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Anne Hidalgo : "Les primaires sont essentielles lorsqu’il y a un problème de leadership"

Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris et candidate aux élections municipales de 2014. Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris et candidate aux élections municipales de 2014.[René-Jacques Julien]

Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris et candidate socialiste aux élections municipales de 2014, publie mercredi "Mon combat pour Paris" (éd. Flammarion). Pour Direct Matin, elle revient sur le contenu de son ouvrage.

Dans ce livre, l'élue du 15e arrondissement parisien expose son programme et explique l'attachement qu'elle a pour la capitale. Logement, écologie, transports, jeunesse, Grand Paris...: la candidate aborde tous les thèmes de campagne qui lui sont chers et sur lesquels elle veut mettre l'accent.

Tout au long du livre, elle égratigne la droite parisienne et dans une moindre mesure ses alliés écologistes. Surtout, elle ne cesse de défendre le bilan de Bertrand Delanoë et de son équipe, à la tête de la capitale depuis 2001, et de s'inscrire dans la continuité de l'action engagée par la gauche à Paris. 

Pourquoi avez-vous écrit ce livre?

Je voulais partager ma vision, en partant de mon expérience d’élue et de Parisienne. J’ai toujours eu un attachement, une fascination pour cette ville. Je voulais écrire un livre où se mêlaient mon attachement pour la ville qui m’a adopté à ma vision pour le Paris de demain. Je veux montrer comment Paris peut et doit relever les défis qui incombent aux villes-monde. J’ai construit mon livre comme un récit, en distillant des anecdotes et en mélangeant la grande et la petite histoire de cette ville.

Est-ce un atout pour vous de mettre en avant votre attachement et votre connaissance de Paris?

J’ai fait le choix de rester à Paris, même quand on m’a proposé des postes de ministre. Petite, lorsque j’étais à Lyon, Paris était une ville qui me fascinait, dont tout le monde parlait. Dès que j’ai pu venir à la fin de mes études, ça a été un rêve qui se réalisait. J’ai un engagement sincère pour ma ville, qui n’est pas fabriqué.

Vous consacrez une grande partie de votre ouvrage au problème du logement. Quelles sont vos propositions en la matière?

En deux mandatures, nous avons financé 70 000 logements et notre politique de mixité a maintenu dans la ville une population qui sinon en aurait été exclue. Je souhaite atteindre le seuil des 25% de logements sociaux et je veux mettre les moyens pour rendre les logements accessibles aux classes moyennes et aux jeunes actifs. J’engagerai des discussions avec des investisseurs privés et des professionnels du secteur pour développer une offre de logement à prix abordables. C’est à l’échelle du Grand Paris que nous relèverons ce défi.

Vous êtes aussi très engagée en ce qui concerne l’écologie. Sur quoi voulez-vous accentuer vos efforts?

Tout d’abord, je souhaite poursuivre la rénovation thermique des bâtiments municipaux. J’aimerais aussi faire en sorte que la nature se distille partout dans la ville, qu’elle la réenvahisse. Il faut laisser la place à la nature là où elle peut le faire, cela participe à la lutte contre le réchauffement climatique. Enfin je veux lutter contre la pollution atmosphérique en développant en particulier les transports publics, par exemple en prolongeant le tramway au nord jusqu’à la porte Maillot et au sud jusqu’à la porte d’Auteuil pour relier entre eux les bois de Vincennes et de Boulogne.

Vous avez des propositions concrètes pour réduire le trafic routier dans la capitale. Quelles sont-elles?

Là aussi, c’est à l’échelle du Grand Paris que je souhaite travailler. Je souhaite poursuivre la diminution de la place de la voiture individuelle, qui ne représente que 7% des déplacements à l’intérieur de Paris. Pour cela je continuerai à développer des services comme Vélib’ et Autolib’, mais je prolongerai aussi les pistes cyclables, notamment vers les portes de Paris. Il faut reconquérir de l’espace public pour les piétons. Je veux aussi empêcher l’entrée inutile des camions dans la ville en développant toutes les alternatives du fret, et améliorer la place des deux roues motorisés. La diminution du trafic de 25% ces dernières années s’est en partie reportée sur les deux roues. Il faut donc travailler sur leur place dans la ville, et mettre l’accent sur la sécurité routière car il y a encore trop d’accidents.

