voté parce que "cela ne changera pas grand-chose à leur vie quotidienne" (28%) et parce qu'ils n'ont "pas confiance dans les responsables politiques" (24%).

 

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