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Impopularité record pour l'exécutif

François Hollande le 11 novembre 2013 à Oyonnax [Alain Jocard / AFP/Archives] François Hollande le 11 novembre 2013 à Oyonnax [Alain Jocard / AFP/Archives]

De réformes contestées en éruptions de violence, de frondes anti-impôt en statistiques économiques inquiétantes, les nuages noirs s'accumulent sur l'exécutif français, dont l'impopularité ne cesse de s'aggraver.

 

Dernier épisode de cette avalanche de mauvaises nouvelles: les chiffres dévoilés par l'Insee. Aucun n'est propre à faire renaître l'optimisme.

Le PIB a reculé de 0,1% au troisième trimestre après un rebond bienvenu de +0,5% trois mois au printemps. 17.000 emplous ont été détruits pendant la même période dans le secteur marchand.

Les créations d'entreprises se replient de 0,7% en octobre (cependant, hors auto-entrepreneurs, elles sont à +1,9%).

Enfin des prix en baisse de 0,1% en octobre après une inflation au plus bas depuis novembre 2009 nourrissent les craintes de déflation avec sa spirale de destruction d'activité et d'emploi.

Manifestation d'hostilité à François Hollande le 11 novembre 2013 à Oyonnax [Alain Jocard  / AFP/Archives]
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Manifestation d'hostilité à François Hollande le 11 novembre 2013 à Oyonnax
 

Ces données de mauvaise augure ont été dévoilées alors que le chef de l’État - rendez-vous antérieur mais coïncidence dissonante - visitait jeudi Monaco, le rocher à milliardaires, où le PIB par habitant est le plus fort au monde.

Non loin de là, à Nice, où atterrissait le président, environ 800 agriculteurs, certains arborant le désormais symbolique bonnet rouge de la révolte, manifestaient contre la majoration de leur taxe foncière.

Dans l'après-midi, le Sénat a rejeté le volet recettes du projet de budget de la Sécu pour 2014 et du même coup le texte dans son ensemble. Les sénateurs devraient réserver le même sort la semaine prochaine au budget 2014 de l’État.

Le président, qui avait promis une inversion de la courbe du chômage à la fin 2013, n'a cependant pas encore perdu son pari. Un ministre y croit toujours: "je ne suis pas inquiet", assure-t-il à des journalistes, en préférant garder l'anonymat. Il repousse cependant l'idée d'une date-couperet.

Jean-Marc Ayrault et Michel Sapin à la sortie du Conseil des ministres le 13 novembre 2013 à l'Elysée [Patrick Kovarik / AFP/Archives]
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Jean-Marc Ayrault et Michel Sapin à la sortie du Conseil des ministres le 13 novembre 2013 à l'Elysée
 

Il rappelle aussi que l'exécutif avait bien prévu deux années difficiles de réformes. "On est en plein dedans, ce n'est pas fini". Donc, rendez-vous en juin, selon lui.

Dans l'entourage du chef de l’État, on relève qu'il n'a pour l'heure d'autre choix que d'attendre l'embellie en supportant avec constance et impavidité l'avalanche.

De la constance, il en faut à l'exécutif qui voit aussi ses réformes-phare contestées: plus d'un Français sur deux (54%) estime que celle des rythmes scolaires devrait être abandonnée (CSA pour BFMTV).

Ce nouveau coup de boutoir intervient alors que la socialiste Ségolène Royal avait mercredi critiqué un "déficit de méthode". Il aurait "mieux valu l'expérimenter avant de la généraliser". Mise en place "trop uniforme", or "l'uniformité, c'est une forme de brutalité", a tranché celle qui fut ministre à l'Enseignement scolaire.

 

Une "société en proie à l'exaspération et la colère"

Sa critique de forme rejoint celles, émanant de socialistes, qui déplorent une absence de mise en perspective et en cohérence qui masque des avancées réelles.

 

Infographie sur la popularité des personnalités politiques [ / AFP]
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Infographie sur la popularité des personnalités politiques
 

"Il manque beaucoup d'explications, de portage de ce que nous faisons", a admis un membre du gouvernement. Le chef de l’État devrait laisser "les ministres +hollandais+ monter plus souvent au créneau" au lieu d'être "en première ligne" et contraint à "des arbitrages" en série.

Plus inquiétant pour François Hollande et son Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, la synthèse d'octobre des préfets, dévoilée par Le Figaro jeudi, dessinant une "société en proie à la crispation, l'exaspération, la colère".

Alors que de nouveaux fronts ne cessent de s’ouvrir - le Front de gauche a commencé ainsi à mobiliser contre la hausse prévue de la TVA début janvier - ces observateurs de terrain évoquent une radicalisation des actions, dont les plus visibles ont été les destructions de portiques écotaxe, de radars automobiles...

Dans ce climat quelque peu épouvantable, l'ex Premier ministre UMP Alain Juppé a tenté, sur son blog, d'apporter une note d'espoir. Si la France est "dans la tourmente", le pays n'est "pas au bord de l'effondrement" et dispose de "puissants atouts", a-t-il écrit en appelant à "garder son sang-froid".

La violence a pris parfois une forme plus symbolique, comme les huées adressées au chef de l’État le 11 novembre, les attaques racistes contre la ministre de la Justice, Christiane Taubira.

Le "sentiment d'accablement" décrit par les préfets ne manque pas d'éroder encore la popularité de l'exécutif. L'institut Yougov a cité le chiffre vertigineux de 15% seulement d'opinions favorables. Même s'il le tempère avec le taux des sans-opinion, il remarque sa plus forte baisse (-6%) depuis un an que son baromètre a été constitué.

"A quoi ne cesse-t-on d'assister depuis 18 mois sinon à la déroute, sémantique et idéologique, de la gauche tout entière ?", s'alarme le sénateur PS Gaëtan Gorce qui lance: "Ressaisissons-nous!"

A en croire un sondage OpinionWay pour Le Figaro publié jeudi soir, quatre Français sur dix (39% des personnes interrogées) considèrent que François Hollande devrait dissoudre l'Assemblée nationale, ce qu'excluent nombre de responsables socialistes, et à peu près autant (33%) qu'il devrait remanier le gouvernement avec un changement de Premier ministre.

 

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