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Dieudonné annonce une contre-attaque

Montage photos réalisé le 7 janvier 2014 montrant le ministre de l'Intérieur Manuel Valls et le polémiste Dieudonné [Georges Gobet, Francois Guillot / AFP] Montage photos réalisé le 7 janvier 2014 montrant le ministre de l'Intérieur Manuel Valls et le polémiste Dieudonné [Georges Gobet, Francois Guillot / AFP]

Nantes, Tours et bientôt Orléans et Bordeaux: les interdictions du spectacle de Dieudonné, accusé d'antisémitisme, se multiplient, alors que le polémiste a annoncé qu'il contre-attaquerait au lendemain d'une circulaire du ministre de l'Intérieur Manuel Valls visant à interdire sa tournée.

Le préfet de Loire-Atlantique a signé mardi un arrêté d'interdiction de la représentation prévue jeudi au Zénith à Nantes, première étape de la tournée nationale du polémiste poursuivi à plusieurs reprises pour ses propos antisémites. Aux 5.200 personnes qui ont acheté une place, le préfet Christian de Lavernée s'est dit "désolé", tout en soulignant "des impératifs très supérieurs à notre confort à tous".

La manifestation prévue mercredi à Nantes, à l'appel de la famille Klarsfeld au nom des Fils et filles des déportés juifs de France, a été annulée: "On avait annoncé une manifestation pour demander au préfet d'interdire le spectacle de Dieudonné à Nantes. C'est fait. On est soulagés. Il n'y a donc pas lieu de manifester", a déclaré Serge Klarsfeld à l'AFP.

Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a appelé à la "mobilisation" dans la vingtaine de villes où Dieudonné doit se produire d'ici juin.

Mardi matin, Jean Germain, le sénateur-maire (PS) de Tours où Dieudonné M'bala M'bala devait se produire vendredi, a également pris un arrêté d'interdiction, qu'il a justifié en qualifiant ces spectacles de "manifestations à caractère ignoble, attentatoire à la dignité humaine". Pour lui, il "ne s'agit pas seulement d'un problème de droit, mais aussi d'un problème de morale".

Manuel Valls le 3 janvier 2014 au ministère de l'Intérieur à Paris [Lionel Bonaventure / AFP/Archives]
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Manuel Valls le 3 janvier 2014 au ministère de l'Intérieur à Paris
 

Et après l'annonce lundi soir par le maire de Bordeaux Alain Juppé d'une prochaine interdiction du spectacle dans sa ville, le maire UMP d'Orléans Serge Grouard a enchaîné, déclarant mardi qu'il signerait un arrêté en vue d'interdire le spectacle mercredi ou jeudi - le temps de le "border juridiquement".

L'avocat de Dieudonné a déjà assuré que son client "agirait immédiatement" contre toute interdiction. "Bien sûr, il y aura référé", a indiqué à l'AFP Me Jacques Verdier, en rappelant avoir déjà gagné sur ce terrain: les tribunaux administratifs et le Conseil d'Etat ont annulé une quinzaine d'arrêtés d'interdiction visant Dieudonné ces dernières années, au nom du respect de la liberté d'expression.

Une "dérive incroyable"

 

Mais en fin d'après-midi mardi, les tribunaux administratifs de Nantes et d'Orléans n'avaient pas été saisis de référés, ont-ils indiqué à l'AFP.

Ces décisions d'interdiction interviennent 24 heures après l'envoi aux préfets d'une circulaire du ministre de l'Intérieur préconisant au cas par cas l'interdiction du spectacle pour troubles à l'ordre public.

Dieudonné M'bala M'bala au théâtre de la "Main d'Or" à Paris, le 15 janvier 2012 [Patrick Kovarik / AFP/Archives]
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Dieudonné M'bala M'bala au théâtre de la "Main d'Or" à Paris, le 15 janvier 2012
 

Pour M. Valls, les spectacles de Dieudonné "ne relèvent en rien de la création artistique", il s'agit "de rassemblements politiques, où Dieudonné déverse sa haine" des juifs.

Alors que le président François Hollande a demandé aux préfets "d'être vigilants et inflexibles" dans l'application de la circulaire, Dieudonné a fait part mardi de son intention de contre-attaquer.

Par ses avocats, il a annoncé qu'il comptait saisir la Cour de justice de la République (CJR) "à la suite des accusations attentatoires à l'honneur et à la considération, tenues par" le ministre de l'Intérieur. Ses avocats n'ont pas précisé quand ils déposeraient plainte, quel chef de poursuites ils envisageaient, ni les propos exacts que leur client reproche au ministre.

La Ligue des droits de l'Homme (LDH) a mis en garde contre les risques d'une interdiction préalable, qui pourrait "fédérer autour de Dieudonné une sympathie réactionnelle de ceux qui se considèrent opprimés".

Les fans de Dieudonné se rassemblent le 28 décembre 2013 devant le théâtre parisien où l'humoriste controversé donne ses spectacles pour protester contre la volonté du gouvernement d'interdire sa prochaine tournée [Pierre Andrieu / AFP]
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Les fans de Dieudonné se rassemblent le 28 décembre 2013 devant le théâtre parisien où l'humoriste controversé donne ses spectacles pour protester contre la volonté du gouvernement d'interdire sa prochaine tournée
 

Mardi encore, Bruno Le Maire, député UMP de l'Eure, a apporté son soutien à "toute décision politique qui visera à condamner" Dieudonné. Brice Hortefeux, ancien ministre (UMP) de l'Intérieur, a au contraire estimé que le gouvernement utilisait l'affaire Dieudonné pour masquer sa "succession d'échecs" et a condamné la "dérive incroyable" du polémiste.

La présidente du Front national Marine Le Pen s'est dite "choquée" et "heurtée" par les propos de Dieudonné, tout en dénonçant "une sorte de vendetta personnelle" de Manuel Valls à son encontre.

De leur côté, les propriétaires du théâtre de la Main d'Or, à Paris, où Dieudonné donne ses spectacles depuis 1999, étudient les moyens de lui faire quitter les lieux, "de manière légale".

 

 

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