Alors que ce week-end, les députés faisaient nuit blanche afin d'examiner la loi sur le mariage pour tous et ses milliers d’amendements, un débat parallèle s’est installé dans l’hémicycle : doit-on interdire l'utilisation de Twitter en séance ?
Nos députés sont de plus en plus friands du célèbre site de micro-blogging : grâce au hashtag #DirectAN, ils ont pris l'habitude de retranscrire les débats du Palais Bourbon... Et ce même en pleine nuit, comme s'en félicitait ce matin Michèle Delaunay, la ministre chargée des personnes âgées.
Dans le train. Je me régale du rendu par #twitter de la séance de nuit à l'Assemblée. #DirectAN entre ds le top ten des hashtags trendy
— Michèle Delaunay (@micheledelaunay) 4 février 2013
Mais ces gazouillis ne sont pas du goût de tous. Dimanche 3 février, l'élu PS Sergio Coronado s'étonnait sur Twitter de l'absence en séance de l'UMP Hervé Mariton...
Mariton absent. A quelle heure finit la messe ce dimanche ? #directAn #mariagepourtous
— sergio coronado (@sergiocoronado) 3 février 2013
Ce à quoi Hervé lui Mariton lui rétorqua, dès son retour : "Participant à une réunion ce matin à Evry, j’étais en effet en retard en séance et je prie mes collègues et le président de m’en excuser. Ce départ a été imputé par monsieur Coronado à une affaire d’horaire de messe. (...) s’agissant de l’argument que vous évoquez, je pense qu’il est aussi utile que les députés sachent lire et je vous renvoie à ma fiche Wikipédia." Une fiche Wikipédia qui précise bien qu'Hervé Mariton est de confession juive.
Puis l'élu UMP Patrick Hetzel a vivement réagi au tweet du député PS Erwann Binet. Ce dernier critiquait l'attitude de l'opposition face à la PMA (procréation médicalement assistée) : l'UMP réclamait au gouvernement de se conforter à l'avis du comité national d'éthique. Un avis qui, rappelons-le, n'est que consultatif.
Soumettre a priori la décision du Parlement à un avis inconnu de la commission d'éthique est un déni de démocratie #mariagepourtous
— Erwann Binet (@erwannbinet) 3 février 2013
Patrick Hetzel, député UMP du Bas-Rhin, n'est pas inscrit sur Twitter... Mais n'a pas apprécié l'intervention digitale d'Erwann Binet. Et lui a fait savoir en lançant à l'Assemblée : "Le déni de démocratie est de privilégier les tweets sur le débat à l’intérieur de l’hémicycle. Il faudra que nous nous interrogions sur la pertinence de maintenir les tweets à l’intérieur de l’hémicycle."
La question de l'usage de Twitter par les députés a donc été posée. A l'instar de Patrick Hetzel, certains craignent l'instauration d'un débat parallèle au débat parlementaire à travers Twitter.
Vers "la banalisation de la mission parlementaire" ?
Mais ces craintes ne sont pas inédites. En 2008, lorsque Bernard Accoyer autorisa les députés à utiliser leurs ordinateurs portables en séance, des députés UMP avaient là aussi fait part de leur désapprobation. Dans Le Figaro, Christian Vanneste avait pointé un risque de "banalisation de la mission parlementaire." "L'Hémicycle devrait rester un lieu solennel", argumentait-il.
Les ordinateurs étaient alors autorisés... Mais les députés ne pouvaient ni tweeter ni surfer sur internet en raison du blocage du signal internet : un blocage qui n'a été levé qu'en 2012 avec l'arrivée de Claude Bartolone.
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