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Littérature : ces huit nouveaux romans à lire absolument

Retrouvez une sélection de huit romans que la rédaction de CNEWS vous recommande. [DR]

Par vagues, la rentrée littéraire a déposé chaque semaine ses nouveautés sur les rayons des libraires. Et cette année encore, elle a été foisonnante et très riche en découvertes avec plus de 500 publications. Voici une sélection de huit romans que la rédaction de CNEWS vous recommande.

«Ceci n'est pas un fait divers», de Philippe Besson

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Vous ne sortirez pas indemne de ce nouveau roman de Philippe Besson. Après «Paris-Briançon», l'écrivain revient avec un nouveau texte coup-de-poing, «Ceci n'est pas un fait divers», où il s'empare d'un sujet de société plus que jamais dans l’actualité : le féminicide.

Tout commence par un coup de fil : «Papa a tué maman». Quatre mots cinglants prononcés par Léa, 13 ans, à son frère aîné, exilé dans la capitale pour devenir danseur à l'Opéra de Paris. Mais ce bref échange l'oblige à rentrer précipitamment en province, pour retrouver sa soeur qui a quant à elle assisté au drame. 

Au cours des premiers chapitres, le lecteur suivra les débuts de l'enquête de police, assistant à la mise sous scellée de la maison, ou encore à la fuite de son propre père, le meurtrier de la femme qu'il a jadis aimé. Car l'histoire de Philippe Besson revient surtout sur l'époque où le couple était heureux, sur leur coup de foudre, mais également sur la jalousie maladive du mari, signe invisible du drame à venir.

Pourquoi on a aimé ? Les féminicides ne sont pas de simples faits divers, coincés dans nos rubriques entre un accident de la route et un cambriolage. Chaque année, des centaines de femmes meurent sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, sans que l'Etat ne réagisse. Ces actes odieux brisent également derrière eux des centaines de familles, des enfants divisés entre un père violent et une mère assassinée. Dans ce nouveau roman, Philippe Besson nous plonge avec pudeur et justesse dans ces drames de famille.

«Ceci n'est pas un fait divers» de Philippe Besson, éd. Julliard, 204 pages, 20 euros.

«Dieu sur Terre», de Thomas Fersen

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Nous le connaissions chanteur, nous le découvrons écrivain talentueux. Thomas Fersen sort à l'occasion de cette nouvelle rentrée littéraire son premier roman, «Dieu sur Terre», aux éditions de l'Iconoclaste. Un livre écrit sous la forme d’un journal intime mêlant des tranches de vie de sa propre jeunesse et des apparitions de son frère aîné, qu'il qualifie de Dieu sur Terre, mais... qui n’a jamais existé.

Famille, puberté, rencontres amoureuses, désirs, amitiés...Dans le Ménilmontant et le Pigalle des années 1960 et 1970, Thomas Fersen prête une partie de sa mémoire à son héros. Il déambule de sa chambre jusque dans les rues parisiennes en quête d'amour et de liberté, jusqu'à découvrir ses deux passions qui l'animeront pour le restant de sa vie : l'écriture et la musique.

Pourquoi on a aimé ? C'est poétique, drôle et touchant à la fois. Thomas Fersen écrit comme il chante. Il nous emmène dans son monde fantasque, où l'on ne voit pas les minutes et les pages s'écouler. Et si vous voulez prolonger le plaisir, n'hésitez pas à aller voir son spectacle. Accompagné sur scène de trois musiciens, il ponctue son monologue de chansons de son répertoire, qu'il est agréable de fredonner à ses côtés.

«Dieu sur Terre» de Thomas Fersen, éd. L'Iconoclaste, 273 pages, 20 euros.

«Shamane», de marc Graciano

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Dans l'imaginaire de Marc Graciano, le «Shamane» est une femme qui mène dans les bois une existence vagabonde, avec pour unique demeure un vieux camion aménagé qu’elle déplace selon ses envies, mais toujours dans une nature dénuée de présence humaine. Seuls semble compter pour elle l'écoulement du temps et les échos du vivant. En complète harmonie avec la nature et le dénuement matériel, elle s'abandonne gaiement à la jouissance de ses sens. Mais cette solitude sera rompue par l'arrivée d'une randonneuse et d'un homme de passage.

