En direct
A suivre

Ils se sont révélés dans le débat du mariage pour tous

Le débat sur le mariage homo va durer jusqu'au 12 février[BERTRAND GUAY / AFP]

Depuis une dizaine de jours, les députés s’écharpent jour et nuit sur le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe. Un débat qui a fait émerger des personnalités, à gauche comme à droite. Direct Matin en a sélectionné six.

 

Après des jours et des jours de débat, l'examen du projet de loi du mariage homosexuel s'est achevé samedi à l'Assemblée. Le texte devrait être voté le 12 février prochain après des discussions houleuses étalées sur plusieurs jours. Ils ont été une poignée de parlementaires à se partager la parole pour proposer des amendements et aussitôt les récuser. Dans chaque camp, ces joutes, parfois électriques, ont révélé des élus qui démarrent leur mandat sur les chapeaux de roue.

 

 Erwann Binet, PS, 37 ans

Rarement un député aura connu un baptême du feu aussi médiatique. En choisissant Erwan Binet, tout juste élu dans la huitième circonscription d’Isère pour être le rapporteur de ce texte clivant, la majorité a fait un pari risqué. Mais depuis l’automne, ce juriste de formation de 37 ans père de cinq enfants, a gagné ses galons auprès de ses collègues. Surtout après avoir réussi un tour de passe-passe en créant un «article-balais» qui permet, de conserver les termes père et mère du code civil. «Je suis aujourd’hui impressionné par sa capacité de résistance. En tant que rapporteur il doit être en permanence dans l’hémicycle et garder une attention de tous les instants. C’est d’autant plus difficile qu’il doit garder son calme face aux invectives de la droite et ne pas se laisser entrainer vers un débat qui serait indigne de l’Assemblée», se félicite un député socialiste.

L'opposition pointe à l’inverse «un adversaire taiseux et sectaire».

 

 

 Hervé Mariton, UMP, 54 ans

 

Il est incontestablement le député UMP le plus en pointe dans ce débat. Et celui qui aura popularisé le violet dans le Palais Bourbon, la couleur de ses pulls qui ont fait le bonheur des twittos mais aussi du règlement de l’Assemblée qu’il rappelle très souvent. Après avoir ferraillé en commission des lois, Hervé Mariton, 54 ans, a poursuivi son opposition franche au projet dans l’hémicycle où il fut l’un des plus assidus. Ce fut déjà le cas, il y a quelques années, pour des discussions budgétaires dont il est un spécialiste. «On savait qu’il ferait bien le job», salue Christian Jacob qui l’a choisi pour être l’orateur de son parti. «Il remporte la palme de l’endurance», abonde sa collègue socialiste Annick Lepetit. Sa moindre absence devient même un évènement ; ce fut le dimanche dernier quand il a été retenu par une réunion en région parisienne. Hormis dimanche dernier, quand l’éphémère ministre de l’Outre-mer (entre mars et mai 2007) a été retenu par une réunion à Evry.

Sauf que l’éphémère ministre de l’Outre-mer (entre mars et mai 2007) n’est pas catholique. C’est ce que dit sa fiche Wikipedia vers laquelle il a réaiguillé son collègue.

Hervé Mariton "J'étais à la messe ? Allez donc... par vincentglad

 

 

 

 Sergio Coronado, EELV, 42 ans

 

Il est l’un des rares parlementaires à avoir révélé son homosexualité. Mais le député écologiste des Français de l’étranger âgé de 42 ans assure qu’il «ne vit pas ce débat comme une projection de son propre cas». Sergio Coronado dit même ne «pas avoir encore sérieusement réfléchi» à la question de son propre mariage. Mais lorsqu’il est personnellement mis en cause par des élus de l’opposition, sa réaction fait date.

 

Au cours de ce débat où il représente très souvent le groupe écologiste, l’élu d’Amérique du Sud est autant adepte des prises de parole au Palais Bourbon que sur Twitter ; il y multiplie les commentaires sur la discussion et les interpellations directes à l’encontre de certains collègues.

