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L'Assemblée rouvre le brûlant débat de l'avortement

La manifestation "pro-vie" du dimanche 19 janvier 2014 à Paris a rassemblé entre 16.000 et 40.000 personnes. [Pierre Andrieu / AFP]

Les députés ont voté en commission un amendement PS prévoyant qu'une femme puisse demander une IVG si elle "ne veut pas poursuivre une grossesse" et non plus parce que "son état (la) place dans une situation de détresse". L'article est désormais contenu dans un projet de loi pour l'égalité femmes-hommes que les députés examinent à partir de ce lundi. Et ce débat n'a pas tardé a réactiver de puissants clivages.

 

S'inquiétant d'une remise en cause de l'avortement dans plusieurs pays, "un phénomène européen, réactionnaire", le porte-parole du Parti socialiste, David Assouline, a déploré lundi que les opposants apparaissent "aussi en France", où ils "relèvent la tête, avec cette manifestation qui veut nous faire revenir en arrière de façon considérable". Dimanche, une "marche pour la vie" a rassemblé Paris entre 16.000 personnes selon la police et 40.000 selon les oragnisateurs. 

"Nous demandons aux dirigeants de l’UMP de se désolidariser des initiatives anti-avortement émanant de leurs rangs. Messieurs Copé, Fillon et Jacob doivent indiquer clairement qu’ils ne remettront pas en cause le consensus républicain autour du droit à l’IVG en France et son remboursement", soulignent pour leur part dans un communiqué Harlem Désir, le premier secrétaire du PS, avec Laurence Rossignol et Adeline Hazan, respectivement porte-parole du PS et secrétaire nationale aux Droits des femmes.

 

Schwartzenberg (PRG) s'en prend à l'église

Le chef de file des députés radicaux de gauche, Roger-Gérard Schwartzenberg, a apporté son soutien à l'amendement à la loi Veil sur l'IVG proposé par le PS. Cet amendement, écrit-il dans un communiqué, "est tout à fait fondé". "S’il est toujours une épreuve pour la personne concernée, l’on ne peut exiger que seule une +situation de détresse+ permette le recours à l’IVG", ajoute-t-il.

"Par ailleurs, l’intervention du nonce apostolique et d’autorités épiscopales dans ce débat est certes légitime. Chacun est en droit d’exprimer ses convictions. Mais la France est une République laïque où l’on ne peut confondre article de foi et article de loi", souligne-t-il.

 

Fillon dénonce une faute morale, Borloo contre la réouverture du débat

L'ancien Premier ministre François Fillon, député UMP, a estimé lui que le gouvernement commettait "une faute morale et politique" en voulant "réécrire" la loi sur l'interruption de grossesse. 

 "Faute morale car il risque de +banaliser+ l’avortement qui, selon les termes de Simone Veil, devait rester +l’exception+. Faute politique, car il prend le risque de diviser, une fois encore, les Français", selon une réaction publiée sur son blog.

Jean-Louis Borloo, président de l'UDI, a mis en garde contre la réouverture d'un débat sur l'avortement. Sur France Inter, le député du Nord a recommandé d'être "extrêmement attentifs à toute forme de régression" par rapport à la loi Veil, une "avancée extraordinaire". "Le droit des femmes à disposer d'elles-mêmes est une pierre fondamentale", a assuré l'ex-ministre.  Mais "très franchement, je n'aurais pas ouvert le débat aujourd'hui", "n'ouvrons pas systématiquement des débats quand il n'y en a pas besoin". 

L'UMP Bruno Le Maire demandait pour sa part sur BFMTV que l'on ne "touche pas à la loi Veil" . Vouloir la modifier, "ça rouvre des divisions. La France aujourd'hui ne peut pas supporter de nuvelles divisions", selon l'élu de l'Eure. 

Pour sa part, la présidente du FN Marine Le Pen a assuré que son parti ne "voulait pas modifier la capacité d'accès à l'IVG", mais lutter contre sa "banalisation totale" prônée, selon elle, par les socialistes.

 

Des amendements pour supprimer l'article litigieux

Si, comme probable, l'article qui supprime la notion de détresse est voté vendredi, ce sera, coïncidence du calendrier, le jour de la rencontre entre le président François Hollande et le pape François. 

Par ailleurs six amendements visant à supprimer l'article litigieux ont été déposés par des députés UMP, UDI et FN. "Il n'y a pas de chiffon rouge à agiter, nous ne sommes pas en Espagne", dit l'un d'eux, l'UMP Philippe Gosselin, membre de l'Entente parlementaire pour la Famille. Avec Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate, et quatorze autres députés UMP, M. Gosselin doit aussi défendre un amendement visant à dérembourser l'IVG.

Ils vont aussi tenter de supprimer une autre disposition, introduite au Sénat, qui étend le délit d'entrave à l'IVG, en prévoyant de sanctionner ceux voulant empêcher les femmes de s'informer sur l'interruption de grossesse.

 

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