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Le président Hu Jintao appelle à un "nouveau modèle de croissance"

Des personnes dans le métro de Shanghai suivent sur un écran le discours du président chinois Hu Jintao à l'ouverture à Pékin du 18e congrès du PCC, le 8 novembre 2012 [Peter Parks / AFP] Des personnes dans le métro de Shanghai suivent sur un écran le discours du président chinois Hu Jintao à l'ouverture à Pékin du 18e congrès du PCC, le 8 novembre 2012 [Peter Parks / AFP]

Le président Hu Jintao a appelé jeudi à un "nouveau modèle de croissance" pour la Chine, confrontée à un net ralentissement économique, qui s'accompagnerait de la fin des privilèges du puissant secteur étatique et d'une réorientation vers la consommation intérieure.

Le numéro un du régime chinois, qui doit passer le relais la semaine prochaine à son successeur désigné, Xi Jinping, a arrêté le double objectif d'un doublement du Produit intérieur brut (PIB) et des revenus de la population entre 2010 et 2020.

Un objectif qui suppose le maintien de la croissance au-dessus de 7% en moyenne. Or celle-ci est tombée à 7,4% au troisième trimestre, en baisse pour le 7ème trimestre consécutif, tandis que le PIB chinois avait augmenté de 10,7% en moyenne entre 2002 et 2011.

De l'avis des analystes, l'économie chinoise reste trop dépendante de l'investissement et des exportations, au détriment de la consommation des ménages, alors que le taux d'épargne est très élevé en l'absence de protection sociale suffisante.

"En réponse aux changements économiques au plan national et international, il faut accélérer la création d'un nouveau modèle de croissance basé sur une qualité et une performance améliorées", a déclaré le numéro un chinois devant plus de 2.200 délégués du 18e congrès du Parti communiste.

Défendant son bilan, qui a vu la Chine se hisser en une décennie de la sixième à la deuxième place dans l'économie mondiale, M. Hu a répété tout au long d'un discours de plus de 90 minutes que l'objectif était d'arriver en 2020 à une "société de moyenne aisance", éliminant la pauvreté.

A la fin de la décennie en cours, "tout notre population sera couverte par la protection sociale et tout le monde bénéficiera des services médicaux et sanitaires fondamentaux", a promis le chef de l'Etat.

Un tel progrès permettrait de donner un coup de fouet à la consommation des ménages, qui ne pèse pour l'instant que moins de 40% du PIB.

Selon une étude publiée le mois dernier par le Boston Consulting Group, la classe moyenne en Chine, dont les revenus sont compris entre 7.300 et 23.200 dollars par an, devrait doubler en nombre d'ici 2020 pour atteindre 50% de la population, contre 28% aujourd'hui.

M. Hu a également appelé à ce que les entreprises privées soient traitées sur un pied d'égalité avec les mastodontes étatiques qui se sont renforcés sous ses deux mandats.

"Nous garantirons aux divers régimes de propriété l'accès égal aux facteurs de production", a-t-il déclaré, alors que les entreprises d'Etat sont favorisées en matière d'accès au crédit.

Il a toutefois ajouté que l'Etat ne ménagerait pas ses efforts en faveur de "la sécurité de l'Etat" ainsi que des "branches clés de l'économie mondiale".

A cette fin, il faudra rendre "l'économie publique plus dynamique, renforcer son pouvoir de contrôle et augmenter son poids", a déclaré Hu Jintao.

Le secteur privé est aujourd'hui dominant au sein des PME qui, selon une étude publiée cette semaine par la banque HSBC, comptent pour 65% du PIB et huit emplois sur dix.

Le rééquilibrage de l'économie chinoise en faveur de la consommation, appelé de leurs voeux par les dirigeants depuis une décennie, est rendu d'autant plus nécessaire que le recours à l'investissement et aux exportations, ses deux principaux moteurs jusque-là, est de plus en plus problématique.

L'Etat ne peut et ne veut plus recourir aux programmes de relance, tel celui de 400 milliards d'euros mis en oeuvre après la crise financière mondiale de 2008.

Couplé à une ouverture très large des vannes du crédit, celui-ci avait permis une accélération de la réalisation de grandes infrastructures, soutenant la demande intérieure. Mais au prix d'une accélération de l'inflation, qui a culminé à 6,5% en juillet 2011.

La croissance du commerce extérieur, et surtout des exportations, est tombée quant à elle à moins de 10% cette année, contre plus de 20% l'an passé, en raison de la mauvaise conjoncture internationale, notamment en Europe, premier débouché des produits chinois.

Dans le secteur financier, Hu Jintao a enfin réaffirmé la volonté de la Chine de libéraliser des taux d'intérêt encore fortement encadrés par la banque centrale, et d'accélérer "le développement des établissements financiers privés".

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