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Erwann Binet : "Un meilleur débat que celui du Pacs"

Erwann Binet est déjà prêt pour une nouvelle bataille à l'Assemblée.[Eric Feferberg / AFP/]

Trois jours après la fin du débat, les députés vont solennellement voter ce mardi le projet de loi ouvrant le mariage aux homosexuels. Le rapporteur socialiste du texte, le député de l'Isère Erwann Binet est «fier» du travail accompli.

 

Qu’attendez-vous de ce vote solennel?

Ce vote solennel de tous les députés est la première grande marche de ce projet. J’espère une mobilisation d’ampleur car c’est un moment très important de la vie parlementaire. L’histoire de notre pays s’est construite autour de valeurs universelles, dont l’égalité qui est inscrite au fronton de nos mairies. Avoir, en tant que parlementaire, la chance de faire avancer cette valeur, c’est extraordinaire. Pour rien au monde je ne raterai ce moment.

 

Pensez-vous que des députés UMP, au-delà de Franck Riester et Benoist Apparu, voteront pour le texte ?

J’espère qu’il y en aura davantage, évidemment, surtout parmi la nouvelle génération de parlementaires. Dans plusieurs pays qui ont ouvert le mariage aux couples de même sexe, je pense au Québec ou à la Suède, il y a conjonction entre la droite et la gauche sur ces questions.

Et nous savons qu’en France, à chaque fois qu’il y a eu une avancée sociétale proposée par la gauche, personne ne la jamais remise en cause et elle a très vite fait consensus. Le mariage homo ne fera pas exception comme on le voit en Espagne, où la droite a repris le pouvoir mais ne l’a pas remis en cause.

 

Que dites-vous à ceux qui veulent s’abstenir ?

C’est leur choix, et ils sont libres de le faire mais je trouve ça dommage et je pense qu’ils le regretteront dans quelques années. Quand il s’agit de faire avancer le principe d’égalité, en tant que législateur, il me semble que l’abstention n’est pas de mise.

 

Quelle image garderez-vous de ce débat ?

Celle d’une très grande mobilisation de la gauche. Certaines séances se sont terminées très tard, d’autres nous ont occupé 22 ou 23 heures d’affilées et il y avait toujours une centaine de députés présents sur les bancs de la gauche. Je trouve cette mobilisation et cette solidarité assez exceptionnelles.

 

Et sur le fond ?

Ce débat n’a pas toujours été très serein, mais c’est le jeu parlementaire. Malgré les discours un peu répétitifs, j’ai trouvé ce débat d’une grande qualité, beaucoup plus que celui du Pacs il y a 15 ans. Tous les amendements nous ont permis de réaffirmer nos positions, de les expliquer aux parlementaires qui n’avaient participé à tout le travail législatif en amont. Même si nous avions parfois l’impression de faire face à une droite qui ne voulait pas entendre, rien n’était inutile.

Je suis fier de ce débat qui est une grande chance pour l’acceptation des couples et des familles homoparentales.

 

Durant ces quinze derniers jours, avez-vous eu le temps de faire autre chose ?

Non, je n’ai fait que ça. Les rares pauses que nous avions entre deux séances me servaient à dormir ou manger un peu, à appeler ma famille que je n’ai pas vu pendant 15 jours voire même à répondre à certains de vos confrères. Ça fait plusieurs mois que c’est pareil.

 

Souhaitez-vous que le Sénat adopte le texte en l’état ?

Je souhaite qu’il fasse son travail et je ne doute pas qu’il enrichira le texte ; c’est le jeu de nos institutions. J’aurai évidemment une attention particulière sur les amendements que j’ai moi-même portés, notamment l’article-balai, l’article 4. Il s’agit d’une innovation juridique qui permet de faire entrer les familles homoparentales dans le code civil. Mais au fond, ce soir, le projet de loi ne nous appartiendra plus, il appartient au Sénat. Je m’attends à devoir mener une autre bataille à l’Assemblée, j’y suis prêt.

 

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