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La France devient l'allié principal des Etats-Unis

Le président américain Barack Obama (g) et le président français François Hollande (d) lors du sommet du G8 à Lough Erne, près d'Enniskillen en Irlande du Nord, le 18 juin 2013 [Ian Langsdon / POOL/AFP/Archives] Le président américain Barack Obama (g) et le président français François Hollande (d) lors du sommet du G8 à Lough Erne, près d'Enniskillen en Irlande du Nord, le 18 juin 2013 [Ian Langsdon / POOL/AFP/Archives]

François Hollande a réaffirmé vendredi sa volonté d'agir militairement en Syrie au côté des Américains en dépit du "non" britannique à une éventuelle intervention, qui place désormais la France en position inédite d'allié principal des Etats-Unis.

 

Le refus de la Grande-Bretagne d'intervenir en Syrie ne change rien à la position de Paris qui souhaite une action "proportionnée et ferme" contre Damas, a déclaré le président français dans un entretien au journal Le Monde.

"Chaque pays est souverain pour participer ou non à une opération. Cela vaut pour le Royaume-Uni comme pour la France", a ajouté M. Hollande.

Cette alliance offensive américano-française constitue "une situation inédite dans la période contemporaine", analyse Bruno Tertrais, de la Fondation pour la recherche stratégique.

"Américains et Français ont déjà travaillé ensemble en première ligne dans la gestion des crises comme par exemple au Liban dans les années 80 et 90, mais je n'ai pas le souvenir d'une coalition offensive construite autour des Etats-Unis et de la France sans la Grande-Bretagne", indique le chercheur.

 

Dix ans après l'Irak

Ironie de l'histoire, cet engagement de la France au côté des Américains intervient dix ans après la crise irakienne qui avait provoqué une tension sans précédent entre Washington et Paris, flamboyant opposant à l'invasion américano-britannique en Irak.

"On est dans la situation exactement inverse de 2003", souligne M. Tertrais. "Les Etats-Unis n'ont besoin de personne sur le plan militaire. Mais il est extrêmement important pour eux de ne pas être seuls sur le plan politique", estime-t-il, ajoutant que Français comme Américains mettront aussi en avant le soutien de pays arabes à l'action, "car chacun veut éviter de donner l'impression qu'il s'agit d'une intervention de l'Occident contre la Syrie".

"La coalition s'appuiera sur la Ligue arabe, qui a condamné le crime et a alerté la communauté internationale", a précisé d'ailleurs M. Hollande en rappelant l'attaque chimique présumée du 21 août attribuée à Damas.

François Hollande (d) et le chef de l'opposition syrienne Ahmad al-Assi al-Jarba lors d'une conférence de presse à l'Elysée, le 29 août 2013 à Paris [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives]
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François Hollande (d) et le chef de l'opposition syrienne Ahmad al-Assi al-Jarba lors d'une conférence de presse à l'Elysée, le 29 août 2013 à Paris
 

Reste à savoir quel sera l'engagement concret de la France et quels moyens elle mettra à disposition des Etats-Unis. Une source française proche du dossier reconnaît que la non participation des Britanniques "obligera" la France, qui a la capacité de tirer des missiles de croisière avec des avions de chasse ou des sous-marins, "à repenser sa planification opérationnelle".

MM. Hollande et Obama devaient avoir, selon les termes du président français, "un échange approfondi" à ce propos dans l'après-midi.

"Toutes les options sont sur la table. La France veut une action proportionnée et ferme contre le régime de Damas", a dit François Hollande, soulignant que la France disposait "d'un faisceau d'indices qui vont dans le sens de la responsabilité" du régime Assad dans l'attaque du 21 août dans la banlieue de Damas.

De source française proche du dossier, on précise attendre avec intérêt le rapport des inspecteurs de l'Onu, car, explique-t-on, "même s'ils ne sont pas mandatés pour dire qui est à l'origine de l'utilisation des armes chimiques, la nature de ces armes et le mode opératoire permettront d'identifier les responsables".

Débat potentiellement houleux

Si François Hollande exclut toute intervention avant le départ de Syrie des inspecteurs onusiens samedi, il ne l'exclut pas avant la réunion mercredi du Parlement pour débattre de cette crise.

Le débat sans vote pourrait être houleux, des opposants à toute intervention siégeant à la fois sur les bancs de la gauche et ceux de l'UMP. A cela s'ajoute une opinion publique partagée sur une telle intervention française à en croire deux récents sondages.

Mais pour le chef de l'Etat, en dépit de ce contexte politique intérieur délicat contrastant avec l'unanimité qui avait prévalu pour l'opération au Mali, "ne pas agir, ce serait laisser faire". "C'est la riposte, et non l'inertie, qui imposera une solution politique", dit-il.

Sur les buts de guerre, la ligne est à Paris calquée sur celle de Washington: il ne s'agit pas de renverser le régime, mais de sanctionner l'usage d'armes chimiques, une "ligne rouge" définie par le président américain Barack Obama il y a un an, et "franchie indéniablement" selon M. Hollande avec l'attaque du 21 août.

Des experts de l'ONU quittent un hôtel, le 30 août 2013 à Damas [- / AFP]
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Des experts de l'ONU quittent un hôtel, le 30 août 2013 à Damas
 

Le président français a répété ne pas être "favorable à une intervention internationale qui viserait à +libérer+ la Syrie ou à renverser le dictateur". "Mais j'estime qu'un coup d'arrêt doit être porté à un régime qui commet l'irréparable sur sa population", a-t-il ajouté.

Il a fait valoir que la France faisait partie des quelques pays "qui ont les capacités d'infliger une sanction par des moyens appropriés" et y était "prête".

Quant au risque pour Paris de "multiplier l'interventionnisme" après la Libye et le Mali, il a souligné que "la France pren(ait) ses responsabilités" en fonction de chaque situation. "Pour la Syrie, je veillerai à ce que la réponse de la communauté internationale fasse cesser l'escalade de la violence".

 

 

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