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La "moralisation" de la vie politique rend les députés nerveux

Le ministre délégué au Budget Bernard Cazeneuve, le 10 avril 2013 à l'Assemblée nationale Le ministre délégué au Budget Bernard Cazeneuve, le 10 avril 2013 à l'Assemblée nationale [Bertrand Guay / AFP]

Des députés UMP criant à la "démission" de Jean-Marc Ayrault accusé de "perdre son sang-froid", Bernard Cazeneuve rappelant à la droite l'affaire Karachi sous les clameurs: l'ambiance à l'Assemblée nationale, déjà électrique depuis les aveux de Jérôme Cuhuzac, était mercredi carrément explosive.

Le député UMP Claude Goasguen a donné le ton, au nom d'une opposition déjà agitée par les questionnements et les suites de l'affaire Cahuzac.

"Vous faites le dos rond alors que nous avons affaire à un scandale sans précédent!", a lancé le député de Paris en direction du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, qu'il a accusé de "ne jamais répondre alors que c'est inclus dans vos devoirs".

Rendus furieux par le fait que Bernard Cazeneuve, le nouveau ministre du Budget, réponde à la place de Jean-Marc Ayrault, les députés de droite ont alors hurlé "pin-pon", "Cahuzac", "Augier" (le trésorier de campagne de François Hollande, Jean-Jacques Augier, qui a eu des investissements aux îles Caïman).

Le chef de file des députés UMP Christian Jacob à l'Assemblée nationale, le 10 avril 2013 à Paris [Bertrand Guay / AFP]
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Le chef de file des députés UMP Christian Jacob à l'Assemblée nationale, le 10 avril 2013 à Paris
 

Mais la tension a été à son comble lorsque le Premier ministre, répondant cette fois à une question de Bruno Le Roux, chef de file des députés PS, sur les propositions de François Hollande pour moraliser la vie politique, a lancé à la droite: "Serez-vous au rendez-vous de la transparence et de la lutte contre les paradis fiscaux?", ajoutant qu'il recevrait le lendemain tous les présidents des groupes parlementaires sur le sujet "et même M. Jacob!".

L'intéressé, président des députés UMP, l'avait traité la veille de "repris de justice" dans les couloirs de l'Assemblée.

Les députés de l'opposition se sont alors levés de leurs bancs, criant "démission!". Certains ont même tenté de se diriger vers les bancs du gouvernement, tout en bas de l'hémicycle, mais ils en ont été empêchés par les huissiers.

Ce n'est qu'un peu plus tard, lorsque Jean-Louis Borloo, chef de file des députés UDI, a menacé de ne pas se rendre jeudi à l'invitation de Matignon, que Jean-Marc Ayrault a calmé le jeu en déclarant qu'il recevrait tous les présidents de groupes "avec plaisir". Jean-Louis Borloo, satisfait de cette réponse, a précisé ensuite qu'il se rendrait à Matignon.

Jean-Louis Borloo, président de l'UDI, le 10avril 2013 à l'Assemblée nationale à Paris [Bertrand Guay / AFP]
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Jean-Louis Borloo, président de l'UDI, le 10avril 2013 à l'Assemblée nationale à Paris
 

Autre grand moment d'excitation dans l'hémicycle, davantage sur les bancs de la gauche cette fois, lorsque le ministre du Budget, très combatif, a répondu à l'ancien ministre UMP Patrick Ollier qui faisait l'éloge d''un journaliste d'investigation" (de Mediapart) dans la révélation de l'affaire Cahuzac.

"A l'époque, vous le qualifiiez de représentant de la presse fascisante, je vois que vous avez changé d'avis", a-t-il lancé sous les applaudissements de la gauche, rappelant que ce même journaliste avait enquêté sur l'affaire Karachi.

"Lorsque j'ai souhaité comme parlementaire faire toute la lumière sur l'affaire Karachi, vous avez interdit la création d'une commission d'enquête parlementaire sous prétexte qu'une information judiciaire était en cours", a affirmé M. Cazeneuve, rappelant que Bernard Accoyer, alors président de l'Assemblée nationale, avait lui-même refusé de transmettre au juge les documents de la commission d'enquête parlementaire.

"Voilà votre conception de la transparence et de la vérité!", a lancé l'élu de Cherbourg. De retour sur son banc, le Premier ministre lui a chaleureusement serré le bras.

 
 

Dans la salle des Quatre Colonnes, depuis la veille, les conversations tournaient surtout autour de la prochaine obligation qui sera faite à tous les ministres et élus de faire publiquement des déclarations de patrimoine. Signe de nervosité, plusieurs députés réclamaient que toutes "les professions d'influence, comme les journalistes", fassent des déclarations analogues.

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