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Discours très attendu du chef du gouvernement italien Enrico Letta

Le nouveau chef du gouvernement italien Enrico Letta, le 25 avril 2013 à Rome [Vincenzo Pinto / AFP] Le nouveau chef du gouvernement italien Enrico Letta, le 25 avril 2013 à Rome [Vincenzo Pinto / AFP]

Le nouveau chef du gouvernement italien Enrico Letta présente lundi après-midi son programme, un discours très attendu des partenaires européens de l'Italie et des marchés, inquiets de voir la troisième économie européenne s'enfoncer dans la récession.

L'intervention de M. Letta devant le parlement est prévue aux alentours de 12H00 GMT, et il devrait donner des indications notamment sur la politique économique de son gouvernement, alliance inédite entre droite et gauche, avant de poser la question de confiance.

La Bourse de Milan s'établissait lundi une demi-heure après son ouverture à +1,68%, dans un signe de confiance des marchés dans la capacité du gouvernement à assainir la situation économique.

Ce gouvernement "semble être une très bonne nouvelle pour l'Italie", s'est félicité lundi Erik F. Nielsen, chef économiste de la banque Unicredit. L'arrivée de M. Letta "symbolise à la fois un changement générationnel et une approche moins partisane de la politique".

Le nouveau chef du gouvernement italien Enrico Letta et le président Giorgio Napolitano (g), le 27 avril 2013 à Rome [Tiziana Fabi / AFP]
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Le nouveau chef du gouvernement italien Enrico Letta et le président Giorgio Napolitano (g), le 27 avril 2013 à Rome
 

Le palais de Montecitorio (Chambre des députés) sera placé sous bonne garde après les coups de feu tirés la veille sur des carabiniers devant le siège du gouvernement par un maçon au chômage, "désespéré" qui avait perdu toutes ses économies au jeu. La présidente de la Chambre, Laura Boldrini, a exprimé sa solidarité avec les deux carabiniers blessés mais s'est interrogée sur "les causes qui amènent à tant de désespoir", estimant que "la crise transforme les victimes en bourreaux".

La presse revient lundi sur cette affaire à la une. Elle évoque "les fantômes" des Années de plomb (1970/80), qui "nous poursuivent encore": le grand quotidien Corriere della Sera fait allusion ainsi à la violence des Brigades rouges, qui exprimait alors la profonde frustration sociale contre la classe politique.

Cette fusillade est au coeur d'une polémique naissante entre ceux --à droite-- qui accusent le mouvement antipartis "Cinque stelle" de l'ancien comique Beppe Grillo d'attiser la haine et donc la violence sociale, et ceux -à gauche-- qui accusent les premiers d'instrumentaliser cet acte isolé pour décrédibiliser le combat de "Cinque Stelle".

Dans un long éditorial publié dimanche par le journal économique Sole 24 Ore, l'ex-Premier ministre socialiste Giuliano Amato a appelé dimanche à "briser le cercle de la rigueur", estimant nécessaire "que les économistes et la Commission européenne changent de partition musicale".

Le temps en plus donné à certains pays comme l'Espagne pour respecter les critères européens peut être employé pour adopter des mesures "immédiates" afin de stimuler les économies européennes, selon M. Amato.

Preuve que les marchés pourraient approuver un tel cap, l'agence d'évaluation financière américaine Moody's a confirmé vendredi dernier la note de la dette de l'Italie (à Baa2) en soulignant que le pays parvient, malgré l'atonie de son économie, à dégager un excédent de ses comptes publics, avant remboursement de sa dette.

M. Letta, qui est l'un des plus jeunes dirigeants européens, a promis de s'attaquer en particulier au chômage qui touche près de 12% de la population active et plus d'un tiers des jeunes.

"Le gouvernement Letta sera jugé sur sa capacité à répondre à l'urgence sur le marché du travail et à freiner l'hémorragie qui frappe le secteur manufacturier italien", avec la fermeture de milliers de PME, a averti Fabrizio Forquet, éditorialiste du Sole 24 Ore.

Mais la marge de manoeuvre de l'exécutif est assez limitée compte tenu de l'énormité de la dette italienne: plus de 2.000 milliards d'euros.

Le nouveau ministre de l'Economie et jusque-là directeur de la Banque d'Italie Fabrizio Saccomanni a promis dimanche dans le journal Repubblica une "recomposition des dépenses" publiques pour stimuler la croissance à travers un "pacte" entre les banques, les consommateurs et les entreprises.

Ce banquier central, décrit comme sensible à la précarité et au chômage des jeunes, a dit vouloir soutenir "les entreprises et les couches les plus faibles" de la population au moment où les Italiens ploient sous l'effet des plans d'austérité adoptés par les gouvernements Berlusconi et Monti.

Mais M. Saccomanni n'a pas expliqué comment il fera pour relancer une économie qui a accumulé six trimestres consécutifs de récession et où le PIB est prévu en baisse de 1,5 à 1,6% en 2013.

A contrario sur son aile droite, le gouvernement Letta fait l'objet de fortes pressions venant du camp de Silvio Berlusconi pour alléger la pression fiscale, en abolissant la taxe sur la résidence principale, rétablie par le gouvernement Monti, au risque de priver le budget de l'Etat de 4 à 8 milliards d'entrées fiscales qu'il faudrait trouver ailleurs. Une tâche difficile alors que les budgets de secteurs comme l'Industrie, les Infrastructures, la Culture, l'Education ont été fortement réduits ces dernières années.

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