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L’urgence des retraites

La ministre des Affaires sociales Marisol Touraine à l'Assemblée nationale le 13 février 2012 [Francois Guillot / AFP/Archives]

Ça pourrait être le dossier le plus explosif de l’année pour François Hollande. La très sensible réforme des retraites revient sur le devant de la scène.

Alors que le gouvernement espère présenter son projet à l’automne, il commence à déminer le terrain et prépare les esprits aux sacrifices. Des efforts «sont nécessaires» et «devront être partagés par tous» dans la future réforme, a prévenu hier la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, dans un entretien au Parisien/Aujourd’hui en France.

Il faut dire que la question du système de retraites revient au premier plan à peine trois ans après la réforme de 2010, mise en place par François Fillon et Nicolas Sarkozy. «A ce moment-là, c’était acquis qu’on ne se repencherait sur ce problème qu’en 2018. Mais le choc économique qui a frappé la France est venu bouleverser ces prévisions», explique Bernard Vivier, directeur de l’Institut supérieur du travail (IST).

 

Sauver le système par répartition

En effet, la crise met à mal le système par répartition français où les cotisations des actifs paient les pensions des retraités. Or, en raison du chômage et d’une augmentation continue du nombre de retraités (on compte aujourd’hui seulement 1,7 actif pour un retraité contre 4 pour un il y a près de trente ans), le déficit du système des retraites se creuse plus vite que prévu. Il devrait atteindre 21,3 milliards d’euros en 2020, selon le Conseil d’orientation des retraites (Cor), si rien n’est fait.

Autre épée de Damoclès : la Commission européenne a accordé un sursis de deux ans à la France pour rétablir l’équilibre des comptes publics. En échange, Paris doit stabiliser durablement ses régimes de retraite «en 2020 au plus tard».

 

 

Vers l’allongement des cotisations

Le gouvernement attend la remise du rapport de Yannick Moreau (ancienne présidente du Cor) au Premier ministre Jean-Marc Ayrault, vendredi, pour entrer dans le vif du sujet. Un travail qu’il  présente comme sa «boîte à outils».

Ce rapport plaiderait pour un allongement de la durée de cotisation à 44 annuités – contre 41 actuellement – et un durcissement du mode de calcul des pensions des fonctionnaires. D’autres variables très sensibles seraient écartées : il n’y aurait pas de report de l’âge légal de départ à la retraite ni de baisse du niveau des pensions.

Déjà malmené dans les sondages, François Hollande avance à pas feutrés avec l’objectif d’éviter une nouvelle explosion sociale. Après avoir pris le pouls des partenaires sociaux mi-mai, il va les réunir à nouveau lors de la conférence sociale des 20 et 21 juin où ils débattront des pistes du rapport Moreau. Reste que selon les experts, cette ordonnance ne suffira pas à guérir le système des retraites par répartition. «Ce sont des bouts de scotchs qui ne tiendront qu’un temps à l’image des réformes qui se succèdent depuis 1993», estime Bernard Vivier de l’IST. 

 

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