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Fillon : "Je n'ai pas de complexes mais des valeurs"

[VALERY HACHE / AFP]

Le sprint final est lancé. Dans quatre jours, les quelques 300 000 militants de l’UMP désigneront leur président. Dans le match qui l’oppose à Jean-François Copé, François Fillon est le favori des sondages. L’ancien Premier ministre souhaite incarner une droite «ferme et sereine», une droite qui «n’a pas de complexes mais des valeurs».

 

Il y a six mois, Nicolas Sarkozy perdait la présidentielle. Avez-vous compris pourquoi ?

A partir de 2008, le monde a connu une succession de crises économique et financière, sans précédent depuis 1929. Les dirigeants politiques européens, de droite comme de gauche, qui ont dû affronter ces crises n’ont pas été réélus. Avec Nicolas Sarkozy nous avons été amenés à prendre des décisions difficiles, à faire des réformes qui nous ont permis de maintenir l’économie française la tête hors de l’eau. De son côté, la gauche a uniquement fait campagne sur l’antisarkozysme, aussi stupide qu’injuste. On en voit les limites aujourd’hui.

 

La popularité de Nicolas Sarkozy peut-elle nuire à la légitimité du président de l’UMP ?

Je ne le crois pas car les adhérents et sympathisants de l’UMP ont compris qu’il s’agissait de deux notions distinctes. Les militants ne confondent pas celui qui sera dimanche prochain, suite à la décision de Nicolas Sarkozy de se mettre en retrait de la vie politique, le nouveau président de l’UMP, et l’homme ou la femme, qui en 2017, sera le mieux à même de nous faire gagner la présidentielle.

 

Quel bilan tirez-vous du premier semestre de François Hollande ?

En six mois, François Hollande a divisé les Français et montré son incapacité à être le président de tous les Français. Il a fragilisé l’économie en détricotant les réformes de compétitivité et a aggravé la situation du pays par une série de décisions idéologiques prises par son gouvernement. La récession est malheureusement à nos portes.

 

Pour Jean-François Copé, la France a deux problèmes : l’économie et le communautarisme. Quel est selon vous le plus grave ?

Les deux, et cela exige des décisions fortes. Sur l’économie, le gouvernement a attendu six mois pour enfin réagir. Malgré la lueur d’espoir que constituait le rapport Gallois, les choix du gouvernement sont inadaptés. Quant au communautarisme, c’est une menace pour la cohésion de notre pacte républicain. C’est pourquoi je suis opposé au droit de vote des étrangers ; il ne faut pas sectionner la citoyenneté de la République et cela entraînerait une dérive communautariste.

 

Il défend une droite décomplexée. Et vous ?

Je n’ai pas de complexes mais des valeurs. Je veux rassembler autour de valeurs aussi essentielles que fondatrices de notre pays : l’autorité, le respect, le travail et le mérite. Une droite ferme et sereine, une droite réformatrice qui n’a jamais cédé aux pressions de la rue.

 

Vous avez déclaré dans L’Express que «seule une menace sur les libertés fondamentales (vous ferait) descendre dans la rue». Est-ce le cas avec le mariage pour tous ?

Je suis très hostile au mariage homosexuel et je m’y opposerai de toutes mes forces parce qu’il ouvre la voie à des modifications fondamentales de la filiation. Manifester ne suffit pas, même si je peux le comprendre. C’est pourquoi, si je suis élu président de l’UMP, j’organiserai un grand débat dans chaque département avec les spécialistes de la famille pour éclairer tous nos concitoyens sur les enjeux qu’on leur dissimule sciemment. L’UMP organisera le débat que le gouvernement refuse.

 

Les conditions d’organisation de cette élection vous satisfont-elles ? Craignez-vous une faible mobilisation ?

Je souhaite que la participation soit la plus forte possible, car elle sera la première marche de la reconquête. J'ai dû me battre pour que l'élection soit la plus démocratique possible, avec un bureau de vote par circonscription et non par département et l'accès au fichier des adhérents pour tous les candidats et pas seulement le secrétaire général. Si je suis élu, je m'engage à tenir compte des difficultés que j’ai rencontrées pour améliorer les consultations futures et les rendre plus équitables.

 

Quel sera l’objectif de l’UMP lors des municipales et des européennes de 2014 ?

Plus de femmes, plus de jeunes, plus de diversité, plus d’ancrage territorial, tels seront les mots d’ordre pour aller à la reconquête des territoires perdus et redevenir le parti majoritaire. Pour atteindre cet objectif, il faudra rénover en profondeur notre mouvement. Cela passera par plus de démocratie militante au sein de notre mouvement par le biais de referendums interne par exemple et l’instauration de primaires dans les grandes villes. Je mettrai toutes mes forces dans la bataille et serai aux côtés de tous les candidats qui porteront nos couleurs.

 

En cas de victoire, quelle place accorderez-vous à Jean-François Copé ?

Je l’ai déjà dit, je tendrai la main à Jean-François et lui proposerai évidemment de participer à la direction de l’UMP. Le 19 novembre il s’agira de s’unir pour se mobiliser et se battre contre la gauche qui nous mène au déclin. 

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