Une carte des radars «pièges» a été dressée par 40 Millions d’automobilistes. L’Etat écoute, mais reste ferme quant à la sécurité routière.
On connaissait les plus flasheurs, on a maintenant les plus «vicieux». L’association 40 Millions d’automobilistes a jeté un pavé dans la mare hier, en dressant une liste de 72 radars fixes «pièges» que compteraient les routes françaises. Des appareils installés à des endroits stratégiques par les forces de l’ordre et qui ne seraient là que pour engranger des PV.
Interrogé sur ces 3 % de radars incriminés (sur les 4 000 que compte le pays), le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, est monté au créneau hier. «Nous ne pouvons pas baisser la garde», a-t-il martelé sur RTL, ajoutant que «la limitation de la vitesse n’a qu’un seul objectif, celui de sauver des vies». En 2012, elle était impliquée dans plus d’un quart des accidents mortels.
Des tirelires pour l’Etat
Des anomalies, il en existe pourtant bel et bien, à en croire l’audit de 40 Millions d’automobilistes. S’appuyant sur 67 000 témoignages, il dénonce les excès de certains automates. Ici, une limitation de vitesse différente selon le sens de circulation. Là, un radar flashant au-dessus de 50 km/h sur certaines portions d’autoroute.
Ailleurs, un appareil situé en fin de descente, alors que les voitures ont pris de la vitesse. Ou encore une limitation qui passe de 110 à 90 km/h, selon l’heure de la journée… Autant de situations qui amènent «la plupart des automobilistes à ne voir les radars que comme des pièges», estime Pierre Chasseray, délégué général de 40 Millions d’automobilistes. Mais aussi comme des tirelires pour l’Etat : les radars utilisés dans le pays ont rapporté l’an dernier 730 millions d’euros. Une manne qui n’était, en 2005, que de 200 millions.
Un outil qui a fait ses preuves
De son côté, la Sécurité routière défend ses outils. Selon ses chiffres, la généralisation des radars fixes depuis 2004 a fait baisser la vitesse moyenne sur les routes de 90 à 80 km/heure.
Avec une conséquence : le nombre de tués, supérieur à 8 000 en 2002, est désormais passé sous les 4 000. «Il y 66 % de morts en moins à proximité des radars», a affirmé hier Manuel Valls.
Et Frédéric Péchenard, patron de la Sécurité routière, d’ajouter que «36 000 vies ont été épargnées grâce au dispositif». Les Français ont donc changé leur manière de conduire. «On disait, voici dix ans, qu’ils resteraient des Latins au volant, mais ils sont devenus des Nordiques. Si on les contrôle, ils changent leur comportement», note Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière.
Elle encourage d’ailleurs la faible tolérance pour les petits excès de vitesse, d’autant qu’elle espère de nouveaux efforts des conducteurs. Et pour cause, ils sont loin d’être irréprochables avec l’accélérateur. L’écrasante majorité (90 %) d’entre eux reconnaît ainsi dépasser les limites de vitesse, dont un sur cinq régulièrement, selon le dernier baromètre Ipsos pour la Fondation Vinci.
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Les radars en chiffres
21 millions de flashes ont été recensés au total en France en 2012, soit en moyenne 58 000 par jour. Un bilan supérieur de 21 % à celui de l’année 2011.
162 154 flashes en 2012, soit 444 quotidiens : c’est le bilan du radar situé sur l’A10 à l’entrée de Tours, le plus «performant» de France. A contrario, certains automates ne se déclenchent qu’une fois par jour.
826 520 flashes ont été recensés en 2012 dans le Rhône, département champion en la matière devant le Nord (821 854) et les Alpes-Maritimes (758 438). L’Aveyron (27 000) est le meilleur élève.
40 radars fixes jalonnent l’autoroute A6, l’axe le plus équipé en ce domaine. Son tunnel Duplex, à l’ouest de Paris, en compterait une vingtaine sur 10 km.
Source : «Auto Plus».