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Robert de Niro, acteur de légende

Robert de Niro en 1998[CC/Agon S. Buchholz]

Après quarante ans d’une carrière jalonnée de films cultes, Robert De Niro est un des monstres sacrés du cinéma américain. Portrait d’un comédien dont la filmographie recense certains des meilleurs films produit par le cinéma d’outre-Atlantique au cours des quatre dernières décennies.

 

Archive – Article publié le jeudi 9 octobre 2008

 

En 1968, la France vit au rythme de la révolte étudiante. De l’autre côté de l’Atlantique, c’est le cinéma qui s’apprête à vivre une mini révolution. Trois réalisateurs italo-américains, revendiquant l’influence de la nouvelle vague française, sont en passe de prendre le pouvoir à Hollywood. A cette époque, Francis Ford Coppola, Brian De Palma et Martin Scorsese réalisent leurs premiers longs métrages. Il ne leur faudra que quelques années pour s’imposer dans le cercle des plus grands metteurs en scène de leur génération, à l’instar de Steven Spielberg. Hormis leurs origines, les trois apprentis cinéastes ont un point commun : un jeune acteur, débutant comme eux, qui va accompagner leurs premiers pas dans le 7e art et prendra part à presque tous leurs principaux chefs-d’œuvre. Un fils d’immigrés italiens comme eux, répondant au nom de Robert De Niro.

 

Vidéo : Robert de Niro dans Le Parrain 2 (Francis Ford Coppola, 1974)

 

 

Les débuts

Contrairement à l’idée communément admise, ce n’est pas devant la caméra de Martin Scorsese que le jeune homme, né dans le Bronx le 17 août 1943, fait ses débuts. C’est en fait Brian De Palma qui lui confie son premier vrai rôle en 1968 dans le film Greetings. Un rôle qu’il reprendra deux plus tard dans Hi, Mom !, à l’occasion de sa troisième collaboration avec le réalisateur, après être apparu également dans The Wedding Party. En 1970, Brian De Palma présente son acteur à l’un de ses amis et confrères, Martin Scorsese. Le courant passe tout de suite entre les deux hommes, nés à quelques rues de distance.

 

Vidéo : Robert de Niro dans Mean Streets (Martin Scorsese, 1973)

 

 

Et en 1973, Robert De Niro interprète l’un des personnages principaux de Mean Streets, troisième réalisation de Scorsese. Le comédien commence à se faire remarquer, et le succès ne se fait pas attendre. Il rejoint ensuite le casting prestigieux du Parrain. Dans le deuxième épisode de la saga de Francis Ford Coppola, il campe le Vito Corleone des jeunes années, joué à l’âge adulte par Marlon Brando. Sa prestation lui vaut l’oscar du meilleur second rôle en 1974. Les années qui suivent relèvent du parcours sans faute. En six ans, Robert De Niro enchaîne avec constance les œuvres majeures. Scorsese fait de lui son acteur fétiche : ensemble, ils tournent New York, New York puis Raging Bull.

 

Vidéo : Robert de Niro dans Le Dernier Nabab (Elia Kazan, 1976)

 

 

Et lorsque le comédien fait des infidélités à son alter ego, c’est pour frayer avec du beau monde. Il tourne ainsi successive- ment avec Bernardo Bertolucci (1900), Elia Kazan (Le dernier nabab) et Michael Cimino (Voyage au bout de l’enfer). Au tournant des années 1980, il est considéré par tous comme l’un des plus talentueux comédiens de sa génération. Un statut officieux que vient confirmer son oscar du meilleur acteur, récompense plus que méritée pour son interprétation du boxeur Jake La Motta dans Raging Bull.

 

Vidéo : Robert de Niro dans Raging Bull (Martin Scorsese, 1980)

 

 

Par la suite, De Niro poursuit sur sa lancée. S’il essuie ses premiers revers vis-à-vis de la critique, il continue à enrichir sa filmographie de joyaux, entrés depuis au panthéon du cinéma. Impossible de s’attarder sur chacun d’eux tant ils sont nombreux, mais on citera tout de même Il était une fois en Amérique de Sergio Leone, Brazil de Terry Gilliam, Les incorruptibles de Brian De Palma, puis Les affranchis de l’inséparable complice Scorsese.

                                                    

Vidéo : Robert de Niro dans Brazil (Terri Gilliam, 1985)

 

 

Jusqu’au-boutiste

En un peu plus de vingt ans de carrière, l’enfant du Bronx ne s’est éloigné du firmament qu’à l’occasion de très épisodiques faux pas. A tel point que la liste de ses films pourrait se confondre avec un palmarès regroupant le meilleur du cinéma américain de la seconde moitié du XXe siècle. Si son talent, la pertinence de ses choix dans les scripts qu’il accepte et les réalisateurs avec lesquels il décide de travailler sont unanimement loués, c’est surtout la manière qu’il a d’appréhender ses rôles qui impressionne. Perfectionniste comme Meryl Streep, Robert De Niro pousse en effet très loin la préparation pour incarner au plus juste les personnages qu’il joue. Qu’il s’agisse de cerner leur psychologie ou de modifier son apparence physique pour leur ressembler, la méthode De Niro est jusqu’au-boutiste.

 

Vidéo : Robert De Niro dans Les Nerfs à Vif (Martin Scorsese, 1991)

 

 

Les anecdotes à ce propos sont légion. On rapporte ainsi qu’avant le tournage de Taxi Driver, il a consacré de nombreuses nuits à suivre des chauffeurs new-yorkais dans leur service, pour s’imprégner de la solitude de leur quotidien. Pour interpréter le jazzman de New York, New York, il apprend à jouer du saxophone. Dans Raging Bull, qui retrace la descente aux enfers d’un ancien champion du monde de boxe, il choisit de prendre 30 kg pour traduire la déchéance physique de l’ancien sportif, plutôt que de porter une prothèse comme on le lui propose. Et lorsqu’il doit prêter ses traits à un tueur dans Les nerfs à vif, il verse 5 000 dollars à un dentiste pour qu’il le dote de chicots sales et endommagés, puis paie quatre fois cette somme pour retrouver sa denture initiale.

 

Vidéo : Face à face Robert de Niro / Al Pacino dans Heat (Michael Mann, 1995)

 

 

Une carrière inégale

Au cours des années 1990, l’excellence qui caractérisait jusqu’alors le parcours de Robert De Niro connaît quelques défaillances. Le comédien commence à se hasarder sur des chemins de traverse qu’il n’avait jamais empruntés. Ses choix sont parfois contestables, et sa filmographie laisse apparaître quelques opus qui ne devraient pas faire date. Mais si le comédien se risque dans des comédies ou des films d’action contestables, une nouvelle pépite vient régulièrement rappeler qu’il demeure un immense acteur.

 

Vidéo : Robert de Niro dans Jackie Brown (Quentin Tarantino, 1997)

 

 

On pense notamment à sa dernière collaboration avec Martin Scorsese, pour Casino, en 1995, à Heat, de Michael Mann, la même année ou encore à sa prestation hilarante en 1997 dans Jackie Brown, devant la caméra de Quentin Tarantino. Ce tarissement relatif des œuvres majeures ne semble pas inquiéter le principal intéressé qui demeure un acteur ultra «bankable» et qui perçoit régulièrement des cachets de 20 millions de dollars.

 

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