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Moscovici affiche sa sérénité à propos de la dette

Pierre Moscovici, le 11 septembre 2013 à Paris [Eric Piermont / AFP/Archives] Pierre Moscovici, le 11 septembre 2013 à Paris [Eric Piermont / AFP/Archives]

Le ministre de l'Economie Pierre Moscovici a affiché mardi sa sérénité à propos de la dette française, qui atteint des niveaux spectaculaires sans toutefois alarmer jusqu'ici les marchés ou les économistes.

"L'endettement va atteindre un maximum et ensuite ça décroîtra", a déclaré sur France 2 le ministre interrogé sur les chiffres du quotidien Le Figaro d'un taux d'endettement de la France grimpant à 95,1% du Produit intérieur (PIB) fin 2014, contre 93,4% fin 2013.

A titre de comparaison, à la fin du premier trimestre 2013, les pays de la zone euro affichaient en moyenne une dette publique de 92% environ de leur PIB, avec des pics à plus de 160% (Grèce) ou 130% (Italie) tandis que l'Allemagne, souvent utilisée comme référence dans le débat public français, affichait un peu plus de 81% (source Eurostat).

"Pendant le quinquennat précédent, sous Nicolas Sarkozy, nous l'avons dénoncé (...) on est passé en dix ans de 60% du PIB à plus de 90%", a déclaré M. Moscovici, qui n'a pas contredit le chiffre avancé par le quotidien.

Outre cet héritage, les finances françaises ont selon lui été plombées par "un nouveau phénomène qui est que pendant la crise, de 2008 à 2013, (La France a) consenti à des plans de solidarité" en zone euro.

L'impact du soutien financier à la zone euro sur la dette publique de la France sera selon Bercy de 67,5 milliards d'euros à horizon 2017.

En valeur absolue, selon le Figaro, la dette française atteindra 1.950 milliards d'euros fin 2014, soit 30.000 euros par habitant. Le chiffre continuera à grimper tant que la France sera en déficit, c'est-à-dire tant que l'Etat devra emprunter chaque année pour boucler son budget.

Pierre Moscovici (g) se retourne à l'Assemblée pour parler à Manuel Valls (d) le 17 septembre 2013 [Eric Feferberg / AFP]
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Pierre Moscovici (g) se retourne à l'Assemblée pour parler à Manuel Valls (d) le 17 septembre 2013
 

Pour que le montant baisse, il faudrait que l'Etat commence à rembourser, par exemple en y consacrant des excédents budgétaires, un cas de figure rare. Généralement, lorsque des pays voient un crédit arriver à échéance, ils le remboursent en contractant un autre emprunt, et ainsi de suite, à moins d'une grave crise de confiance avec flambée des taux d'intérêt, comme ce qui est arrivé à la Grèce en 2010.

"Agir pour que le PIB progresse plus vite que la dette"

La France semble loin aujourd'hui d'une telle situation: elle s'endette à des taux historiquement bas, environ 2,5% à 10 ans contre près de 4% en juin 2011. Du coup le paiement des intérêts, la "charge de la dette", diminue: -5,2% sur un an au dernier pointage de Bercy, fin juillet 2013.

"Nous avons une des dettes les plus sûres du monde", s'est d'ailleurs réjoui mardi Pierre Moscovici.

Si l'accroissement de la dette française en valeur absolue semble inéluctable à moyen terme, ce qui peut "décroître" comme l'annonce le ministre, c'est le pourcentage de la dette par rapport au PIB.

Pour cela "il faut agir sur le dénominateur (le PIB) comme sur le numérateur (la dette) : dès lors que le PIB progresse plus vite que la dette, le ratio baisse mais, en l’absence d’une telle croissance vigoureuse, il faut aussi et surtout faire en sorte que la dette augmente moins vite que le PIB, c’est-à-dire réduire le déficit", analyse pour l'AFP Hélène Baudchon, économiste chez BNP Paribas.

Selon elle, "il y a un important effort de consolidation budgétaire qui est engagé depuis 2010 et qui devrait finir par infléchir la trajectoire".

Pour Philippe Waechter, directeur de la recherche économique de Natixis Asset Management, "le taux de croissance est le levier majeur sur lequel se focaliser" pour inverser la dynamique de la dette.

L'économiste tient par ailleurs à relativiser le phénomène: "Une dette de 30.000 euros par Français, oui, et alors? Ce n'est pas forcément pénalisant à long terme". Il rappelle qu'au lendemain de la deuxième guerre mondiale, la dette britannique par exemple a pu grimper jusqu'à "300% du PIB", avant de de diminuer fortement grâce à une période de croissance il est vrai exceptionnelle.

 

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