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Syrie : l'indignation face à l'horreur

Des responsables politiques du monde entier s'indignent de l'attaque «chimique» attribuée au régime de Damas qui a fait mardi au moins 86 morts, dont 30 enfants, à Khan Cheikhoun,[TIMOTHY A. CLARY / AFP]

L’usage de gaz toxique contre des civils syriens a provoqué la colère de nombreux dirigeants. Mais des sanctions demeurent hypothétiques.

Du pape à la Ligue arabe, de Washington à Téhéran, les condamnations sont unanimes depuis deux jours, après l’attaque chimique qui a fait au moins 86 morts mardi dans la ville rebelle de Khan Cheikhoun, en Syrie. Par son ampleur et sa nature – le recours à des armes interdites – cette nouvelle violation du cessez-le-feu instauré le 30 décembre est perçue comme un point de rupture par de nombreux acteurs de la communauté internationale.

Alors que des médecins tentaient hier en Syrie de sauver les 160 blessés, le Conseil de sécurité des Nations unies, dont plusieurs membres ont directement mis en cause Bachar al-Assad, s’est réuni en urgence.

Des condamnations unanimes

Qualifiant l’attaque de Khan Cheikhoun d’«affront à l’humanité», le président américain Donald Trump a radicalement changé de ton au sujet de Bachar al-Assad. «Cette attaque sur des enfants a eu un énorme impact sur moi», a-t-il déclaré hier, menaçant de mettre en œuvre une réponse unilatérale en cas d’échec des discussions à l’ONU.

Le secrétaire général Antonio Guterres s’est toutefois dit «confiant» sur l’issue du Conseil de sécurité, tout en dénonçant lui aussi un «crime de guerre». De fait, selon l’Organisation mondiale de la santé, plusieurs victimes de l’attaque présentaient des signes d’exposition à des agents neurotoxiques, révélant l’utilisation d’armes chimiques létales interdites. En outre, l’hôpital où les personnes intoxiquées étaient soignées a été frappé par deux raids, plus tard dans la journée.

«Chacun est devant ses responsabilités face à ces attaques», a affirmé François Hollande, alors que Paris, Londres et Washington ont soumis au Conseil de sécurité une résolution condamnant les faits. Le texte appelle à une enquête rapide et complète de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIC), débouchant sur la mise en œuvre de sanctions.

Un blocage prévisible des Russes

La résolution avait pourtant peu de chances d’aboutir, Moscou l’ayant jugée «catégoriquement inacceptable». La Russie, qui reconnaît le raid, affirme qu’il visait un entrepôt des rebelles contenant des substances toxiques, et que celles-ci se sont ensuite répandues dans l’air. Une version jugée peu crédible par la plupart des experts, mais défendue par les autorités russes, qui s’apprêtaient hier à opposer leur huitième veto depuis le début de la guerre, contre une résolution onusienne concernant la Syrie.

Cette attitude renvoie la communauté internationale à son impuissance. Le cas des armes chimiques est parlant. C’est la fameuse «ligne rouge» qu’avait fixée Barack Obama, menaçant de frapper des cibles du régime. La limite a depuis été franchie plusieurs fois, sans rien déclencher d’autre que des condamnations.

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