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Diane Kruger, tous les talents

Diane Kruger en 2007, lors de la conférence de presse du film Goodbye Bafana à Berlin[CC/Siebbi]

Allemande d’origine, elle a été mariée avec un Français et c’est le cinéma américain qui l’a fait connaître. Comme l’industrie, le cinéma s’est mondialisé. Mais Diane Kruger n’est pas le simple fruit de ce phénomène économique. Elle incarne une forme de cosmopolitisme dans tout les sens du terme — source de culture et de richesse — qui permet d’élever le cinéma au rang d’art universel.

 

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Diane Kruger, Heidkrüger de son patronyme originel, est une beauté germanique dans son essence la plus parfaite. Un regard bleu acier, un visage aux angles nets, les traits doucement émaciés, une chevelure solaire et une silhouette aussi déliée que charpentée. Tout dans son allure évoque un double personnage : la femme au caractère trempé dans la détermination et la créature fantasmée, femme fatale, inaccessible et parfaite. Leni Riefenstahl et Marlène Dietrich sont en germe dans cette comédienne.

Rien ne la destinait à une carrière d’actrice. Fille d’un projectionniste et d’une employée de banque, la jeune fille rêve surtout d’évasion. « Là où j’ai grandi, tout le monde se connaissait et je trouvais cela contraignant », explique-t-elle en évoquant la petite ville allemande d’Algermissen (près d’Hanovre). Elle quitte l’école très tôt et s’évade d’abord dans la danse classique, une passion qui la conduit à Londres, où elle intègre le Royal Ballet. Diane prend goût à la scène mais une blessure met un terme à ses rêves de danseuse et de retour en Allemagne, la jolie blonde prend le chemin du mannequinat. A 15 ans déjà, elle avait été remarquée lors d’un concours Elite dont elle était finaliste. Cette nouvelle voie lui permet de voyager à travers le monde, mais à 22 ans Kruger est déjà lasse de la solitude et du déracinement que lui impose ce métier. Résidant à Paris, elle décide de s’inscrire au cours Florent, un choix déterminant puisqu’elle y dévoile un réel potentiel et remporte le Prix Classe libre de la meilleure comédienne.

De sa première expérience dans The Piano Player – un film qu’elle qualifie aujourd’hui de «terrible» et qui n’est jamais sorti en salles, elle retient la générosité de Dennis Hopper, dont elle joue la fille. « Il m’a vraiment appris toutes les choses basiques que l’on ne vous enseigne pas à l’école de théâtre », se souvient l’actrice.

 

Vidéo : Bande-annonce de Mon Idole (Guillaume Canet, 2002)

 

 

Carrière internationale

Par bien des aspects, la jeune femme de Basse-Saxe s’impose comme l’une des plus françaises des actrices étrangères, à la manière d’une Kristin Scott Thomas. D’autant plus brillante que le coup de foudre de l’actrice pour la France ne s’arrête pas au seul pays, mais aussi à l’un des espoirs de son cinéma : Guillaume Canet. De trois ans son aîné, celui dont Diane Kruger tombe amoureuse partage un point commun avec elle : il a connu le déchirement d’un rêve interrompu par l’accident. Passionné d’équitation, amoureux des chevaux, une chute l’a empêché de devenir le cavalier qu’il aurait rêvé d’être. En 2002, l’acteur choisit de faire tourner la jeune femme, devenue sa compagne, dans Mon idole, son premier long métrage. Il la dirige et lui donne la réplique au côté de François Berléand. Le public français la découvre. Diane Kruger est nominée aux césars pour son interprétation.

