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Syrie : la voie de la diplomatie

En l’espace de deux jours, la donne a changé sur le dossier syrien. [AHMAD ABOUD / AFP]

La perspective d’une intervention militaire en Syrie s’éloigne au profit d’un démantèlement progressif de son stock d’armes chimiques.

 

En l’espace de deux jours, la donne a changé sur le dossier syrien. Damas a accepté la proposition russe de placer son stock d’armes chimiques sous contrôle international, ouvrant ainsi une voie diplomatique. Et ce alors que le Congrès américain s’apprêtait à inaugurer les débats sur les frappes contre le régime de Bachar al-Assad. 

Rebondissant sur la proposition russe, la France a soumis hier une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU reprenant le principe de la proposition russe, tout en prévoyant «des conséquences extrêmement sérieuses» en cas de manquement du régime syrien à ses obligations. Le texte devrait ainsi être placé sous le chapitre 7 de la charte de l’ONU, qui autorise l’usage de la force en cas de non-application de la résolution.

Ce qui n’a pas manqué de braquer la Russie, qui a qualifié la résolution «d’inacceptable». La réunion du Conseil de sécurité qui devait se tenir hier soir a d’ailleurs été reportée sine die à la demande du Kremlin.

 

Une bataille diplomatique

C’est une véritable bataille diplomatique qui se joue donc entre Washington, Paris et Moscou.

En annonçant une résolution à l’ONU, la France a repris la main sur un dossier qui semblait lui échapper inexorablement. Et en y incluant la menace d’un usage de la force, elle a placé Moscou face à ses responsabilités, alors que le Kremlin rejette la perspective de frappes contre son allié syrien.

Ceci alors que Vladimir Poutine avait repris l’avantage grâce à sa proposition. «Si on en restait là, toutes les parties sortiraient de cette crise la tête haute, estime Frédéric Encel, auteur De quelques idées reçues sur le monde contemporain (éd. Autrement). La Russie a retrouvé son statut de grande puissance et Assad a évité des frappes.»

En outre, François Hollande et Barack Obama n’auraient pas perdu pour autant : Paris tout comme Washington ont souligné que la proposition russe n’aurait jamais vu le jour sans les menaces de frappes contre le régime syrien.

 

Une mise en œuvre difficile

Si l’option d’un démantèlement du stock d’armes chimiques syrien se concrétisait, il faudrait alors réussir à le mettre en œuvre. Alors que les services de renseignement français estiment que Damas dispose de près de 1 000 tonnes d’armes chimiques, leur recensement puis leur destruction, dans le contexte d’une guerre civile qui a fait plus de 100 000 morts, s’annoncent délicats.

Mais cette option aurait le mérite d’éviter qu’un massacre comme celui du 21 août ne se reproduise. «Bachar al-Assad n’a pas d’autre choix que de se plier à la volonté de son allié russe, estime Frédéric Encel.

Techniquement, le démantèlement s’annonce compliqué, mais Poutine fera en sorte d’éviter que Damas fasse à nouveau usage d’armes chimiques.» A Damas, l’éloignement de la perspective de frappes a été salué hier par des scènes de liesse. 

 

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