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Bo Xila i: la mère du Britannique assassiné sort du silence

Bo Xilai, alors ministre du Commerce, lors d'une conférence de presse à Pékin, le 30 mai 2005 [Goh Chai Hin / AFP/Archives] Bo Xilai, alors ministre du Commerce, lors d'une conférence de presse à Pékin, le 30 mai 2005 [Goh Chai Hin / AFP/Archives]

La mère d'un homme d'affaires britannique assassiné en Chine, et dont la mort avait précipité la chute du dirigeant politique Bo Xilai, est sortie de son silence pour exiger un dédommagement des autorités chinoises.

Dans une déclaration publiée lundi par le Wall Street Journal (WSJ), Ann Heywood a indiqué que la disparition de son fils Neil laissait les deux enfants de ce dernier sans sécurité financière.

Elle s'est également dite "déçue" que les autorités chinoises n'aient pas engagé un contact suivi avec la famille de Neil Heywood après le meurtre de ce dernier en novembre 2011 à Chongqing, métropole géante du centre de la Chine.

Interrogé lundi par l'AFP, le ministère chinois des Affaires étrangères n'était pas en mesure de commenter ces déclarations.

Ancien patron du Parti communiste et étoile montante de la politique chinoise, Bo Xilai avait été interpellé au printemps 2012 après l'implication de son épouse Gu Kailai dans la mort de Neil Heywood.

Bo Xilai a été récemment inculpé pour corruption et abus de pouvoir. De son côté, Gu Kailai avait été condamnée en août 2012 pour le meurtre de M. Heywood -- homme d'affaires décrit comme un proche du couple depuis les années 1990, mais dont les relations avec Gu s'étaient sérieusement détériorées à la suite de désaccords financiers.

Selon des documents légaux transmis à un Tribunal de commerce français et obtenus par l'AFP, Neil Heywood avait été entre 2007 et juin 2011 gérant statutaire d'une société domiciliée dans une luxueuse villa de Cannes (sud de la France).

Il avait succédé à un autre proche de Bo Xilai, l'architecte français Patrick Devillers, comme gérant de cette société créee en 2001, selon les documents que l'AFP s'est procurés.

Selon des informations du New York Times, la villa cannoise, achetée en 2001 par l'intermédiaire de cette société, pourrait être présentée lors du procès à venir de Bo Xilai comme une pièce à conviction témoignant des pots-de-vins substantiels que le dirigeant aurait reçus.

"Les circonstances m'obligent à sortir de mon silence (...) Je suis surprise et déçue que, en dépit de démarches discrètes auprès des autorités chinoises, il n'y ait eu aucune réponse substantielle ou pratique de leur part", a indiqué Mme Heywood au WSJ.

La "Villa fontaine Saint-Georges", à Cannes, domicile d'une société dont Neil Heywood avait été gérant statutaire entre 2007 et juin 2011, à Cannes le 8 août 2013 [Jean Christophe Magnenet / AFP/Archives]
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La "Villa fontaine Saint-Georges", à Cannes, domicile d'une société dont Neil Heywood avait été gérant statutaire entre 2007 et juin 2011, à Cannes le 8 août 2013
 

"J'ai bon espoir que les dirigeants de cette grande nation, que Neil aimait et respectait, vont à présent agir de façon résolue et avec compassion, afin d'offrir un dédommagement pour les conséquences de ce terrible crime et permettre à ma famille de trouver une sorte de dénouement à ce cauchemar permanent", a-t-elle poursuivi.

De son côté, l'ambassade du Royaume-Uni en Chine a indiqué lundi à l'AFP avoir "transmis aux autorités chinoises les inquiétudes de la famille concernant la compensation, et ce à plusieurs reprises depuis le procès" de Gu Kailai.

Selon la loi chinoise, les proches d'une personne morte en raison des agissements d'une agence d'Etat, ou de ses fonctionnaires "ayant enfreint les intérêts légitimes de la victime", peut demander des dommages au gouvernement.

La valeur de la compensation correspond alors à 20 fois le salaire annuel moyen enregistré en Chine l'année précédente (soit un maximum de 90.660 euros, en se basant sur les chiffres officiels de 2010), somme à laquelle s'ajoutent des versements supplémentaires destinées à soutenir les proches à la charge de la victime.

Mais ce principe s'applique seulement quand des agences gouvernementales sont impliquées alors qu'elles exerçaient les pouvoirs dont elles sont investies -- ce qui n'est pas le cas dans l'assassinat de Neil Heywood.

Les familles des victimes de meurtres peuvent le cas échéant exiger une compensation du ou des coupables, lors du procès pénal ou dans une poursuite civile distincte. Rien à ce sujet n'avait été mentionné lors de l'inculpation et du procès de Gu.

Dirigeant charismatique et controversé, Bo Xilai avait vu sa chute précipitée par la défection de son bras droit, l'ancien "superpolicier" Wang Lijun, qui avait essayé en février 2012 de demander l'asile politique au consulat américain de Chengdu, métropole voisine de Chongqing.

Il y avait exposé les malversations de son patron, considéré alors comme une étoile montante du Parti communiste, et révélé la responsabilité de Gu Kailai dans la mort de Neil Heywood.

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