 

Vidéo : Diane Kruger dans Michel Vaillant (Louis-Pascal Couvelaire , 2003)

 

 

On la repère dans plusieurs films hexagonaux comme Ni pour, ni contre (bien au contraire) de Cédric Klapisch (2002) qui s’essayait au genre du film noir, ou dans Michel Vaillant de Louis-Pascal Couvelaire (2003), qu’elle qualifie aujourd’hui du plus mauvais de sa carrière, même si elle est reconnaissante à Luc Besson de lui avoir laissé sa chance. Besson.  Une carrière cinématographique ne saurait déployer sa pleine envergure dans la seule Europe. Le passage par la case Hollywood est obligatoire. Des femmes comme Sophie Marceau, Juliette Binoche ou Penelope Cruz en ont déjà fait l’expérience. Après deux ans de carrière et des succès encore éloignés du triomphe, Diane Kruger est repérée et passe de l’univers feutré du cinéma français à la superproduction hollywoodienne.

Hollywood ne tarde pas à remarquer la beauté allemande, qui devient Hélène de Troie face au trio de choc Brad Pitt, Orlando Bloom et Eric Bana dans Troie (2004). Si le film a davantage brillé par la beauté de ses images que par la finesse de son scénario, il a permis à Diane Kruger de bénéficier de l’enthousiasme du public. La même année, c’est avec Nicolas Cage qu’elle partage l’affiche de Benjamin Gates et le trésor des Templiers, une autre superproduction qui rapporte près de 170 millions de dollars de recettes. Ces gros succès commerciaux mettent en avant son joli minois mais Kruger est en quête d’autre chose.

 

Vidéo : Diane Kruger dans Troie (Wolfgang Petersen, 2004)

 

 

Elle reste novice dans l’industrie cinématographique et rêve de rôles qui la fassent grandir. « Je veux durer, je ne veux pas être qu’un beau visage de plus à Hollywood », explique-t-elle suite à certaines critiques. En 2005, l’actrice retrouve son compagnon Guillaume Canet au casting de Joyeux Noël, une coproduction européenne qui a représenté la France dans la course aux oscars. L’année suivante, le couple se sépare et c’est une nouvelle fois du côté de l’Europe que Diane explore d’autres opportunités. On la retrouve alors à l’affiche de trois films très différents. Deux d’entre eux n’ont pas connu le succès mérité ; L’élève de Beethoven avec Ed Harris et Frankie, l’histoire d’une mannequin déchue et désorientée qui se retrouve en hôpital psychiatrique. Un rôle sur mesure pour l’actrice qui puise dans son expérience et livre une très belle performance. Changement de registre un mois plus tard avec Les brigades du Tigre, dans lequel Diane interprète une princesse anarchiste, au côté de Clovis Cornillac. Elle tourne ensuite en Afrique du Sud le très beau Goodbye Bafana, retraçant la vie du gardien de prison de Nelson Mandela. Enfin un rôle « made in Hollywood» qui ait du sens ? Eh bien non, car l’œuvre du réalisateur danois Bille August est une production européenne et sud-africaine. « Si le film avait été fait à Hollywood, mon rôle serait allé tout droit à Nicole Kidman ou Cate Blanchett », s’amuse-t-elle à remarquer.

 

Vidéo : Bande-annonce de Goodbye Bafana (Billie August, 2007)

 

 

Mise à nue

Dans Pour elle (2008), Diane Kruger incarne Lisa, une mère de famille sans histoire qui se retrouve accusée d’un meurtre qu’elle n’a pas commis. Ne pouvant prouver son innocence, elle est rapidement condamnée à vingt ans de prison. Commence alors un véritable cauchemar pour son mari Julien (Vincent Lindon) et son fils Oscar (Lancelot Roch) qui voient la femme de leur vie se consumer peu à peu dans son isolement. Le père décide donc de tout entreprendre pour sauver son amour; prêt à tenter l’impossible «pour elle».

