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Fr. Pichon : "Les forces syriennes conservent une écrasante supériorité"

Un rebelle syrien dans les rues d'Alep le 27 septembre Un rebelle syrien dans les rues d'Alep le 27 septembre[ZAC BAILLIE / AFP]

Alep, deuxième ville de Syrie, était le théatre vendredi matin de combats qualifiés de "sans précédent" par un réprésentant de l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

Pour Frédéric Pichon, docteur en histoire contemporaine et spécialiste de la Syrie, il ne s'agit pas d'un tournant majeur. C'est en revanche le front diplomatique qu'il faut observer attentivement.

Les rebelles de la brigade al-Tahwhid ont annoncé jeudi le déclenchement d’une offensive d’envergure. Pourrait-il s’agir d’un tournant militaire ?

A priori non. C’est plutôt de la communication. Il s’agit d’un nouvel effet d’annonce de l’opposition. Le rapport de forces – celui d’un conflit dissymétrique - demeure toujours le même. Les forces syriennes conservent une écrasante supériorité alors que les rebelles n’ont ni chars, ni aviation. Ce qui n’empêche pas les rebelles de poursuivre des opérations de guérilla et de harcèlement. C’est toujours le même schéma qui se reproduit depuis le début du conflit : l’opposition s’empare d’un quartier, l’armée le nettoie la semaine suivante. Un véritable jeu du chat et de la souris.

Pas de tournant militaire, mais peut-être un tournant diplomatique ?

Il y a beaucoup de non-dits  sur cette question. Certes, on ne dira pas officiellement que l’on va négocier avec le régime. Mais c’est bien la solution russe, qui consiste à mettre tout le monde autour de la table des négociations, qui pourrait s’imposer actuellement. Les déclarations de Laurent Fabius semblent indiquer en tous cas un infléchissement de la position française, car dans les ministères concernés tout le monde est bien conscient de la situation : aucune opposition crédible et une dérive djihadiste des combattants.

La position du quartet sur la Syrie est à suivre de très près également ?

Oui, il va falloir suivre ses initiatives de très près. Ce groupe – constitué de l’Iran, l’Egypte, la Turquie et l’Arabie Saoudite – a déjà donné des signaux significatifs. Le président égyptien Morsi a ainsi exclu la perspective d’une intervention sur place. A noter aussi le retour de l’Iran dans le jeu diplomatique, ou encore l’exclusion du Qatar de ce quartet. Mais aujourd’hui, cela reste en Russie qu’il faut chercher la clé de la sortie de crise.

Le scénario de la partition est-il d’actualité ?

Il s’est déjà partiellement réalisé. C’est vrai pour les Kurdes de Syrie qui s’acheminent vers l’autonomie. C’est vrai aussi des alaouites qui se regroupent sur les zones littorales. La partition signifierait l’échec des négociations. Ses conséquences régionales pourraient être très graves et pourraient déboucher sur un schéma à la libanaise et sur des débordements dans les régions frontalières : au Kurdistan, au Liban ou dans la région du Golan. Sans compter ce qui pourrait survenir si l’Iran intervenait dans le jeu.

 

Dernier ouvrage paru : Tancrède Josseran, Sylvain Louis, Frédéric Pichon, Géopolitique du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, Presses Universitaires de France, coll. "Major"

 

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