Auteur d’un amendement –rejeté- pour introduire la PMA dans ce projet de loi, il craint que le gouvernement manque de courage dans le futur texte sur la famille. Pour l’heure, il attend que «l’opposition mette fin à son obstruction qui vire au ridicule» avant de célébrer une loi «importante». «Mais l’audace est moindre que si le texte avait été voté il y a dix ans», nuance-t-il aussitôt.

 

 

 Philippe Gosselin, UMP, 46 ans

 

Avec Hervé Mariton, Philippe Gosselin est l’autre député choisi par l’UMP pour être en première ligne. A 46 ans, ce juriste de formation dénonce la «plus grande offensive libertaire depuis 1946». Elu de la Manche, «de droite depuis 1981», il est l’un des initiateurs de l’Entente parlementaire pour la famille et du collectif des Maires pour l'enfance. Revendiquant une «stratégie de guérilla» face à la majorité qu’il accuse de vouloir encourager un «tourisme de reproduction» en légalisant PMA puis GPA, il aime «ce petit jeu qui consiste à trouver une faiblesse dans le texte de loi». Très assidu en séance, ce qui lui a valu les compliments de la ministre de la Justice (avec qui il a le plus grand fou rire de ce débat), Philippe Gosselin s’est interrogé sur l’utilisation de Twitter dans l’hémicycle.

«Je ne suis pas pour l’interdiction. On a un outil et ce serait idiot de ne pas s’en servir. Mais pas pour pointer les autres. Ce que je voulais mettre en avant, c’est une alerte», explique-t-il.

 

 

 

 Corinne Narassiguin, PS, 37 ans

 

Certains de ses camarades socialistes la présentent comme «un trait d’union entre la France et les Etats-Unis». Elue en juin dernier députée des Français de l’étranger, Corinne Narassigin, 37 ans, dit avoir été «sensibilisée à toutes les questions LGBT à New York». C’est là-bas qu’elle est partie vivre au début des années 2000 et qu’elle a pris sa carte au Parti socialiste. Et quand il s’est agi de trouver les députés qui coordonneront les travaux du groupe, la native de la Réunion a fait acte de candidature.  Depuis, malgré quelques nuits blanches, elle ne le regrette pas et continue d’assister sans relâche aux séances, qu’elle relate assidument sur Twitter.

«Cela fait 14 ans que je suis le débat aux Etats-Unis donc je ne suis pas surprise par les arguments qui sont utilisés par les opposants. Mais je suis un peu agacée de les entendre en France. Aux Etats-Unis, le mélange religion-politique est fort mais je ne pensais pas le retrouver ici, au pays de la laïcité », avance-t-elle reprochant à beaucoup de ses opposants d’avoir des convictions politiques ancrées sur la religion.

 

 

 Jean-Frédéric Poisson, UMP-PCD, 50 ans

 

«L’amendement est défendu M. le Président.» Jean-Frédéric Poisson conclut ainsi chacune de ses prises de parole, très nombreuses depuis dix jours. Car avec 231 amendements déposés, il est le parlementaire qui en a déposé le plus. «Nous voulons éclairer l’opinion», justifie-t-il. Député UMP des Yvelines, il est également, à 50 ans, le vice-président du Parti Chrétien Démocrate de Christine Boutin. Docteur en philosophie, il siège depuis 2010 et la nomination de son mentor au gouvernement. «Je suis très fier du son travail. C’est un homme de conviction, un homme droit qui ne se laisse pas impressionné ni marché sur les pieds», confie Christine Boutin qui dit met en évidence «sa résistance physique et son besoin de peu dormir». Un atout indéniable pour celui qui a préfacé le livre Un atout indéniable pour celui qui a préfacé le livre l'ouvrage collectif Tous unis pour le mariage - Le mariage homosexuel en question, qui vient d’être publié par les Éditions universitaires. Contrairement à nombre de ses camarades de droite, il est contre l’union civile entre couples de même sexe.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités