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La fille aînée du président ouzbek est tombée en disgrâce

Goulnara Karimov, fille aînée du président d'Ouzbekistan, le 17 août 2012 à Chirchik [Muhammad Sharif / AFP/Archives]

Jusqu'à présent influente et même considérée en Ouzbekistan comme possible prétendante à la succession de son père, Goulnara, la flamboyante fille aînée du président Islam Karimov, est apparemment tombée en disgrâce.

Depuis octobre, les déboires se sont accumulés pour cette quadragénaire aux multiples activités, allant des cosmétiques à la mode, en passant par la chanson.

Jeudi soir, son compte Twitter, suivi par plus de 41.000 personnes et qui était devenu sa seule tribune d'expression, a contre toute attente été supprimé.

Peu avant, celle qui est aussi connue en Ouzbékistan comme chanteuse pop sous le nom de scène de Googoosha, avait annoncé sur Twitter un nouveau revers: la fermeture de sa fondation "Forum", qui avait pour but de promouvoir la culture, les sports, l'éducation et la science, et était considéré comme plus puissant que le ministère de la Culture ouzbek.

Le même jour, elle avait annoncé sur le réseau social que plusieurs de ses partisans avaient été arrêtés par la police, sans donner de précision si ce n'est qu'ils avaient été relâchés après qu'elle se soit rendue en personne au poste.

Une campagne contre elle

Fille aînée d'Islam Karimov, 75 ans, qui dirige cette ex-république soviétique depuis 1989, Goulnara était jusqu'en juillet dernier la représentante permanente de son pays auprès des Nations unies à Genève.

Goulnara Karimov prépare un mannequin lors de la Mercedez-Benz Fashion Week, le 10 septembre 2010 à New York [Amy Sussman / Getty Images/AFP/Archives]
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Goulnara Karimov prépare un mannequin lors de la Mercedez-Benz Fashion Week, le 10 septembre 2010 à New York
 

Mais une campagne aurait été lancée contre elle par Rustam Inoyatov, le chef du service national de sécurité, au sein des élites du pays, sans que son père y trouve mot à dire.

"Actuellement nous observons que les principaux clans financiers et industriels s'unissent contre Goulnara Karimova", a estimé Andreï Grozine, directeur des études pour l'Asie centrale à l’institut CIS à Moscou.

"Elle n'a pas satisfait les principales figures politiques ouzbèkes. Ils ont vu en elle une opposante dangereuse qui devait être éliminée", a-t-il ajouté.

Véritable adepte de Twitter, où elle postait aussi bien des liens vers ses chansons que des photos de ses activités quotidiennes comme ses séances de yoga, cette femme de 41 ans n'a pas hésité à y raconter ses déboires.

Sur le réseau social, elle avait notamment confirmé la fermeture fin octobre de son empire médiatique -- les trois chaînes ForumTV, SofTS et Markaz-TVM, qui diffusaient essentiellement des clips musicaux de Googoosha, ainsi que des informations sur ses activités.

Peu après, elle s'en était prise directement à Rustam Inoyatov, l'accusant de comploter contre elle et de vouloir prendre les rênes du pouvoir. Elle affirmait au passage avoir été empoisonnée.

Lola Karimov, représentante permanente de l'Ouzbékistan à l'Unesco à Paris, le 8 novembre 2009  [Miguel Medina / AFP/Archives]
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Lola Karimov, représentante permanente de l'Ouzbékistan à l'Unesco à Paris, le 8 novembre 2009
 

"(Ils) ont déjà essayé de m'empoisonner avec des métaux lourds comme du mercure. Mais grâce à Dieu, j'ai résisté, bien que je sois toujours sous traitement", affirmait-elle sur Twitter.

Les déboires continuant de s'accumuler, la fille du président a finalement dû clamer haut et fort, toujours sur Twitter, qu’elle n'avait aucune ambition politique.

Et dans un changement de style radical, celle qui n’hésitait pas à poser en short en train de faire du yoga s'est montré portant une robe musulmane.

Pas assez loyale ?

"Papa n'a rien à voir avec ça... Il est TRES conscient de ce qui se passe", a-t-elle tweeté, alors que la fermeture de ses activités se poursuivait.

Pourtant, jusqu'à présent le puissant Islam Karimov n'a pas réagi officiellement. Et dans ce pays autoritaire, où les ONG dénoncent régulièrement des violations des droits de l'homme, il paraît impossible qu'il n'ait pas donné son accord.

"Il est possible que Karimov ait été déçu et qu'il ait décidé que c'était une incapable et qu'elle n'était pas assez loyale", a estimé M. Grozine.

Selon l'analyste, le chef des services secrets Rustam Inoyatov aurait même pu déposer un dossier contre elle sur le bureau du président.

"La méfiance est apparue entre le père et la fille et est maintenant utilisé par tous ceux qui sont contre elle", a-t-il ajouté.

Depuis des années, Goulnara est notamment soupçonnée de blanchiment d'argent en Europe, des accusations qui ont notamment abouti à l'ouverture d’une enquête en France.

Par ailleurs, il est de notoriété publique que les relations de Goulnara avec sa soeur Lola, représentante permanente de l'Ouzbékistan à l'Unesco à Paris, sont très tendues.

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