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Les pillages se poursuivent à Bangui

Des rebelles du Séléka patrouillent dans les rues de Bangui, le 25 mars 2013 [Sia Kambou / AFP] Des rebelles du Séléka patrouillent dans les rues de Bangui, le 25 mars 2013 [Sia Kambou / AFP]

Les pillages se poursuivaient mardi à Bangui où le nouvel homme fort de la Centrafrique, le chef rebelle Michel Djotodia devrait reconduire Nicolas Tiangaye au poste de Premier ministre après avoir annoncé qu'il prenait le pouvoir pour trois ans.

Dans la confusion, le bilan des violences restait difficile à établir deux jours après le coup de force ayant permis à la rébellion Séléka de renverser dimanche le président François Bozizé, au pouvoir depuis dix ans.

Selon des militaires de la force d'interposition régionale, des dizaines de corps jonchaient encore lundi les rues de la capitale.

"Nous ne pouvons pas donner de chiffres pour le moment mais il y a un nombre important de blessés et de morts", a déclaré à l'AFP Georgios Georgantas, haut-représentant du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Centrafrique. "Les volontaires de la Croix rouge sont déployés dans la ville pour aider les blessés et ramasser les corps".

Des patrouilles mixtes composées de la Force multinationale d'Afrique centrale (Fomac) et du Séléka sont chargées de sécuriser la capitale où un couvre-feu a été instauré de 19H00 à 6H00.

Le chef de la rébellion centrafricaine Séléka, Michel Djotodia, le 7 janvier 2013 à Libreville au Gabon [Steve Jordan / AFP/Archives]
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Le chef de la rébellion centrafricaine Séléka, Michel Djotodia, le 7 janvier 2013 à Libreville au Gabon
 

"La ville est tellement grande, il y a des pillages partout, c'est très dur de tout contrôler", a confié à l'AFP un soldat de la Fomac sous couvert d'anonymat.

Ancien fonctionnaire ayant basculé dans la rébellion en 2005, M. Djotodia a annoncé lundi à la presse qu'il allait diriger le pays pendant ce qu'il a appelé "une période de transition consensuelle de trois ans".

"J'estime nécessaire de suspendre la Constitution du 27 novembre 2004, de dissoudre l'Assemblée nationale ainsi que le gouvernement. Pendant cette période de transition qui nous conduira à des élections libres, crédibles et transparentes, je vais légiférer par ordonnances", a-t-il dit.

Après une première offensive de la rébellion en décembre, un accord de paix avait été signé le 11 janvier à Libreville, mettant en place un gouvernement dit "d'unité nationale", composé de membres du clan du président Bozizé, de la rébellion et de l'opposition.

Un rebelle du Séléka devant le Palais présidentiel à Bangui, le 25 mars 2013 [Sia Kambou / AFP]
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Un rebelle du Séléka devant le Palais présidentiel à Bangui, le 25 mars 2013
 

Mais les rebelles avaient reproché au régime de ne pas avoir respecté cet accord et repris les armes en fin de semaine dernière, chassant du pouvoir le président qui s'est réfugié au Cameroun.

"En respectant l'esprit des accords de Libreville, je vais reconduire le Premier ministre (Nicolas Tiangaye, issu de l'opposition), chef du gouvernement d'union nationale dans ses fonctions", a assuré M. Djotodia lundi.

"J'ai faim"

Mardi matin, des centaines de Centrafricains arpentaient la capitale, cherchant à savoir ce qui se passait. Les rebelles tiraient en l'air de façon sporadique, pour disperser les attroupements, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les activités avaient repris timidement dans certains quartiers, comme au marché Combattant, proche de l'aéroport, où un peu de viande et des fruits étaient réapparus sur les étals. Mais beaucoup d'habitants interpellaient les patrouilles en leur disant "J'ai faim", en sango, la langue nationale.

L'organisation Médecins sans frontières (MSF) a affirmé lundi avoir été victime de pillages et de vols, demandant "un accès immédiat aux soins de santé pour la population". "Les opérations de MSF ont été gravement perturbées et des blessés dans un état critique n'ont pu être opérés", a déploré l'ONG.

Selon une source militaire, l'armée française a été sollicitée pour aider à mettre fin aux pillages.

Lundi, deux Indiens avaient été tués par erreur par des soldats français chargés de la protection de l'aéroport de Bangui.

Le Premier ministre indien Manmohan Singh a fait part mardi de sa "profonde tristesse" après la mort de ces deux "innocents". Il a précisé avoir reçu une lettre du président français François Hollande lui assurant qu'une enquête serait menée sur les circonstances de ce que Paris a qualifié de "drame".

Lundi, les Etats-Unis et l'Union européenne avaient condamné le recours à la force pour prendre le pouvoir à Bangui et appelé au respect des populations civiles. L'Union africaine avait suspendu la participation de la Centrafrique à l'organisation. Elle avait également imposé des sanctions contre sept responsables de la coalition rebelle Séléka, dont M. Djotodia.

Quant à François Bozizé, il s'est réfugié au Cameroun mais "dans l'attente de son départ vers un autre pays d'accueil", selon la présidence camerounaise. Et la famille du président déchu est arrivée mardi matin à Kinshasa. "Ces personnes décideront elles-mêmes de l'endroit où elles veulent aller", a assuré le porte-parole du gouvernement congolais.

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