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Syrie : Moscou dément avoir bombardé une force alliée de Washington

L'aviation russe est accusée d'avoir attaqué un groupe de combattants syriens, alliés de l'armée américaine, à Deir Ezzor.[DOMINIQUE DERDA / FRANCE2 / AFP]

Une force syrienne antijihadistes soutenue par les Etats-Unis a accusé pour la première fois samedi l'aviation russe d'avoir bombardé ses combattants dans l'est de la Syrie, pays ravagé par la guerre.

«Des forces russes ont frappé une cible à l'est de l'Euphrate en Syrie près de Deir Ezzor, blessant des forces partenaires de la coalition», a indiqué la coalition dans un communiqué. «Les munitions russes ont touché un lieu dont les Russes savaient qu'elles comprenaient des Forces démocratiques syriennes et des conseillers de la coalition. Plusieurs combattants des FDS ont été blessés et soignés après la frappe». La coalition précise qu'aucun des conseillers militaires présents n'a été blessé. «Les responsables de la coalition sont disponibles et la ligne de déconfliction avec la Russie est ouverte 24 heures sur 24", a déclaré le commandant de la coalition, le général américain Paul Funk. «Nous faisons tout notre possible pour éviter une escalade inutile entre les forces qui combattent notre ennemi commun», l'organisation Etat islamique (EI), a-t-il ajouté dans ce communiqué.

Initialement, ce sont les FDS qui ont annoncé avoir été bombardées par des avions russes, dans la province de Deir Ezzor, la dernière aux mains du groupe EI en Syrie, où des offensives distinctes du régime syrien et des FDS sont en cours. Puis la Russie a démenti. «Ce n'est pas possible. Pourquoi les bombarderions-nous?», a déclaré à l'AFP le porte-parole Igor Konashenkov, sur la base militaire russe de Hmeimim, dans l'ouest de la Syrie.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS) avaient déjà accusé les Russes, alliés du régime syrien, de les avoir bombardées dans la province voisine de Raqa. Dans cette guerre complexe aux multiples protagonistes, les forces soutenues par les Russes et celles soutenues par les Etats-Unis mènent des offensives distinctes pour chasser Daesh de Deir Ezzor, la dernière province qu'il contrôle quasi totalement en Syrie.

L'offensive des prorégime se concentre sur la ville même de Deir Ezzor, capitale de la province du même nom et située dans l'ouest de la province riche en pétrole. Celle des FDS, une alliance de combattants arabes et kurdes appuyée par l'aviation américaine, vise à chasser les jihadistes de l'est de la province. Samedi, les raids russes et du régime ont visé les FDS dans cette région. «Nos forces ont été la cible d'une attaque de l'armée de l'air russe et du régime dans la zone industrielle», au nord-est de la ville de Deir Ezzor, on indiqué les FDS dans un communiqué. «Six combattants ont été blessés».

«Entraver l'avancée»

«Au moment où nos forces remportent de grandes victoires contre l'EI (..), certaines parties tentent d'entraver l'avancée de nos troupes», ont accusé les FDS. Au moment de l'annonce de leur offensive contre Daesh dans la province de Deir Ezzor, cette alliance avait assuré qu'il n'y avait aucune coordination avec les forces du régime. Mais, selon la coalition internationale, il existe dans la zone une «ligne de 'déconfliction'», terme utilisé pour désigner les mesures prises pour éviter les incidents dans le ciel syrien, encombré d'avions de la coalition antijihadistes dirigée par les Etats-Unis, d'avions du régime et russes.

La province de Deir Ezzor est divisée diagonalement par le fleuve de l'Euphrate. Les FDS opèrent dans des secteurs sur la rive est du fleuve, où les leurs combattants ont été visés par les raids samedi. Les incidents entre les FDS et le régime, forces rivales, sont rares. En juin, un avion syrien a été abattu par la coalition dans la province de Raqa (nord), Washington affirmant qu'il s'agissait d'une riposte à un tir de cet appareil contre les FDS. Le régime est très méfiant à l'égard des FDS, dont les forces kurdes sont la principale composante. Les Kurdes de Syrie ont déjà créé une région fédérale dans les zones qu'ils contrôlent, provoquant l'ire du pouvoir.

Le régime avertit les FDS

Vendredi, la conseillère du président Bachar al-Assad, Bouthaina Chaabane, a prévenu que le régime allait combattre «les FDS, l'EI ou toute force étrangère illégitime présente sur le territoire». «Les FDS tentent, sous les ordres des Américains de parvenir aux régions pétrolières pour les contrôler. Ils n'y parviendront pas», a-t-elle dit dans une interview. Les forces du régime, appuyées par les frappes russes, ont réussi début septembre à briser le siège de Daesh sur la partie gouvernementale dans la ville de Deir Ezzor et chassé les jihadistes de plusieurs quartiers. Elles contrôlent désormais 65% de la ville et cherchent à assiéger totalement les jihadistes dans la cité.

Dans les quartiers où Daesh a été chassé, on se félicite de cette victoire. «Chaque jour, on voyait la mort une centaine de fois», raconte un homme âgé à des journalistes emmenés en tournée par l'armée russe. Une perte de cette province ébranlerait l'organisation ultraradicale qui n'aurait plus que des poches dans la ville de Raqa et dans le centre et le sud du pays. Une offensive des FDS est en outre en cours à Raqa pour en déloger totalement les jihadistes. Daesh, responsable d'attentats sanglants en Occident, a vu son pouvoir se rétrécir comme peau de chagrin en Syrie et en Irak voisin après une montée en puissance fulgurante en 2014. Malgré ses défaites sur le terrain, l'organisation jihadiste parvient encore à frapper avec des attentats dans ces deux pays et à l'étranger. Déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, le conflit en Syrie a fait plus de 330.000 morts et des millions de déplacés. 

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