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Guerre des mots entre les patriarches russe et ukrainien avant Pâques

Des prêtres russes célèbrent Pâques à Moscou le 20 avril 2014 [Alexander Nemenov / AFP] Des prêtres russes célèbrent Pâques à Moscou le 20 avril 2014 [Alexander Nemenov / AFP]

Les patriarches orthodoxes de Kiev et de Moscou se sont livrés à une guerre des mots à quelques heures de la Pâque alors que l'est de l'Ukraine reste en proie à une insurrection armée pro-russe.

Quelques minutes avant minuit, les cloches de la cathédrale Saint-Michel de Kiev se sont mises en branle et ont joué l'hymne ukrainien pour des centaines de personnes réunies pour le service pascal, au moment où le pays semble plus près que jamais de l'éclatement.

De toute la capitale ukrainienne, la foule a afflué samedi soir vers le monastère bleu pastel aux bulbes dorés, détruit pendant l'Union soviétique et reconstruit dans les années 1990.

Un homme porte le drapeau national lors d'une manifestation pro-ukrainienne dans la ville de Lugansk, le 19 avril 2014    [Dimitar Dilkoff / AFP]
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Un homme porte le drapeau national lors d'une manifestation pro-ukrainienne dans la ville de Lugansk, le 19 avril 2014

Dans son message pascal au peuple ukrainien qui "traverse de lourdes épreuves", le patriarche de Kiev Filaret a assuré que l'"ennemi" russe était condamné à l'échec et Dieu aiderait "à ressusciter l'Ukraine" dont la péninsule de Crimée avait été rattachée à la Russie en mars et l'Est est secoué par une vague de séparatisme inspiré selon Kiev depuis le Kremlin.

"Le pays qui nous avait garanti l'intégrité territoriale a commis une agression. Dieu ne peut pas être du côté du mal, c'est pour cela que l'ennemi du peuple ukrainien est condamné à l'échec", a déclaré le patriarche Filaret.

A Moscou, le patriarche russe Kirill a appelé samedi à prier pour que personne ne puisse "détruire la Sainte Russie" en lui enlevant l'Ukraine dont la capitale Kiev est le berceau de l'orthodoxie russe.

- Pâques avec kalachnikov -

"Nous devons aujourd'hui prier pour le peuple russe qui vit en Ukraine, pour que le Seigneur fasse la paix sur la terre ukrainienne (...) qu'il mette fin aux desseins de ceux qui veulent détruire la Sainte Russie", a déclaré le patriarche pendant un service religieux dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, le 17 avril 2014 à Genève [Alain Grosclaude / AFP]
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Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, le 17 avril 2014 à Genève

A Slaviansk, dans l'Est de l'Ukraine, contrôlée depuis une semaine par les séparatistes, des hommes en uniforme sans signes distinctifs, certains une kalachnikov en bandoulière, étaient présents samedi devant l'empilement de sacs de sable qui barre l'entrée de la mairie.

Tout comme les rebelles de Donetsk qui occupent l'administration régionale, ils faisaient fi de l'accord de Genève conclu jeudi entre la Russie, l'Ukraine, les Etats-Unis et les Européens qui prévoit leur désarmement et l'évacuation des bâtiments publics investis.

Le Secrétaire d'Etat américain John Kerry,<br />
la diplomate en chef de l'UE Catherine Ashton et le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Deshchytsia le 17 avril 2014 à Genève [Jim Bourg / Pool/AFP]http://static.directmatin.fr/sites/default/files/styles/image_630_315/pu..." typeof="Image" width="630" />
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Le Secrétaire d'Etat américain John Kerry, la diplomate en chef de l'UE Catherine Ashton et le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Deshchytsia le 17 avril 2014 à Genève

Les Etats-Unis qui accusent Moscou d'être derrière les troubles en Ukraine ont appelé la Russie à pousser les insurgés à se plier à l'accord conclu.

Mais Vladimir Poutine a estimé samedi que la balle était dans le camp des Occidentaux et que "rien n'empêchait" la normalisation bien que la Russie et l'Occident traversent leur pire crise depuis la Guerre froide en raison de l'Ukraine.

Le Kremlin a confirmé vendredi pour la première fois avoir mobilisé des troupes à la frontière avec l'Ukraine "en raison de la situation" dans cette ex-république soviétique voisine.

Simultanément, le Kremlin a répondu vendredi que la Russie refusait d'être tenue pour seule responsable du respect de l'accord de Genève et jugeait "inacceptables" les menaces de nouvelles sanctions américaines.

 attaque séparatiste à Marioupol [JM. Cornu/J. Jacobsen / AFP]
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Ukraine : attaque séparatiste à Marioupol

A Kiev, les autorités pro-européennes se sont efforcées vendredi de tendre la main aux rebelles, promettant une importante décentralisation et un statut protecteur pour la langue russe.

L'annonce solennelle faite dans une adresse télévisée à la Nation par le président par intérim Olexandre Tourtchinov et le Premier ministre Arseni Iatseniouk a pourtant peu de chance d'être appréciée dans la région où plus de 70% des habitants considèrent ces deux dirigeants comme "illégitimes" selon un sondage publié samedi.

- intervention russe? -

Les Etats-Unis ont averti vendredi les Russes qu'ils comptaient "les observer de près" pour s'assurer qu'ils respectent les engagements de Genève.

Au cours d'un entretien téléphonique avec son homologue Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie américaine John Kerry a "exhorté au respect total et immédiat de l'accord de Genève du 17 avril".

Les insurgés barricadés dans leur QG du bâtiment de l'administration régionale de Donetsk ont sèchement rejeté ce plan, ravivant le spectre de la partition de ce pays de 46 millions d'habitants, frontalier de plusieurs membres de l'Union européenne et de l'Otan.

 
 

Moscou a rattaché en mars la péninsule ukrainienne de Crimée à son territoire, après un référendum jugé illégal par Kiev et les Occidentaux et l'intervention de groupes armés.

Vladimir Poutine a annoncé samedi qu'il allait décorer les militaires qui avaient participé à cette opération.

D'autre part, dans une interview à la chaîne NBC qui devait être diffusée dimanche, le Premier ministre ukrainien ministre Arseni Iatseniouk a exprimé son indignation après la distribution dans l'est de l'Ukraine de tracts antisémites ordonnant aux Juifs de s'enregistrer comme tels, et a demandé que "ces salauds" soient traduits en justice.

 

 

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