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L’héritage mitterrandien

Celui que l’on appelait le «Sphinx» est devenu un mythe. [AFP]

A la tête du pays pendant deux septennats, François Mitterrand a imposé une stature et une aura que la gauche revendique encore aujourd’hui. Son ombre plane toujours sur le paysage politique français.

Aujourd’hui, la gauche va rendre hommage à son père spirituel, François Mitterrand, vingt ans jour pour jour après sa disparition. Signe de la place qu’occupe celui qui a été élu deux fois président de la République, François Hollande viendra s’incliner devant sa tombe, à Jarnac (Charente). S’il est loin d’avoir fait l’unanimité pendant ses quatorze années à la tête du pays, il est toutefois resté dans la mémoire collective comme celui qui a su incarner la figure présidentielle dans toute sa grandeur.

Un modèle à suivre à gauche

Celui que l’on appelait le «Sphinx» est devenu un mythe. Et toute la gauche se dispute son héritage. Car son élection a permis au Parti socialiste de devenir, pour la première fois sous la Ve République, un parti capable d’accéder à la présidence. La défense de la construction européenne, l’abolition de la peine de mort et la mise en place de grandes réformes culturelles sont autant de faits d’armes revendiqués par la gauche aujourd’hui.

Et même Jean-Luc Mélenchon, pourtant très critique vis-à-vis du Parti socialiste, s’est réclamé de François Mitterrand, évoquant mercredi, dans le magazine Charles, «un monument de la gauche», qui lui a «coupé le souffle quand il l’a écouté parler». A droite, on se souviendra de lui comme le premier président ayant fait un pas vers l’opposition.

Car si Mitterrand a été élu en 1981 sur un programme commun avec le Parti communiste français, il s’en est rapidement éloigné pour devenir le président de l’ouverture, avec des ministres centristes intégrés au gouvernement, en 1988. Dans son incarnation du pouvoir, François Mitterrand a longtemps été comparé à son grand adversaire politique, Charles de Gaulle.

Comme lui, il a légitimé les valeurs de la Ve République. «Au fond, Mitterrand a terminé le travail du général», estime le communiquant politique Philippe Moreau Chevrolet. Et, comme son prédécesseur, il jouit d’une popularité record. Selon un sondage Harris Interactive paru hier, près de six Français sur dix (59 %) déclarent ainsi qu’il a été un bon président de la République.

Quel successeur ?

Depuis 1995, la gauche cherche d’ail­leurs son nouveau Mitterrand. François Hollande, le deuxième président socialiste élu sous la Ve République, semble être désigné comme l’héritier naturel de l’homme de Jarnac. Mais, s’il est parvenu à contrôler le Parti socialiste, il n’a, semble-t-il, pas encore la même stature que son illustre prédécesseur. «François Mitterrand avait cette capacité d’incarner le pays, à insuffler un récit national. Il a su lier son histoire personnelle à celle de la France. Aujourd’hui, à gauche comme à droite, je ne vois personne capable de faire cela», estime ainsi Philippe Moreau Chevrolet.

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