Les huîtres vont-elles à leur tour devoir se faire vacciner ? Depuis les années 2000, ces coquillages dont raffolent les Français sont victimes d’un terrible virus découvert aux Etats-Unis: l’OsHV-1 pour ostreid herpèsvirus 1. Il est si puissant qu’il peut décimer entre 50 % et 90 % d’un même groupe d’huîtres âgées de moins d’un an, appelées les naissains.
C’est une véritable menace pour toute l’ostréiculture. En France, 100.000 tonnes d’huîtres sont produites chaque année dont 99% sont creuses, les plus vulnérables à l’herpèsvirus.
Pour les protéger, deux chercheurs de l’Ifremer ont mis au point un vaccin, a révélé le Parisien. Il s’agit en fait d’un « pseudo-vaccin ». En effet les huîtres, et l’ensemble des invertébrés, n’ont pas d’anticorps. En revanche, et c’est là la découverte de l’Ifremer, elles possèdent une mémoire immunitaire extraordinaire.
« Le principe est de mimer une infection avec le même virus OsHV-1 préalablement inactivé, pour permettre à l’huître de développer les armes qui lui permettront ensuite de lutter contre le virus », expliquent les chercheurs Benjamin Morga et Caroline Montagnani sur le site de l’Ifremer.
Et les résultats sont là : 100% des naissains survivent après stimulation. Une fois passé le cap des 12 mois, l’huître est suffisamment robuste pour survivre à d’autres attaques du virus.
Si ces résultats sont encourageants d’après l’Ifremer, les huitres commercialisées ne sont pas près de recevoir leur injection. D’autres tests doivent être effectués. Par ailleurs, un mode simple d’administration doit être défini. On voit mal les conchyliculteurs effectuer à la main, huître après huître, leurs injections.
Et puis à l’heure où les réticences aux vaccins sont d’actualité, il n’est pas sûr que le consommateur adhère sans réserve à ce procédé. Seule certitude : le virus existe déjà dans le milieu marin et il est inoffensive pour l’homme.