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Michelle Pfeiffer, « The Face »

Michelle Pfeiffer en 2007 lors de l'avant-première de Stardust[CC/JeremiahChristopher]

Elle n’a de français que le prénom. Sa silhouette gracile et son visage de madone ont fait d’elle une des stars les plus adulées du 7e Art. Retour sur la carrière d’une comédienne qui a joué avec les plus grands, de Tim Burton à Stephen Frears en passant par Brian de Palma, Luc Besson, Martin Scorsese ou encore Robert Zemeckis.

 

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Dans les années 1980 et 1990, Hollywood l’a érigée en véritable icône... avant de la bouder la décennie suivante. C’est un fait : Michelle Pfeiffer a été particulièrement choyée par les fées. Ses yeux félins aux nuances changeantes (ils semblent constamment hésiter entre le bleu, le gris et le vert), son teint diaphane et la régularité de ses traits fascinent. Séduit par ce mélange d’érotisme et de réserve, Hollywood la baptise très vite «The Face» («Le visage»). Pourtant, la comédienne semble n’avoir jamais été à l’aise avec son physique, notamment avec ses jambes, qu’elle trouve trop maigres. A tel point qu’elle a horreur de se mettre en bikini sur la plage. Au magazine américain Esquire elle confie même qu’elle a horreur de voir ses films : « Une fois, j’ai réussi à (me) regarder une quinzaine de minutes, mais j’étais dans un piteux état. Je sursautais sur mon divan. C’était une véritable souffrance ».

Fausse modestie ou véritable complexe ? Difficile à dire. Enfant, elle n’était pas du genre à se contempler dans le miroir. Très grande pour son âge, les cheveux courts, la petite Michelle est plutôt garçon manqué. Elle préfère les jeux masculins aux contes de fées. Pourtant, tout a démarré très tôt. Peut-être lors des parades électriques de Disneyland, où elle incarnait une toute jeune Alice au pays des merveilles. Ou lorsque le morne quotidien de son job de caissière (pour payer ses cours d’art dramatique) l’a poussée à voir si l’herbe était plus verte ailleurs. Entre-temps, la jeune fille avait déjà remporté un concours de beauté et le titre de miss Orange County, en Californie.

 

Vidéo : Michelle Pfeiffer dans Grease 2 (Patricia Birch, 1982)

 

 

Sa carrière débute à la télévision, dans les séries Delta House et Chips. Après un rôle en 1980 dans la comédie pour adolescents The Hollywood Knights (Floyd Mutruc, 1980), elle succède deux ans plus tard à Olivia Newton-John dans la suite de Grease (Patricia Birch, 1982). Le film est un échec, mais sa carrière est lancée.

 

Vidéo : Michelle Pfeiffer dans Scarface (Brian de Palma, 1983)

 

 

En 1983, Brian De Palma lui offre le rôle de la maîtresse droguée d’Al Pacino dans Scarface : « J’ai connu une de mes plus grandes hontes lors de l’audition », confie-t-elle au magazine Paris Match. « On répétait la scène finale dans le club où je renverse de la main les verres et les bouteilles posées sur la table. Je me suis exécutée, mais en nettoyant, les assistants ont trouvé du sang (...) Tout le monde s’est tourné vers Al Pacino. Il était profondément entaillé au bras. Je me suis dit : “J’aurai jamais le rôle.” Et lui, il a ri. Il parait même que cet incident a joué en ma faveur ! ». La suite, on la connaît : Jack Nicholson, Mel Gibson, ou encore Robert Redford, pour ne citer qu’eux : la carrière de Michelle croise les grands noms du cinéma américain. Au risque de rester dans l’ombre de ses partenaires masculins ? Ce ne fut pas le cas.

 

Vidéo : Michelle Pfeiffer dans Les Liaisons dangereuses (Stephen Frears, 1988)

 

 

La consécration

La comédienne poursuit son chemin à Hollywood et s’essaie à tous les genres. Envoûtante en femme faucon dans le conte fantastico-médiéval Ladyhawke, la femme de la nuit (Richard Donner, 1985), elle crève l’écran trois ans plus tard dans Les sorcières d’Eastwick (George Miller, 1987), son premier vrai succès commercial. Désormais elle ne cesse plus de tourner : tête d’affiche dans Tequila Sunrise (Robert Towne, 1988) en 1988, elle se voit ensuite nommée à l’oscar du meilleur second rôle féminin pour son interprétation troublante de madame de Tourvel dans Les liaisons dangereuses (Stephen Frears, 1988). L’année suivante, Susie et les Baker Boys (Steven Kloves, 1989) lui apporte la consécration avec un Golden Globe et une nouvelle nomination aux oscars. Michelle Pfeiffer entre dans la légende avec une scène d’anthologie, où on la retrouve lascive en robe rouge sur un piano noir.