Derrière l'histoire, on retiendra surtout l'écriture de Graciano, qui ne laisse pas au lecteur le temps de respirer. Vous ne trouverez pas de paragraphes pour vous poser. Au contraire, sa plume vous aspirera. Les gestes de l'héroïne sont détaillés à l'extrême sur plusieurs lignes, voire plusieurs pages. Le tout sans aucune ponctuation, seulement entrecoupé de «et» ou de «puis». La lenteur de ce livre est une pause dans un notre quotidien virevoltant, mais le dernier chapitre de ce livre, le 16eme, est un véritable coup de théâtre auquel on ne s'attend absolument pas. Un ultime chapitre qu'on vous invite à relire pour mieux comprendre la structure en miroir de ce roman plus que troublant.

Pourquoi on a aimé ? Un roman inclassable. Avec Shamane, Marc Graciano nous plonge dans un monde magique, hypnotique grâce à une écriture précise et maîtrisée du premier au dernier mot. Encore un très joli coup d'éclat des éditions Le Tripode.

«Shamane» de Graciano, éd. Le Tripode, 192 pages, 20 euros.

«Anna Thalberg», d'Eduardo Sangarcia

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Un premier roman déjà très remarqué où Eduardo Sangarcia plonge le lecteur au XVIe siècle, dans une Allemagne où les chasses aux sorcières battaient leur plein.

Dénoncée par une voisine, la très jolie rousse Anna Thalberg est brutalement enlevée par des hommes et jetée en prison en attendant son procès. Accusée de sorcellerie, elle est promise à la torture et à une mort certaine sur le bûcher, supplice réservé aux sorcières. Or, dehors, son mari cherche en vain de l'aide. Mais, voisins et amis n'ont que faire de cette femme. Seul, un prêtre, dont la foi vient d'être mise à mal, tentera de prouver qu'Anna est innocente. En vain. 

Inspiré largement de faits réels, ce roman est un condensé historique de la cruauté des hommes envers les femmes, et de leur soif de pouvoir. Mais ici, vous trouverez surtout une dénonciation du fanatisme, plus qu'une critique de la religion. 

Pourquoi on a aimé ? Ce livre est un voyage dans les heures les plus noires de l'Église. Au-delà de la dureté de cet écrit, la prose d'Eduardo Sangarcia est empreinte de poésie et chaque détail ou sensation, ont leur importance. Une lecture unique et brûlante à la fois.

«Anna Thalberg» de Eduardo Sangarcia, éd. La Peuplade, 159 pages, 18 euros.

«Devenir lionne», de Wendy Delorme

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Cette nouvelle rentrée littéraire est également marquée par la publication du deuxième roman dans la récente et très jolie collection «Bestial», aux éditions JC Lattès : «Devenir Lionne» de Wendy Delorme.

L'écrivaine, que l'on avait adorée avec «Viendra le temps du feu» (éd. Cambourakis), revient dans ce nouveau livre sur sa fascination pour la figure de la lionne. Et sous sa plume, la lionne s'érige en symbole de la puissance féminine, permettant ainsi à l'autrice d'aborder en parallèle la domination, la domestication et l'enfermement. Fortement inspirée de sa vie, Wendy Delorme livre en toute pudeur aux lecteurs des épisodes traumatiques de son existence, comme lorsqu'elle a été victime elle-même d'un prédateur à l'âge de 20 ans. Une expérience qui l'a obligée à révéler la lionne qui rugit en elle, pour s'échapper et ne plus accepter à l'avenir de telle relation.

Pourquoi on a aimé ? Wendy Delorme revient avec un texte juste et puissant autour de la rencontre entre une lionne en captivité et une femme jadis captive. Mais cet essai nous rappelle surtout que la liberté est avant tout une conquête.

«Devenir lionne» de Wendy Delorme, éd. JC Lattès, 216 pages, 19 euros.

