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Après "l'attaque chimique", des militants racontent l'horreur

Un Palestinien tient une bougie le 22 août 2013 à Ramallah lors d'une manifestation contre l'attaque qui aurait fait 1.300 morts près de Damas [Abbas Momani / AFP] Un Palestinien tient une bougie le 22 août 2013 à Ramallah lors d'une manifestation contre l'attaque qui aurait fait 1.300 morts près de Damas [Abbas Momani / AFP]

Au lendemain de l'attaque chimique supposée près de Damas mercredi, des militants ont raconté à l'AFP une journée d'horreur suivie de l'enterrement des victimes dans le silence de la nuit, la fosse commune se trouvant près d'une position de l'armée syrienne.

 

Et depuis la mise en terre de leurs proches dans la nuit de mercredi à jeudi, les familles ne connaissent pas de répit car Mouadamiyat al-Cham, au sud-ouest de Damas, est constamment bombardé.

"Nous les avons enterrés au milieu de la nuit, car ce qui nous sert de cimetière se trouve à portée de vue de l'armée et celle-ci n'a pas hésité dans le passé à le bombarder. C'est donc très dangereux d'y aller", explique Abou Ahmad.

Selon ce militant, les corps étaient "bleus. Ils sont morts par suffocation".

Les militants de plusieurs localités autour de Damas avaient affirmé mercredi que l'armée syrienne avait recours à des armes chimiques pour tenter de pénétrer par la force dans les enclaves rebelles.

"Vers 05H00 (02H00 GMT), l'armée a visé avec des roquettes à tête chimique Mouadamiyat al-Cham," a expliqué Abou Ahmad.

C'est dans cette localité rebelle que l'attaque de mercredi a fait le plus grand nombre de morts, 61 victimes sur 170 au total, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Parmi elles, 28 hommes, 4 femmes, 11 enfants et 18 combattants. Pour sa part l'opposition syrienne a fait état de plus de 1.300 morts.

Jeudi, alors que la communauté internationale et les organisations des droits de l'homme réclamaient le droit pour les experts de l'ONU se trouvant à Damas de mener une enquête sur place, les habitants étaient "dévastés".

"Les résidents craignent une nouvelle attaque. L'armée tente de pénétrer dans la ville et a utilisé pour cela les armes chimiques", confie ce militant joint par internet.

Selon lui, les combats opposant les rebelles et les forces loyalistes faisaient rage jeudi à la lisière de Mouadamiyat al-Cham et l'armée n'a réalisé que des avancées limitées.

Les militants se trouvant à l'est de Damas ont affirmé que les soldats avaient utilisé le même type d'armes. Joint aussi par internet Abou Adel a indiqué avoir passé sa journée de mercredi à Ain Tarma, pour aider les militants locaux à filmer les morts.

Après l'attaque, "les gens, qui se trouvaient dans la rue, ont été pris de nausées et ont commencé à tomber. Mais à cette heure, la majorité des habitants dormaient chez eux avec leur famille. C'est pourquoi beaucoup de victimes sont des enfants", explique-t-il.

"Plusieurs heures après, j'ai commencé moi-même à ressentir les effets de l'attaque chimique. J'avais mal aux yeux et des difficultés à respirer", a expliqué l'activiste.

La nouvelle d'une supposée attaque chimique s'est répandue comme une trainée de poudre et les militants ont posté de nombreuses vidéos sur YouTube, montrant des dizaines de corps, dont beaucoup d'enfants, gisant sur le sol à Zamalka, Erbine, Saqba, Harasta et Ain Tarma, à l'est de la capitale et à Mouadamiyat al-Cham au sud-ouest.

Selon Abou Adel, "29 roquettes ont visé la Ghouta orientale, à dix minutes d’intervalles. La majorité a frappé Ain Tarma".

"Les corps des enfants ont été séparés de ceux des adultes et les familles ont demandé que ne soient pas filmées les dépouilles des femmes car cette région est très conservatrice", a-t-il ajouté.

Les morts se trouvant chez eux ou dans les hôpitaux improvisés ont été transportés vers des morgues de fortune, où les corps ont été filmés.

Selon Abou Ahmad, des dizaines de personnes se sont présentées pour soigner les blessés, mais aucun des volontaires n'avaient les équipement nécessaires pour se protéger des patients atteints par les gaz.

"Beaucoup de médecins sont victimes de symptômes et certains blessés sont morts", a assuré Abou Adel.

L'OSDH a demandé une enquête indépendante dans les régions qui ont été la cible des tirs afin d’établir si des armes chimiques ont été utilisées ou non.

De toute manière, quelles l'aient été ou pas, "c'est évident que les bombardements qui furent extrêmement violents n'ont fait aucune distinction entre civils et combattants", a estimé son directeur Rami Abdel Rahmane.

"Il faut que les enquêteurs de l'ONU se rendent sur place car le monde a besoin de savoir comment ces victimes ont succombé", a-t-il ajouté.

 

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