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Manifestations quotidiennes depuis un mois en Bulgarie

Des manifestants anti-gouvernementaux devant le parlement à Sofia le 11 juillet 2013 [ / AFP] Des manifestants anti-gouvernementaux devant le parlement à Sofia le 11 juillet 2013 [ / AFP]

Des manifestations quotidiennes depuis un mois en Bulgarie illustrent un ras-le-bol de la société civile face à la corruption des élites politiques, une contestation soutenue par des pays de l’Union européenne (UE), notamment l'Allemagne et la France.

Et, selon une étude de Transparency International, 76% des Bulgares qualifient les partis politiques de corrompus. "Tous les partis sont les mêmes, juste une façade. La Bulgarie est en fait régie par des cercles économiques. L'Etat appartient à la mafia", déclare ainsi le manifestant Nikolaï Staïkov, 55 ans, professeur de gymnastique.

Cependant, le Premier ministre, Plamen Orecharski, un économiste à la tête du gouvernement de technocrates en place depuis un mois et demi et soutenu au Parlement par le Parti socialiste (ex-communiste) et le parti de la minorité musulmane turque, refuse de démissionner, affirmant qu'il "tenait compte des intérêts de tous les Bulgares". Il a lancé des mesures d'urgence en faveur des plus défavorisés et pour stimuler les petites et moyennes entreprises (PME) en vue de créer ainsi des emplois.

Par rapport au gouvernement, l'opinion publique est divisée: d'après une étude de Gallup, 41% des Bulgares estiment que le gouvernement doit démissionner alors que 40% souhaitent qu'il se maintienne au pouvoir.

Les appels des manifestants pour une "moralisation" de la politique sont soutenus par le président Rossen Plevneliev (centre-droit), mais aussi par les deux plus grands pays de l'Union européenne -- l'Allemagne et la France - selon lesquels "la bonne gouvernance" de la Bulgarie est "l'affaire de tous les Européens". L'ambassadeur français Philippe Autier et son homologue allemand Matthias Hoepfner ont qualifié le 8 juillet "d'excellente nouvelle" l’essor de la société civile bulgare qui "mérite d’être écoutée". Dans une déclaration peu commune, ils ont souligné que "le modèle oligarchique n'a pas sa place" dans l'UE dont la Bulgarie est le membre le plus pauvre.

Des manifestants anti-gouvernementaux le 11 juillet 2013 à Sofia [ / AFP]
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Des manifestants anti-gouvernementaux le 11 juillet 2013 à Sofia
 

La vague de manifestations a été déclenchée par la nomination le 14 juin à la tête de l'Agence de sécurité nationale d'un magnat de la presse à la réputation douteuse, par ailleurs député du parti de la minorité musulmane turque (MDL).

"Enjeu moral"

Une vague précédente de manifestations pendant l'hiver, provoquée par les prix élevés de l'électricité, avait balayé le gouvernement conservateur de Boïko Borissov.

"Si les protestations de l'hiver étaient déclenchées par le souci du pain quotidien, celles de l'été ont un enjeu moral", note la politologue Boriana Dimitrova, de l'institut Alpha Research. "Ce sont des jeunes de la classe moyenne citadine qui réclament maintenant une représentation politique. Ils se sont rendus compte que la passivité de la société civile permettait à l'oligarchie de sévir", explique-t-elle.

Selon Gallup, 39% des Bulgares veulent que les manifestations se poursuivent, alors que 43% souhaitent qu'elles s'arrêtent. Et, toujours d'après Gallup, 35% des Bulgares réclament des élections anticipées et 39% s'y opposent car elles reproduiraient la configuration du parlement actuel.

Les manifestations étant organisées sur les réseaux sociaux, aucune nouvelle force politique ou dirigeant charismatique n'ont émergé. Cependant, de petits partis à orientation européenne, non représentés dans ce parlement, dont les Verts, des libéraux et des conservateurs de la droite anti-communiste, ont annoncé le 6 juillet la formation d'une nouvelle alliance. Par ailleurs, la création d'une formation libérale proche du président Rossen Plevneliev serait envisagée, selon les médias.

Pour le politologue Tsvetozar Tomov, de l'institut Scala, "des élections anticipées ne rééditeront pas les résultats de celles de mai en raison de la mobilisation civile qui fera voter les écoeurés par la corruption lesquels s'étaient abstenus", explique-t-il. De plus, le parti ultranationaliste Ataka, dont dépend la survie parlementaire du gouvernement, sera alors privé de ce rôle, estime-t-il.

Selon un militant des Verts, le politologue Evgueni Daynov, la lutte contre l'oligarchie, qui "étouffe toute activité économique indépendante et nourrit la pauvreté", ne fait que commencer...

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