«Bivouac», de Gabrielle Filteau-Chiba

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Après «Encabanée» et «Sauvagines», la Québécoise Gabrielle Filteau-Chiba renoue avec ses personnages Anouk et son amoureuse Raphaëlle, dans son nouveau roman «Bivouac». Le dernier volet de cette trilogie se poursuit là où l'autrice nous avait laissés, dans une yourte en Gaspésie. On les retrouve ici intégrés dans une communauté agricole, la Ferme d'Orléane, qui expérimente une nouvelle façon de vivre et de travailler en parfaite harmonie avec la nature.

A ce duo, va s'ajouter un troisième protagoniste, que nous avions déjà croisé dans «Encabanée» : Riopelle, un artiste-peintre devenu farouche militant écologiste. Car «Bivouac», c'est avant tout l'histoire d'un combat pour protéger un arbre centenaire de Kamouraska, menacé par l'industrie pétrolifère et plus précisément par le passage d'un oléoduc.

Pourquoi on a aimé ? Il s'agit une fois encore d'un très bel hommage à la nature. Gabrielle Filteau-Chiba, jamais moralisatrice, offre aux lecteurs une vision du combat écologique que l'homme doit mener s'il veut protéger la planète face aux intérêts politiques et économiques. L'écriture incisive et poétique à la fois, vous happera, avec cet espoir qu'un monde meilleur est encore possible.

«Bivouac» de Gabrielle Filteau-Chiba, éd. Stock, éd. 368 pages, 22 euros.

«Jusqu'au prodige», de Fanny Wallendorf

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Dans ce troisième roman «Jusqu'au prodige», publié aux éditions Finitude, l'autrice Fanny Wallendorf raconte l’histoire de la fuite d’une femme au cœur du Vercors, haut-lieu de la Résistance, pendant la Seconde Guerre mondiale. 

Jetée sur les routes de l'exode, Thérèse est une jeune femme recueillie dans une ferme, mais où elle finira par être séquestrée par le «Chasseur», pendant des années. Elle sera chargée de surveiller et de nourrir les animaux qu'ils gardent également captifs, des espèces rares qu'il qualifie de «trophées vivants». Une collection que l'homme espère agrandir avec le «Prodige», surnom donné à ce grand renard noir aux apparitions très rares. Mais Thérèse a d'autres projets : retrouver son frère Jean, devenu résistant. Et au lendemain du débarquement, profitant de l'absence de son geôlier, elle s'enfuira par la forêt qu'elle connaît par coeur. Sauf que les Allemands sont toujours là, prêts à en découdre avec les maquisards. Pendant trois jours et trois nuits, le lecteur suivra l'échappée de Thérèse à travers les reliefs du Vercors, à la recherche de son frère.

Pourquoi on a aimé ? «Jusqu'au prodige» est un conte partagé entre l'horreur, dont l'homme est responsable, et le beauté de la nature. Court et intense, ce roman ne vous laissera pas reprendre votre souffle.

«Jusqu'au prodige» de Fanny Wallendorf, éd. Finitude, 103 pages, 14,5 euros.

«Tempêtes et Brouillards», de Caroline Dorka-Fenech

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Quel plaisir de retrouver la plume de Caroline Dorka-Fenech. Après «Rosa Dolorosa», elle revient cet hiver avec un texte tout aussi puissant, «Tempêtes et brouillards». S'inspirant du Roi Lear de Shakespeare, ce nouveau roman revient sur la relation entre un père et sa fille.

Dernière-née d'une fratrie de trois enfants, Carina a toujours eu un lien privilégié avec son père. Mais quand elle apprend qu'il part s'installer pour sa retraite au Maroc, elle ne comprend pas. Sur place, il rencontre une très jeune femme, se convertit à l'Islam et finit par déshériter ses enfants. Là encore, c'est un nouveau coup dur pour elle. Entre consternation et jalousie, Carina craint de ne plus être aimée, ne plus être la préférée de son père. Des questions qui vont la tourmenter et réveiller en elle des souvenirs sur cette figure paternelle violente et absente.

Pourquoi on a aimé ? Comme pour son premier roman, Caroline Dorka-Fenech revient sur le thème de la transmission et de la famille. Un texte intime, sincère qui bouscule telle une tempête intérieure, et laissera le lecteur bouleversé.

«Tempêtes et brouillards» de Caroline Dorka-Feneck, éd. La Martinière, 240 pages, 18,50 euros.

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