Pour cette première réalisation, Fred Cavayé voulait une Lisa lumineuse pour contraster au maximum avec sa descente aux enfers. « Diane est tellement vivante et séduisante que la voir se faner et s’user prenait un sens encore plus fort », explique le réalisateur. Pourtant, si l’actrice a tout de suite été séduite par le rythme du scénario, elle s’est sentie moins emballée par son personnage, trop linéaire à son goût. « C’était une victime et je ne supporte pas d’être dans le pathos », a-t-elle déclaré à Direct Matin avant d’ajouter : « J’ai expliqué à Fred que ça ne m’intéressait pas de la jouer ainsi et il a accepté que l’on retravaille le rôle en apportant plus de nuances ». C’est ainsi que Lisa est si touchante et si vraie, à la fois forte et bouleversante de fragilité dans son désespoir. A tel point que le cinéaste rapporte comment l’actrice a ému aux larmes l’équipe à plusieurs reprises.

 

Vidéo : Bande-annonce de Pour Elle (Fred Cavayé, 2008)

 

 

Dans cette perspective de crédibilité, Diane Kruger s’est également attachée à faire oublier sa beauté dans les scènes d’incarcération, loin de l’image glamour qu’elle a pu donner dans d’autres productions. « Ne pas me faire coiffer, maquiller... Ce fut un soulagement énorme ! Je me suis sentie mise à nu. Au-delà du physique, c’est la première fois que j’ai eu le sentiment de ne pas jouer, car c’est un personnage qui me ressemble et que je comprends ». Une expérience qui reste donc à part pour l’actrice alors âgée de 32 ans et qui venait tout juste de fêter ses sept ans de cinéma.

Le couple formé avec Vincent Lindon contribue tout autant au réalisme du film. C’est parce qu’il fonctionne si bien que l’on croit à l’histoire de ce «Monsieur Tout-le-monde» qui se rend coupable pour libérer sa femme innocente. « On y est pour peu de choses », se défend Diane, qui a néanmoins découvert chez Vincent un talent hors du commun pour tirer ses partenaires vers le haut. « On parle beaucoup des femmes superficielles mais on dit moins que les hommes sont souvent très centrés sur eux-mêmes dans le cinéma », une raison de plus pour apprécier la générosité de l’acteur français. La justesse de Fred Cavayé a été récompensée : Pour elle a remporté le Grand Prix du 17e Festival du film de Sarlat, tandis que le prix d’interprétation masculine est allé à Vincent Lindon.

 

Vidéo : Diane Kruger dans Inglourious Basterds (Quentin Tarantino, 2009)

 

 

Trouver l’harmonie

« Je me sens beaucoup plus internationale que citoyenne d’un pays en particulier », déclare l’actrice, dont le grand bonheur est de pouvoir jouer dans trois langues différentes. Mais entre films d’auteurs et blockbusters, Kruger semble bien mener deux carrières divergentes, en Europe et aux Etats-Unis. En 2007, elle déclarait encore : « Il y a un tas de films américains que j’aimerais faire, mais ils ne me sont pas encore accessibles et je sais que cela prendra plus de temps ; d’autant plus que l’Europe a plus de bons rôles pour les femmes

 

Vidéo : Diane Kruger dans Les Adieux à la Reine

 

 

Aujourd’hui, Diane semble plus sereine. «Je n’ai plus besoin d’accepter des films qui ne me correspondent pas, car enfin les portes se sont ouvertes et on me propose des choses plus intéressantes, aux Etats-Unis comme ailleurs ». En effet, elle tourne désormais avec les plus grands réalisateurs, européens comme américains, de Quentin Tarantino (Inglourious Basterds, 2009), Jaco Van Dormael (Mr. Nobody, 2010) et Benoit Jacquot (Les Adieux à la reine, 2012 – film pour lequel elle a reçu une nomination aux Césars). Elle joue également dans des films aux budgets plus modestes mais tout aussi ambitieux : Pieds nus sur les limaces, où elle retrouve sa réalisatrice de Frankie, Fabienne Berthaud (2010) et Les Garçons et Guillaume à table ! (Guillaume Gallienne, 2013).

Idéalement elle voudrait tourner avec Paul Thomas Anderson (Magnolia), Spielberg, ou encore Michel Gondry, un souhait révélateur de la diversité qu’incarne l’actrice à travers sa jeune carrière.

 

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