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Vers une "abstention collective" des frondeurs

L'affaire Thévenoud et les frondeurs PS agitent la rentrée parlementaire. [AFP]

La session extraordinaire du Parlement qui s'ouvre mardi à 15h00, est dominée par les remous de l'affaire Thévenoud, éphémère secrétaire d'Etat qui refuse d'abandonner son siège de député, et la probable "abstention collective" des frondeurs PS lors du vote de confiance au gouvernement le 16.

 

Des frondeurs auxquels le Premier ministre Manuel Valls a lancé un "appel à la responsabilité." Officiellement, les députés ouvrent leur travaux avec la réforme de la dépendance, centrée sur le maintien à domicile des personnes âgées. 

Mais c'est l'annonce lundi soir par Thomas Thévenoud, débarqué du gouvernement au bout de neuf jours pour avoir omis de payer ses impôts, qu'il restait député, même s'il quitte le groupe PS, qui focalise les débats.

 

Rentrée difficile

Nouvelle épreuve pour un exécutif bousculé par une rentrée accablante : sombres indices socio-économiques, sondages de plomb et polémiques médiatico-sentimentales nées du livre de Valérie Trierweiler.

Nombre de députés PS auraient préféré ne pas revoir leur collègue dans l'hémicycle, même au sein des non-inscrits.

 

"Je ne sais pas comment il peut revenir !"

"Je ne sais pas comment il peut revenir ! Il aurait été mieux pour tous les élus qui payent leurs impôts qu'il démissionne", déplorait dans les couloirs Annick Lepetit, porte-parole du groupe PS.

"Je ne suis pas certain qu'il ait totalement mesuré l'impact de son comportement", regrettait Christophe Caresche, député de Paris.

 

"Le Parti socialiste a fait ce qu'il avait à faire"

"Nous aurions tous souhaité qu'il démissionne de son mandat de député, il ne l'a pas fait", a résumé le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, estimant que "le Parti socialiste a fait ce qu'il avait à faire".

Pas de mansuétude non plus dans les autres partis. Cécile Duflot (EELV) s'est mise "à la place de tous les gens qui reçoivent leur feuille d'impôt" et "trouvent invraisemblable" de se soustraire à ses obligations fiscales.

 

Devoir d'exemplarité

"Ca nourrit le +tous pourris+", avec des "conséquences ravageuses pour la gauche et la droite", pour l'UMP Benoist Apparu". Le patron des députés UMP a demandé une enquête fiscale pour savoir s'il y a eu fraude de la part de M. Thévenoud.

Pratiquement dans les mêmes termes, l'UDI Philippe Vigier et le communiste André Chassaigne en appelaient chacun au "devoir d'exemplarité" des élus.

Pour la présidente du FN Marine Le Pen, "il y a un accord avec le gouvernement, très clairement, ils ont besoin de Thévenoud pour avoir la majorité. Par conséquent, ils sont prêts à fermer les yeux".

 

Valls place les frondeurs devant l'Histoire

De fait, après le départ de Thévenoud, le groupe socialiste ne compte plus que 289 des 577 députés: exactement la barre de la majorité absolue.

D'où "l'appel à la responsabilité" à nouveau martelé devant les députés PS mardi matin à la fois par Jean-Christophe Cambadélis et Manuel Valls.

"François Hollande est le deuxième président socialiste de la Ve République. Voilà ce qui se joue ! (...) La question n'est plus : la gauche peut-elle gouverner dans la durée ? mais sommes nous capables de gouverner ?"

 

Vers une "absention collective"

Maintenant, son postulat selon lequel il n'y a pas d'alternative à gauche, mais seulement à droite ou à l'extrême droite, Manuel Valls a lancé à l'adresse des frondeurs: "On peut discuter des heures sur la politique économique ou la loi Duflot, mais est-ce ça qui fonde des différences entre nous et amène à ne pas donner la confiance à un gouvernement socialiste ?"

Peine perdue, les frondeurs ont annoncé s'orienter "vers une abstention collective", selon un de leurs chefs de file Christian Paul.

 

Mise en garde contre la politique gouvernementale

"Nous pensons qu'il n'est pas possible d'imposer au groupe socialiste une unanimité de façade en raison de l'impasse économique et politique" actuelle, a déclaré cet élu proche de Martine Aubry au côté d'autres animateurs des "frondeurs", Laurent Baumel et Pouria Amirshahi.

M. Paul a affirmé que "plusieurs dizaines de parlementaires s'étaient réunis ce matin, très convergents dans le désir de mettre en garde le gouvernement sur les dangers de la politique qu'il mène."

 

Majorité étroite

Pour les Verts Duflot et Mamère, la confiance ne sera pas non plus de mise. La politique mise en place "depuis deux ans ne fonctionne pas", a relevé Mme Duflot, qui était ministre jusqu'à fin avril.

Comme seuls sont pris en compte les suffrages exprimés, et non les abstentions, le coup de semonce des frondeurs ne devrait pas entraîner la censure du gouvernement lors du vote de confiance le 16 septembre.

Mais la majorité du Premier ministre devrait être plus étroite que lors du premier vote de confiance (306 voix contre 239) le 8 avril où seuls onze députés PS s'étaient abstenus.

 

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