En direct
A suivre

L'Assemblée consacre la "Voie sacrée nationale" jusqu'à Verdun

La "Voie sacrée", route symbole de la bataille de Verdun, entre Bar-le-Duc et Verdun [Jean-Christophe Verhaegen / AFP/Archives] La "Voie sacrée", route symbole de la bataille de Verdun, entre Bar-le-Duc et Verdun [Jean-Christophe Verhaegen / AFP/Archives]

L'Assemblée nationale a garanti jeudi, à la faveur d'une proposition de loi UMP, l'appellation de "Voie sacrée nationale" à la route symbole de la bataille de Verdun, objet d'une polémique en Meuse, lors d'un débat digne de "Clochemerle" selon le PS.

Sans aucune opposition, le texte signé par 78 parlementaires (quasi exclusivement UMP), a été approuvé par la poignée de députés de ce groupe présents jeudi après-midi. PS, radicaux de gauche et UDI, représentés chacun par un unique élu, se sont abstenus.

La proposition de loi, qui doit encore être avalisée par le Sénat, veut garantir que cette route de 55 km, artère logistique vitale reliant Bar-le-Duc à Verdun, gardera "l'appellation intangible de Voie sacrée nationale" que lui a donnée une loi de 1923, bien qu'en 2004 elle soit devenue une voie départementale au grand dam du maire de Verdun, Arsène Lux (DVD).

Après la mobilisation de ce dernier, un arrêté interministériel officialisant l'appellation "Voie sacrée nationale" a été signé en 2007 mais le conseil général de la Meuse, dirigé par le sénateur UDI Christian Namy, refuse de l'appliquer. Les deux hommes s'opposent depuis près de dix ans sur ce sujet.

A la veille de l'anniversaire du début de la bataille de Verdun, le 21 février 1916, le premier auteur et rapporteur de la proposition de loi, Philippe Gosselin, a rappelé avec force le vote unanime en 1923 à la chambre des députés pour classer comme route nationale la Voie sacrée. L'écrivain Maurice Barrès l'avait surnommée dès 1916 la "Route Sacrée", en référence à l'antique voie sacrée romaine qu'empruntaient les généraux victorieux.

- 'L'Histoire se suffit à elle-même' -

"Elle est devenue le symbole de la ténacité des armées françaises" et une telle consécration aujourd'hui, à l'occasion des commémorations du centenaire de la guerre de 14-18, marque "l'attachement de la Nation toute entière à cette route si glorieuse", a vibré cet élu de la Manche, voyant dans l'absence de la gauche une "faute".

Tout aussi véhément, le député socialiste et ancien maire de Verdun Jean-Louis Dumont a expliqué qu'"il n'y a pas lieu à délibérer", alors que déjà "la Voie sacrée est à jamais dans la mémoire universelle".

Pour le centriste Bertrand Pancher, ex-maire de Bar-le-Duc et ancien président du département, "l'Histoire se suffit à elle-même", d'autant qu'avec cette proposition de loi "nous sommes au coeur d'un conflit entre l'actuel maire de Verdun et le conseil général de la Meuse, le premier prenant à contre-pied toutes les initiatives menées par le second en matière de tourisme de mémoire", a-t-il pointé.

Rejoignant ses collègues, le radical de gauche Gérard Charasse a jugé que ce texte, examiné lors d'une "niche" UMP, n'est "de toute évidence pas de nature législative" et "son opportunité sujette à caution".

Les élections municipales et le poids électoral des associations d'anciens combattants étaient dans les têtes.

"Il ne vient à l'idée de personne de remettre en cause ou nier la force symbolique de cette route dans la mémoire nationale", a lancé le ministre chargé des Anciens combattants, Kader Arif, tout en s'en remettant à l'avis des députés sur ce texte embarrassant.

Il a aussi déploré que les "passions au niveau local" viennent "par contagion s'immiscer de manière désolante dans l'agenda législatif national", surtout en ce moment "au regard des difficultés que rencontrent nos concitoyens".

Sur le même mode, les députés socialistes de la commission de la Défense avaient averti qu'ils déserteraient les bancs: "L’Assemblée nationale n’a pas à s'immiscer dans des querelles de clocher. Que penseraient les parlementaires qui se sont battus au front, parfois au prix de leur vie, de voir l’hémicycle ainsi instrumentalisé ?", s'étaient-ils indigné dans un communiqué commun.

La Voie sacrée (RD 1916) est toujours jalonnée de bornes kilométriques rouges et blanches, qui ne sont plus coiffées de casques de poilu en bronze mais de casques en résine. Son tracé actuel ne correspond plus exactement au tracé de 1916, des virages ayant été rectifiés.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités