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Santos tente l'audacieux pari de la paix avec les Farc

En lançant un dialogue de paix avec la guérilla des Farc, le président colombien Juan Manuel Santos tente un audacieux pari que n'a réussi aucun de ses prédécesseurs, un virage toutefois bien calculé pour ce fin politique, selon des experts interrogés par l'AFP.[PRESIDENCIA] En lançant un dialogue de paix avec la guérilla des Farc, le président colombien Juan Manuel Santos tente un audacieux pari que n'a réussi aucun de ses prédécesseurs, un virage toutefois bien calculé pour ce fin politique, selon des experts interrogés par l'AFP.[PRESIDENCIA]

En lançant un dialogue de paix avec la guérilla des Farc, le président colombien Juan Manuel Santos tente un audacieux pari que n'a réussi aucun de ses prédécesseurs, un virage toutefois bien calculé pour ce fin politique, selon des experts interrogés par l'AFP.

Après plusieurs mois de rumeurs, ce dirigeant réputé pour son goût du poker a dévoilé ses cartes, à deux ans de la présidentielle, en annonçant mardi l'ouverture de négociations en octobre avec la rébellion marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

"Santos ne joue pas seulement sa réélection en 2014 mais aussi son propre destin", a estimé Leon Valencia, directeur de la fondation Nuevo Arco Iris, spécialiste du conflit colombien.

Au pouvoir depuis 2010, M. Santos, 61 ans, s'est notamment démarqué de son prédécesseur et ancien mentor Alvaro Uribe, chantre de la politique de fermeté à l'égard des Farc, devenu l'un de ses plus féroces opposants.

"Les détracteurs (de M. Santos) vont faire en sorte que la paix soit le thème central de sa présidence, car c'est là où il y a évidemment le plus de risque", a expliqué le politologue colombien Maurico Romero.

A deux ans de la présidentielle, le chef de l'Etat va affronter un débat très vif à la suite du dialogue avec les Farc, face aux partisans de M. Uribe, dont l'action a permis avec le soutien militaire des Etats-Unis de diviser de moitié les rangs de la guérilla qui compte désormais quelque 9.200 combattants.

"Je n'arrive pas à comprendre comment il a pu être membre de mon gouvernement", s'est indigné l'ancien président, dont M. Santos fut ministre de la Défense.

Une expérience que ce dernier a justement invoqué pour se présenter comme le garant de la sécurité des Colombiens, en martelant que les négociations avec les Farc n'entraînerait "ni démilitarisation, ni arrêt des opérations militaires".

A son actif, comme ex-ministre de la Défense, il peut déjà se prévaloir de plusieurs succès face aux Farc avec notamment en 2008 la libération de leur otage le plus médiatique, l'ancienne candidate présidentielle Ingrid Betancourt, ou la mort du porte-parole des Farc, Raul Reyes, lors d'un raid militaire.

Une fois élu à la tête du pays, M. Santos, même s'il n'a cessé de prôner la voie d'une solution négociée, a enregistré de nouveaux succès de l'armée qui a abattu le chef militaire de la guérilla, Jorge Briceño, puis son chef Alfonso Cano.

Sur le plan diplomatique, il a également étonné le pays avec une rapide réconciliation avec son homologue vénézuélien Hugo Chavez, le tonitruant dirigeant de la gauche radicale, qui avait rompu les relations diplomatiques avec la Colombie d'Uribe. M. Santos l'a "remercié" mardi pour sa médiation auprès des Farc.

Favorable au retour de Cuba dans les instances politiques latino-américaines, il s'est aussi assuré le soutien de La Havane, qui ont abrité les premiers contacts entre la guérilla et le gouvernement colombien.

Le pragmatisme de cet admirateur déclaré de Tony Blair, et notamment de la manière dont l'ancien Premier ministre britannique a mis fin au conflit en Irlande du nord, semble convaincre les Colombiens, dont 60% sont favorables à l'ouverture de négociation, selon un récent sondage.

"Le bloc majoritaire est représenté par Santos et il est plus moderne, urbain, démocratique. Et il croit en la nécessité de s'assurer une bonne place dans l'économie internationale", explique un autre politologue colombien Francisco Giraldo.

Un argument de poids qui peut convaincre de nombreux Colombiens, épuisés par les effets du conflit armé. Le chef de l'Etat a rappelé mardi que l'économie du pays est "l'une des plus prospères de la région". "Aujourd'hui nous pouvons parler de paix car la Colombie est en train de croître", a-t-il assuré.

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