 

Vidéo : Michelle Pfeiffer dans Susie et les Baker Boys (Steven Kloves , 1989)

 

Fabulous Baker Boys / Part 3 par Albeiro_Parce

 

Vidéo : Michelle Pfeiffer est Catwoman dans Batman, le défi (Tim Burton, 1992)

 

 

Après des retrouvailles ratées en 1991 avec Al Pacino (Frankie et Johnny, Garry Marshall, 1991), l’actrice accède au rang de fantasme en portant la combinaison moulante de Catwoman dans Batman, le défi (Tim Burton, 1992). Sous l’œil avisé de Tim Burton, Michelle souffre du manque de confort de son costume, au point de refuser de reprendre le rôle. « Batman est un film où elle aurait pu être ridicule », reconnaît Marc Toullec, journaliste à Ciné Live. « Ce film a prouvé qu’elle pouvait prendre des risques avec des rôles qui sortent de la norme », poursuit-il. Ainsi, son rôle de femme libre dans Le temps de l’innocence (Martin Scorsese, 1993), où elle renoue avec les films d’époque. Un genre qui lui va à merveille : « Elle a un visage magnifique mais un peu daté », concède Laurent Delmas.

Si sa carrière devait s’arrêter, les cinéphiles retiendraient deux rôles en costume : Les liaisons dangereuses et Le temps de l’innocence. Ce dernier marque étrangement le début d’une seconde partie de carrière qui s’essouffle.

 

Vidéo : Michelle Pfeiffer dans Le Temps de l’innocence (Martin Scorsese, 1993)

 

 

De la difficulté de vieillir à Hollywood

A partir de la fin des années 1990, les rôles se suivent et se ressemblent. Sans compter les rôles qu’elle a elle-même refusé. Le rôle de Clarice Starling dans le Silence des agneaux avait d’abord été proposé à Michelle Pfeiffer, avant d’être finalement donné à Jodie Foster. La comédienne est également passée à côté du rôle de Catherine Tramell dans Basic Instinct, qui rendra célèbre Sharon Stone. Mais c’est elle qui a refusé, à cause des scènes de sexe : «Je suis très pudique et pas très à l’aise avec mon corps », confie-t-elle.

Michelle Pfeiffer semble être cantonnée au même registre, celui des comédies romantiques un peu lisses, parfois sirupeuses (Personnel et confidentiel, Un beau jour, Une vie à deux). « Elle a sans doute cédé à une certaine facilité commerciale », admet Laurent Delmas. « Mais les studios ont manqué d’imagination. Elle avait une beauté plastique évidente, mais aussi un potentiel dramaturgique qu’ils n’ont pas su exploiter ».

 

Vidéo : Michelle Pfeiffer dans Hairspray (Adam Shankman, 2007)

 

 

Après une succession de bons résultats au box-office, la comédienne peut exiger plus de 12 millions de dollars par film. Mais ses cachets vont rapidement être revus à la baisse. A cette époque, elle souhaite prendre ses distances pour se consacrer à sa famille. Michelle Pfeiffer est mariée à David E. Kelley, producteur notamment de la série Ally McBeal. Ils ont adopté une fille, Claudia Rose (14 ans) et ont également eu un fils, John Henry, âgé de 13 ans. Avant de dévoiler ses charmes, Michelle demande toujours l’avis de ses enfants.

Or, à force de vouloir se faire oublier, Hollywood va finalement la prendre au mot. L’âge avançant, les propositions se font plus rares. Les succès commerciaux aussi (Aussi profond que l’océan, ou Sam je suis Sam sont des échecs). « Les actrices de mon âge se voient proposer toujours les mêmes rôles. Hollywood est obsédé par la jeunesse», confie-t-elle récemment à Paris Match. Il est vrai que dans une industrie qui ne supporte pas les actrices nées avant 1970, Michelle ne fait pas figure d’exception. En témoignent les secondes parties de carrière de ses consœurs Demi Moore et Sharon Stone. La seule qui semble vraiment tirer son épingle du jeu est Meryl Streep. Laurent Delmas la compare à Michelle Pfeiffer : « Elles ont ce même visage qui devient plus intéressant avec la maturité ». Et de poursuivre : « Michelle Pfeiffer pourrait connaître elle aussi un second souffle dans sa carrière. Il faudrait qu’un réalisateur comme Clint Eastwood lui offre un rôle à la mesure de Sur la route de Madison ».

 

Vidéo : Bande-annonce de Cheri (Stephen Frears, 2009)

 

 

En 2009, Michelle Pfeiffer retrouve Stephen Frears, le réalisateur des Liaisons Dangereuses, pour Cheri, une adaptation de deux nouvelles de Colette. Le film, qui aurait pu signer son grand retour sur le devant de la scène, est un échec commercial bien que l’actrice ait retenu l’attention des critiques. Après une pause de deux ans, elle incarne, aux côtés de Johnny Depp, Helena Bonham Carter et Eva Green, un des membres de la famille Collins dans une nouvelle adaptation du feuilleton des années soixante-dix, Dark Shadows (Tim Burton, 2012) qui lui permet de retrouver, près de vingt ans après, son réalisateur de Batman, le défi. Après une apparition dans la comédie romantique Happy New Year (Garry Marshall, 2011) où elle se laisse séduire par Zac Efron, elle joue en 2013 dans Malavita où elle est dirigée pour la première fois par Luc Besson et retrouve par la même occasion Robert de Niro, son partenaire de Stardust, le mystère de l’étoile (Matthew Vaughn, 2007).

 

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