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"Pour apprendre, un enfant doit manger à sa faim"

Le gouvernement veut faciliter l'accès de la cantine aux enfants issus des familles modestes.[Joel Saget / AFP/Archives]

Jean-Marc Ayrault a clôturé mardi la conférence nationale contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale. George Pau-Langevin, ministre déléguée à la Réussite éducative, développe les mesures annoncées pour les 2,7 millions d'enfants qui vivent en situation de pauvreté.

 

Ce plan ne s’accompagne pas d’objectif chiffré de réduction de la pauvreté. Pourquoi ? 

La période où Nicolas Sarkozy fixait des objectifs chiffrés n’a pas marché. Sur ce sujet de la pauvreté, ce n’est pas la bonne manière de procéder. Notre objectif premier est de changer le regard sur la pauvreté. Nous sortons d’une période où l’ancienne majorité disait «  les pauvres trichent, ils fraudent aux allocations familiales». Nous changeons complètement d’approche puisque nous mettons en évidence que certaines personnes ne connaissent pas les droits auxquels elles sont éligibles et donc ne savent pas comment les exercer.

 

Et pour ce qui est des enfants ?

Se rendre compte que près d’un enfant sur cinq est en situation de pauvreté, c’est un constat inacceptable. Nous devons y remédier, y compris pour leur éducation, car il est clair qu’un enfant qui ne mange pas à sa faim, qui est mal soigné ou qui n’est pas appareillé pour la vue ou l’audition n’est pas dans de bonnes conditions pour étudier.

 

C’est pourquoi je me félicite que Jean-Marc Ayrault ait pris un engagement ferme pour faciliter l’accès à la cantine ; pour apprendre, un enfant doit avoir mangé à sa faim.

 

Comment faciliter cet accès ?

Pour le primaire, ce sont les municipalités qui gèrent la cantine scolaire. Certaines proposent déjà des tarifs dégressifs selon la situation financière des familles, d’autres ne le font pas. Nous allons donc entamer une discussion avec l’Association des Maires de France (AMF) pour avancer ensemble. Il serait bon que toutes les familles à petit revenu puissent bénéficier d’un tarif réduit.

Par ailleurs, certaines municipalités privilégient l’accès à la cantine aux familles dont les deux parents travaillent. Or, la cantine est un lieu de socialisation, il est donc très important que tous les enfants puissent y avoir accès indépendamment de la situation de leurs parents.

 

Que comptez-vous faire pour le collège ?

Dans ce cas, nous avons un levier avec les fonds sociaux, notamment le fond social cantine, qui permet d’apporter le complément indispensable aux bourses d’Etat, lorsque celles-ci ne couvrent pas intégralement les frais de restauration scolaire. Ces fonds n’ont pas été mobilisés de manière satisfaisante ces dernières années, et ce sont les familles les plus démunies qui se sont retrouvées sans solution.

 

Pourquoi mettre l’accent sur la scolarisation des moins de trois ans ?

Certes l’école maternelle n’est pas obligatoire mais elle est extrêmement utile pour l’enfant. On l’a un peu oublié, notamment en raison d’un discours négatif de la précédente majorité. Nous revenons à la charge pour expliquer que la maternelle est un lieu de socialisation qui permet d’atténuer les écarts sociaux-culturels.

Nous entreprenons donc un effort particulier dans les zones d’éducation prioritaire où nous souhaitons que 30% des enfants de moins de trois ans soient scolarisés. Nous devons montrer aux familles qu’elles ont tout intérêt à confier leurs enfants à l’école maternelle ; c’est le meilleur moyen de leur donner une chance de réussir leur scolarité.

 

Ce matin, l’association de parents d’élèves Apel a demandé l’interdiction du redoublement à l’école primaire. Que répondez-vous ?

Chacun sait que le redoublement n’est pas l’idéal pour l’enfant car il impacte sa confiance en lui et sa socialisation, en le coupant des copains de son âge. Ce n’est pas une bonne solution mais, pour l’heure, nous n’avons pas à notre disposition les accompagnements personnalisés nécessaires qui permettraient à l’enfant d’acquérir les connaissances qui lui manquent sans quitter sa classe d’âge. Nous y travaillons.

Ce qu’il faut de manière générale, c’est une alliance avec les parents dans l’école pour établir un lien et des rapports de confiance entre parents et enseignants. S’ils arrivent à mieux dialoguer, c’est tout le parcours scolaire de l’enfant qui s’en voit amélioré. Ce qui est regrettable, c’est que ces décisions sont parfois prises dans un climat d’affrontement.

 

Vous n’envisagez donc pas de suppression dans la loi pour la refondation de l’école ? 

Non, ce n’est pas à l’ordre du jour.

 

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