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L'intervention contre Daesh en Syrie s'avère complexe

La présence de Bachar al-Assad à la tête de la Syrie rend l'intervention d'autant plus délicate. [YURI KADOBNOV / AFP FILES / AFP]

"La France a toujours pris ses responsabilités face au terroris­me." A l’occasion de sa sixième conférence de presse, lundi dernier, François Hollande a annoncé le changement de stratégie du pays en Syrie, devenu un véritable devoir.

 

L’armée française a donc effectué mardi son premier vol de reconnaissance au-dessus du pays. Une opération qui devrait être suivie de "frappes" sur les positions de Daesh, comme le font déjà les Etats-Unis et d’autres pays de la coalition. Mais dans un pays en guerre civile depuis quatre ans, où le régime, allié de Téhéran et de Moscou, fait autant de victimes que les jihadistes, de simples bombardements épars risquent d’être bien insuffisants.

 

Des conséquences diplomatiques

Si la France s’était, jusqu’ici, refusée à intervenir en Syrie, c’était pour ne pas servir le régime de Bachar al-Assad qui, sous couvert de lutte contre Daesh, bombarde les rebelles syriens et les ­civils. En effet, combattre Daesh, c’est combattre l’ennemi du président syrien. Or, François Hollande l’a martelé lundi dernier, "rien ne doit être fait qui puisse consolider ou maintenir Bachar al-Assad", dont le départ sera "à un ­moment ou un autre posé".

Malgré certaines voix qui réclament une coo­­pération, comme récemment celles des ministres espagnol et autrichien des ­Affaires étrangères, Paris, comme Washington, refuse donc tout rapprochement avec le régime syrien. Mais à l’opposé, aucune confrontation directe avec Damas ne semble possible, sous peine de raviver les souvenirs de la guerre froide.

Depuis quelques jours, les preuves se multiplient en effet sur le soutien (en armes et en hommes) des forces armées russes à leurs alliées ­syriennes. Et si Moscou ne parle que de soutien matériel et d’aide humanitaire, les selfies et vidéos des soldats russes sur place ne laissent aucun doute. Pour Karim Pakzad, chercheur à l’Iris et spécialiste de la région, "une négociation est pourtant inévitable avec Assad et ses alliés, la Russie et l’Iran, pour trouver une solution politique."

 

Un défi logistique

Au-delà de cette partie d’échecs diplomatique, la lutte contre Daesh se heurte à la réalité du terrain. Comme Barack Obama, François Hollande a estimé que l’envoi de troupes au sol serait «inconséquent et irréaliste». L’intervention française se limitera à des frappes ciblées, comme celles effectuées depuis un an par les Etats-Unis (à 95 %) et les autres pays de la coalition.

Une stratégie qui a montré ses limites. Depuis le 22 septembre 2014, quelque 2 500 frappes ont été enregistrées pour environ 15 000 islamistes tués, selon les chiffres officiels. Mais si ce bilan peut sembler important, il n’a pas empêché l’expansion du groupe Daesh, qui contrôlerait aujourd’hui la moitié du territoire syrien. "Les bombardements ne sont pas efficaces, estime Karim Pakzad, il faut couper les financements des jihadistes."

Pire, certaines organisations, comme Airwars, estiment que ce type d’opération a déjà fait entre 500 et 1 500 victimes civiles. Autant dire que la promesse faite par Obama de "détruire" Daesh est encore loin d’être tenue. 

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