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Paris : une ancienne résistante de 98 ans raconte son calvaire à l'hôpital Lariboisière

La nonagénaire raconte avoir été «laissée là» sans boire, ni manger pendant 24 heures.[© Thomas SAMSON/AFP]

Agée de 98 ans, la résistante française Madeleine Riffaud vient de publier un témoignage poignant de son récent séjour à l'hôpital Lariboisière, à Paris, où elle raconte avoir tout bonnement été «abandonnée sur un brancard».

A 98 ans, Madeleine Riffaud a décidé de témoigner de sa prise en charge désastreuse, dont elle dit avoir été la victime le dimanche 4 septembre dernier, alors qu'elle avait été transportée à l'hôpital Lariboisière par le Samu. Un témoignage qu'elle a livré sous la forme d'une lettre ouverte publiée lundi par la revue Commune et envoyée au directeur de l'AP-HP, Nicolas Revel.

«On ne peut pas en sortir indemne»

Elle qui se considère comme privilégiée, entourée de ses amis, veut «être la voix» de ceux qui n'ont pas la chance d'être aussi bien écoutés. «Moi, j’ai de la chance [...] Mais tous ces pauvres gens qui n’ont personne, que peuvent-ils faire ? Quand on est aspiré dans le néant des urgences, on ne peut pas en sortir indemne», a-t-elle ainsi lancé.

Ce dimanche en question, elle raconte s'être «retrouvée couchée au milieu de malades qui hurlaient de douleur, de rage, d’abandon», entourée d'«infirmières débordées». La nonagénaire explique être restée là «24 heures sur le même brancard, sans rien manger», avant d'être transférée dans une clinique privée, sans même que ses proches ne soient prévenus.

Croyant «devenir folle», cette ancienne infirmière, devenue quasiment «aveugle» aujourd'hui, «sentait parfois qu'on emportait [son] brancard», qu'elle «traversait une cour, peut-être ?». «Et puis on m’a laissée là, sans aucune affaire, sans moyen de communication avec mes proches», déplore celle qui a décidé de coucher son histoire sur le papier pour alerter les pouvoirs publics.

«Hôpital d’il y a cinquante ans ou hôpital ultramoderne, les problèmes sont toujours les mêmes : manque de personnel qualifié, manque de crédit, l’écart se creuse entre la technique de la médecine de pointe et les moyens mis à sa disposition», écrit-elle finalement, fustigeant que l’Etat les ait «tous abandonnés, soignants comme malades».

«faire la lumière» sur cette prise en charge

Contactée, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris a assuré vouloir «faire la lumière sur les étapes de cette prise en charge et leur conformité aux bonnes pratiques et aux recommandations médicales», et a confirmé que «des gestes techniques, de soins et de surveillance» avaient été «dispensés à la patiente de façon régulière».

Selon l'AP-HP, la patiente s’est «présentée seule en ambulance aux urgences de l’hôpital Lariboisière» en milieu de journée, «accueillie par l’infirmière d’accueil et d’orientation, enregistrée dans le circuit de prise en charge du service puis auscultée par le médecin senior, lequel lui a prescrit un certain nombre d’examens».

Des prélèvements biologiques ont alors été réalisés à 12h43 et un scanner a été effectué à 17h25. Dans la soirée, la patiente a été transférée dans le secteur d’hospitalisation de courte durée des urgences.

Et le lendemain, le 5 septembre au matin, la patiente a été selon l'AP-HP «transférée vers un autre établissement de santé adapté à sa situation médicale», après «l’examen clinique du médecin».

«L'AP-HP regrette très sincèrement la façon dont la patiente a vécu sa prise en charge», a communiqué la direction ce mardi, soulignant qu'il s'agissait désormais de «clarifier rapidement et complètement les conditions dans lesquelles elle a été accompagnée tout au long de sa présence à l’hôpital Lariboisière».

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