En direct
A suivre

La semaine de Philippe Labro : Poutine au centre du jeu, Lhermitte au pouvoir

Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste. [THOMAS VOLAIRE ]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour DirectMatin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

 

LUNDI 9 SEPTEMBRE

Dans la nuit, à Flushing Meadows, Nadal, 27 ans, remporte l’US Open de tennis en battant Djokovic en quatre sets. C’est son treizième Grand Chelem. Difficile de faire plus fort, plus impressionnant. Fibak, l’ancien joueur polonais, que Djokovic avait engagé comme consultant et coach dira : «C’est comme Chopin qui était né pour composer de la musique. Nadal est né pour gagner des matchs de tennis.»

 

LUNDI 9 SEPTEMBRE

Poutine réussit un coup de théâtre, coup de poker, coup d’éclat. Le président russe, qui n’a jamais accepté le manque de considération dont il estime que la Russie a été l’objet depuis le démantèlement de l’empire soviétique («une catastrophe», a-t-il toujours dit), propose un plan pour contrôler et, éventuellement, éliminer toutes les armes chimiques de la Syrie de Bachar al-Assad.

Son initiative fait bouger les cartes. Oblige le Sénat américain à retarder un vote qui aurait, sans doute, nui à Obama, ce qui au fond, par un effet ricochet, «sauve» ce dernier d’une possible humiliation. Tout indiquait qu’à Washington, les membres du Congrès lui auraient refusé leur confiance pour des frappes militaires. En un seul mouvement, comme au poker ou, encore mieux, au jeu d’échecs, la situation change. Mais on n’en est qu’à une étape.

De leurs côtés, Français et Américains sont en droit de dire :– Si nous n’avions pas brandi la menace, la Russie n’aurait pas bougé.

Un expert me fait remarquer que Poutine voulait (et veut) à tout prix éviter la démonstration de la force et la puissance militaire et technique des Etats-Unis – car il est «obsédé par la supériorité américaine dans ce domaine». En se replaçant au centre du jeu, le redoutable et expérimenté Poutine peut ainsi apparaître comme ce qu’il craignait de ne plus être : l’homme fort d’un pays fort.

 

MARDI 10 SEPTEMBRE

J’assiste à l’avant-première du film de Bertrand Tavernier, Quai d’Orsay, adapté d’une hilarante et talentueuse BD qui parodiait les aventures et gesticulations d’un ministre des Affaires étrangères, caricature d’un modèle : celui de Dominique de Villepin. Délicate mission pour Thierry Lhermitte : incarner, à l’écran, ce que dans la vie réelle, lorsqu’il était au Quai, fut Villepin.

Les dialogues sont brillants, il y a des scènes très réussies, d’autres moins. Car la fiction et l’invention ne peuvent se substituer à la réalité.

Je note, au passage, le formidable interprète qu’est Niels Arestrup, qui joue le rôle du secrétaire général du Quai – accablé par les foucades de son ministre, sachant, d’une voix douce, blasée, apaisante, lourde d’une expérience sans prix, tenter de rétablir l’ordre dans un climat de désordre intégral.

Le pouvoir politique demeure une des matières premières du cinéma. C’est dû à l’influence des séries télé américaines comme West Wing et House of Cards. Il y a aussi le Danemark, avec Borgen, que je recommande (la troisième saison démarre sur Arte, début octobre).

 

MERCREDI 11 SEPTEMBRE

Ça vous dit quelque chose, cette date ? C’était il y a douze ans, déjà. A New York, par un ciel clair, les tours du World Trade Center s’effondraient, éventrées en leur sommet par des avions pilotés par les kamikazes de Ben Laden.

On remarque que l’Amérique, en ce douzième anniversaire, a été plutôt discrète – comme si c’était déjà loin. Mais c’est toujours là : tout citoyen américain conserve dans sa mémoire les images de cette journée qui ouvrit les portes du XXIe siècle

 

Retrouvez tous les éditos de Philippe Labro

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités