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Frédéric Pichon : "En Syrie, l'information, c'est tout le problème"

Cessez-le-feu Syrie La ville de Homs, en Syrie, le 12 avril 2012, premier jour du cessez-le-feu.[HO / SHAAM NEWS NETWORK / AFP]

Au deuxième jour de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu en Syrie, la situation reste difficile à analyser. L'éclairage de Frédéric Pichon, docteur en histoire et auteur de "Géopolitique du Moyen-Orient" (PUF).

 

Le respect relatif d'un cessez-le-feu depuis jeudi, est-il un moyen pour Bachar el-Assad de sauver son régime ?

Non, pas vraiment, en réalité s'il n'avait pas respecté le cessez-le-feu, il n'y aurait probablement pas eu de sanctions au Conseil de sécurité de l'ONU. Pour Bachar el-Assad, s'en remettre au plan de paix de Kofi Annan est davantage un gage vis-à-vis de ses alliés chinois et russes. Derrière la posture de Damas il y a aussi la nécessité de faire redescendre la contestation. Mais il ne faut pas se leurrer, le Conseil national et l'Armée syrienne libre ne représentent pas grand-chose en Syrie.

Les bilans sont contradictoires selon qu'on écoute le pouvoir en place ou "l'opposition". Qui croire ?

La question se pose depuis le début du conflit. Les attaques armées dénoncées par Damas sont toujours présentées au conditionnel tandis que les communiqués de l'OSDH (Observatoire syrien des droits de l'Homme), une institution dont on ne connait pas vraiment le chef et qui est basée à Londres, sont repris en boucle par les agences. Je ne dis pas qu'il faut croire sur parole le régime, loin de là, mais je m'interroge sur l'importance donnée à certains opposants. L'information, c'est d'ailleurs tout le problème de la gestion de la crise par les occidentaux.

La communauté internationale est-elle unie sur la sortie de crise ?

La France et les Etats-Unis ont échoué à faire émerger une puissance d'opposition non affiliée à un pays du Golfe.  Le plan de paix de Kofi Annan est un bon plan pour que le changement et la transition opèrent en douceur. Un renversement du régime n'est souhaitable pour aucun pays occidental. Les seules puissances qui ont intérêt à le faire capoter, c'est l'Arabie Saoudite et le Qatar qui financent directement des groupes d'opposants… Eux, leur vraie crainte c'est la perpétuation d'un "Arc chiite", entre la Syrie et l'Iran en passant par l'Irak.

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