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Rohani à Paris : de la diplomatie et des contrats

Le président iranien Hassan Rohani (c), le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, lors d'une cérémonie aux Invalides, le 28 janvier 2016 à Paris [LIONEL BONAVENTURE / AFP] Le président iranien Hassan Rohani (c), le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, lors d'une cérémonie aux Invalides, le 28 janvier 2016 à Paris [LIONEL BONAVENTURE / AFP]

Hassan Rohani a reçu jeudi les honneurs militaires lors de sa visite officielle en France, la première d'un chef de l'Etat iranien depuis 1999, avec la perspective de juteux contrats pour Paris et des échanges diplomatiques centrés sur la guerre en Syrie, dans laquelle Téhéran est un acteur majeur.

Arrivé mercredi sur fond de critiques d'associations au nom des droits de l'Homme, M. Rohani devait achever cette visite jeudi soir, après un entretien et la signature d'accords avec son homologue François Hollande. Sorti de dizaines d'années d'isolement avec l'entrée en vigueur en janvier de l'accord nucléaire et la levée des sanctions internationales, l'Iran et ses 79 millions d'habitants s'ouvrent aux industriels occidentaux, et Paris compte bien y prendre sa part.

Le ministre iranien des Transports Abbas Akhoundi a annoncé dimanche que lors de cette visite, "le contrat pour l'achat de 114 Airbus serait signé". De source proche du dossier, on précise cependant qu'à l'heure actuelle, il ne peut y avoir autre chose que des lettres d'intentions ou des protocoles d'accords, car l'embargo n'est pas entièrement levé. Mais ensuite, il n'y a pas loin de la coupe aux lèvres et on peut vite parvenir à des contrats, car l'Iran a grand besoin de renouveler sa flotte de moyens et long-courriers, précise-t-on.

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Dans l'automobile, un accord entre le constructeur automobile français PSA Peugeot-Citroën et l’iranien Iran Khodro sera signé, afin de constituer une coentreprise qui produira à terme 200.000 véhicules par an avec l’utilisation de pièces produites localement, selon une source gouvernementale française. De grosses entreprises françaises, comme Total, sont aussi sur les rangs, et Bouygues, ADP et Vinci souhaitent participer à l'extension ou à la gestion de plusieurs aéroports iraniens.  M. Rohani rencontrera à Paris les responsables du Medef, la principale organisation patronale française, et le ministre de l'économie Emmanuel Macron.

Jouer un rôle "positif"

Pour cette première visite en France d'un président iranien depuis Mohammad Khatami, qui est aussi la première grande visite bilatérale de M. Rohani en Europe - il s'est rendu à Rome avant Paris -, les autorités françaises lui ont rendu les honneurs militaires sur la place des Invalides à Paris, en présence du chef de la diplomatie Laurent Fabius. Au plan diplomatique, cette visite, initialement prévue il y a deux mois mais reportée à la suite des attentats de Paris du 13 novembre, sera la preuve concrète, selon les mots du président Hollande, que "le retour de l'Iran sur la scène internationale est désormais possible".

"Cette visite ouvre une période de discussions pour essayer d'accompagner l'Iran dans son retour sur la scène internationale, et faire en sorte qu'il joue un rôle positif, en particulier sur l'affaire syrienne", a-t-on indiqué de source diplomatique. De difficiles négociations intersyriennes doivent démarrer vendredi à Genève, pour tenter de mettre fin à une guerre civile qui a fait au moins 260.000 morts.

Acteur majeur de la crise syrienne, l'Iran est un soutien indéfectible du président Bachar al-Assad, dont Paris demande le départ. Téhéran a toujours démenti avoir envoyé des combattants en Syrie mais le Hezbollah chiite libanais, appuyé par l'Iran, a reconnu y avoir envoyé des combattants pour soutenir le régime. 

Autre dossier diplomatique: la crise aiguë entre Téhéran et Ryad. M. Hollande a appelé à la "désescalade" entre l'Iran et l'Arabie saoudite, qui ont rompu leurs relations diplomatiques début janvier après l'exécution d'un dignitaire chiite par Ryad et le saccage de l'ambassade saoudienne à Téhéran. La France pourrait à cet égard contribuer à "apaiser les tensions" entre les deux capitales, car Paris entretient des "relations d'amitié" avec le royaume saoudien.

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