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Poutine: pas de preuve d'une ingérence russe en Ukraine

Le président russe Vladimir Poutine lors d'une conférence à Astrakhan, le 4 juin 2014 [Alexei Nikolsky / RIA-NOVOSTI/AFP] Le président russe Vladimir Poutine lors d'une conférence à Astrakhan, le 4 juin 2014 [Alexei Nikolsky / RIA-NOVOSTI/AFP]

Le président russe Vladimir Poutine a mis mercredi au défi les Américains de présenter des "preuves" de l'implication militaire russe dans l'est de l'Ukraine et s'est montré conciliant à l'égard du nouveau président ukrainien se disant prêt à le rencontrer en France.

Dans une interview accordée à deux médias français, la radio Europe 1 et la chaîne de télévision TF1, dont le Kremlin a diffusé une transcription, le maître du Kremlin dément par ailleurs chercher à "imposer un nationalisme russe ou à faire renaître l'Empire" russe.

Accusé récemment par Washington de laisser passer des "combattants" et des "armes" dans l'est de l'Ukraine en proie à une insurrection armée prorusse, Vladimir Poutine a lancé: "Des preuves ? mais qu'ils les montrent !"

"Nous avons vu, tout le monde a vu, comment le secrétaire d'Etat américain (Colin Powell) avait montré des preuves de la présence d'armes de destruction massive en Irak", a ironisé le chef de l'Etat russe faisant allusion aux accusations infondées lancées en 2003 par les Etats-Unis pour justifier l'intervention militaire contre Saddam Hussein.

"Affirmer, c'est une chose. Avoir des preuves, c'est autre chose. Je vous le répète : il n'y a aucune force russe, aucun instructeur russe dans le sud-est de l'Ukraine. Il n'y en a pas eu et il n'y en a pas", a affirmé M. Poutine alors que les gardes-frontières ukrainiens font régulièrement état d'incursions de véhicules transportant des armes et venant de Russie.

Samedi, le président de la république russe de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, avait également reconnu que des combattants tchétchènes se trouvaient aux côtés des insurgés prorusses dans l'est de l'Ukraine.

Interrogé sur ses relations avec Barack Obama, avec qui il livre le plus intense bras de fer entre Américains et Russes depuis la fin de l'URSS, M. Poutine s'est voulu apaisant à l'avant-veille des cérémonies du 70e anniversaire du Débarquement allié en Normandie (France).

"J'espère que nous n'entrons pas dans une nouvelle phase de la +Guerre froide+", a déclaré M. Poutine, déclarant ne pas avoir de "raison de croire que le président Obama ne veut pas parler au président russe".

"C'est son choix, je suis prêt au dialogue", a-t-il ajouté avant de critiquer de nouveau la politique étrangère américaine. "Ce n'est pas un secret que la politique la plus agressive, la plus ferme, c'est la politique américaine. Nous n'avons presque pas de forces militaires à l'étranger et regardez : partout dans le monde, il y a des bases militaires américaines, des troupes américaines à des milliers de kilomètres de leurs frontières. Ils prennent part aux affaires intérieures de tel ou tel pays : donc il est difficile de nous accuser de violation".

Va-t-il tendre la main au nouveau président ukrainien Petro Porochenko, également invité en Normandie ? "Je ne compte éviter personne", a déclaré M. Poutine. "Je ne compte éviter personne et parlerai, évidemment, à tout le monde", a ajouté le président russe qui n'a pour l'instant pas formellement reconnu le président élu le 25 mai et qui sera investi samedi à Kiev.

"Le pouvoir ukrainien doit ouvrir un dialogue avec sa population : cela ne doit pas se faire avec des chars et des avions mais par la négociation", a-t-il par ailleurs dit à l'adresse de M. Porochenko alors que l'armée ukrainienne mène depuis le 13 avril une opération militaire pour tenter de reprendre le contrôle des régions séparatistes de Donetsk et de Lougansk, frontalières de la Russie.

"Je pense que M. Porochenko a une chance unique : il n'a pas encore de sang sur les mains et il peut suspendre cette opération punitive et commencer un dialogue direct avec ses citoyens de l'Est et du Sud du pays".

 

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