Vous parlez de la jeunesse comme de l’avenir de la ville, une catégorie de la population sur laquelle de nombreux efforts doivent être faits. Que proposez-vous en ce sens?

La singularité de Paris, c’est que de nombreuses familles y vivent avec des enfants. Elle fait exception parmi les villes-mondes. Le taux de natalité y est supérieur à la moyenne nationale alors que 87% des femmes travaillent et nous recensons 13 000 familles de plus qu’en 2000. Il faut amplifier ce phénomène et développer les modes de garde. Nous avons actuellement 30 000 places en crèche – dont 10 000 créées depuis 2001 – et 1/3 des enfants sont admis dans un mode de garde collectif.

Tout au long de votre livre vous égratignez la droite parisienne. Quelles erreurs a-t-elle commises que vous voulez éviter?

Son principal problème, c’est sa culture démocratique. Avant 2001, on ne parlait de Paris que dans les affaires politico-financières. Avec Bertrand Delanoë, Paris a retrouvé son honneur. Paris s’était endormi, devenait une ville-musée tournée vers la nostalgie de son histoire. Pourtant il est possible, dans le respect du passé, de provoquer l’émergence d’un patrimoine du XXIe siècle. Paris doit rester dans l’innovation en permanence. Il faut dépasser les limites, les frontières, aller chercher ce qui n’existe pas et l’inventer.

Vous défendez beaucoup le bilan de Bertrand Delanoë et de l’équipe dont vous faites partie depuis 2001, et vous vous inscrivez dans la continuité. Mais quel sera votre « style » si vous êtes élue à la tête de la ville?

Le bilan de Bertrand Delanoë, j’y ai contribué, c’est un héritage que je revendique. Des heures que j’ai passées en réunions publiques avec les Parisiens, je tire comme enseignement qu’on peut aller plus loin en termes de participation citoyenne. Mon « style » ce sera d’aller chercher la parole des Parisiens où qu’ils soient. J’ai envie qu’ils se saisissent du budget de leur ville. Je souhaite organiser chaque année un débat où je demanderai aux Parisiens de donner leur avis sur les projets pour Paris et l’affectation des moyens budgétaires. Je souhaite aussi développer la e-démocratie et mobiliser les jeunes pour qu’ils viennent dans les réunions publiques qui concernent leur ville.

Vous expliquez vouloir en finir avec le « modèle du mâle politique dominant ». Le futur maire a de fortes chances d’être une femme. Qu’est-ce que cela vous inspire?

Je m’en réjouis. Symboliquement, il est important de montrer que nous sommes à l’avant-garde. Mais au-delà du sexe du futur maire, je regarde avant tout l’expérience et le projet. Aux dernières élections je préférais le projet progressiste porté par Bertrand Delanoë à celui conservateur porté par Françoise de Panafieu.

Dans votre livre, vous faites l’éloge des primaires. Or, vous êtes la seule candidate déclarée. Est-ce un problème?

Non, les primaires sont essentielles lorsqu’il y a un problème de leadership. Je suis très heureuse du soutien que m’a apporté Jean-Marie Le Guen, un homme qui compte, dont la voix porte. Il exprime le large rassemblement engagé autour de ma candidature depuis plusieurs mois, un rassemblement progressiste et écologiste.

A la fin de votre livre, vous parlez de BNB, Bonheur National Brut. Comment faire pour rendre les Parisiens plus heureux?

Il faut que Paris permette à des femmes et des hommes aux envies différentes, de prendre plaisir à vivre ensemble. Cela passe par le développement de la culture et des services publics, la fierté d’être Parisien et des relations humaines plus chaleureuses. Je souhaite une ville plus coopérative. Les Parisiens doivent contribuer à l’embellissement et à l’ambiance de Paris, nous devons la rendre plus bienveillante. Pour cela, je souhaite et je permettrai une plus grande implication des Parisiennes et des Parisiens.

 

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