En direct
A suivre

Un exode effrayant, par Pierre Ménès

Pierre Ménès, chroniqueur de Direct Matin. [MERIADECK POUR DIRECTMATIN]

Ce mercato d’hiver restera par­ticulièrement meurtrier pour no­tre Ligue 1.

Parfois, la vie a besoin de preuves par l’absurde. Voir quasiment un seul club, Newcastle en l’occurrence, piller joyeusement le réservoir de forces vives de notre championnat est plus qu’inquiétant : c’est effrayant. Il y a évidemment plusieurs raisons à ce si inquiétant phénomène. Et même si ce n’est pas le plus agréable, il me semble utile d’en faire le tour.

 

Situations conflictuelles 

Yann M’Vila poussé vers la sortie à Rennes autant pour des soucis d’équilibre financier que par une volonté commune entre le joueur et le club de se séparer. Les Montpelliérains Mapou Yanga-Mbiwa et Younès Belhanda houspillés une énième fois par leur président Louis Nicollin, Moussa Sissoko quasiment pris en otage par Toulouse.

En France, on a souvent coutume, surtout depuis l’affaire du bus de Knysna lors de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, de stigmatiser le comportement des joueurs. Mais sur ce mercato hivernal, on ne peut pas dire que nos clubs aient eu une attitude reluisante.

Le cas Sissoko est le plus invraisemblable, puisqu’il se trouve écarté par le président Olivier Sadran parce qu’il souhaite aller au bout de son contrat en juin prochain. On croit rêver, et le très autoritaire président toulousain aura l’air fin la prochaine fois qu’un joueur demandera à partir au beau milieu de son contrat. Il ne peut y avoir deux poids deux mesures.

On n’oubliera pas le départ de l’OM de Loïc Rémy et les déclarations amères de l’international tricolore au sujet des dirigeants olympiens après sa signature au Queens Park Rangers.

 

Impératifs économiques 

Evidemment, la santé financière de nos clubs de L1 est compliquée pour ne pas dire précaire. Jean-Michel Aulas veut (doit ?) alléger sa masse salariale et faire rentrer des liquidités à l’OL. Louis Nicollin prend très vite la mesure du gros échec européen de Montpellier. Nancy pense à ses finances avant son possible maintien sportif en L1.

Nos clubs ont besoin d’alléger leurs masses salariales, Lille en est un bon exemple, victimes de leurs trop bons résultats. Pour schématiser, lorsqu’un club français obtient de trop bons résultats, les salaires explosent, parce que les clubs n’ont pas vraiment les ressources pour se renforcer, et dès que les résultats sont en baisse ou que la Ligue des champions s’éloigne, c’est la catastrophe. Marseille, Lyon, Lille et Montpellier vivent cette situation paradoxale et compliquée.

 

L’attractivité de la Premier League 

Si on met de côté le départ de M’Vila au Rubin Kazan (c’est là aussi où le Stade Rennais a encaissé le plus gros chèque), il ne faudrait pas tomber dans l’excès couramment répandu depuis quelques jours : en clair, les Rémy, Gouffran, Yanga-Mbiwa et autres partent s’enterrer dans des équipes anglaises pourries.

Pourtant, soyons objectifs deux secondes. Est-il plus excitant de jouer à Newcastle qu’à Montpellier ? Si on met le soleil de côté, la réponse est évidemment oui. Bien sûr, Rémy va jouer le maintien avec QPR. Mais si la relégation est évitée, il se retrouvera dans un club avec de sérieux moyens et à Londres.

Le mépris qu’on affiche ici pour les championnats étrangers est plus qu’injuste. Il est stupide.

 

La peur de l’impôt 

Il ne faut pas être faux-jeton et mettre de côté la pression fiscale promise par le nouveau gouvernement. Même si le projet de 75 % d’impôts au-delà d’un million d’euros de revenus a été retoqué par le Conseil constitutionnel, on sait que François Hollande et ses ministres cherchent une nouvelle formule. Evidemment, pour les footballeurs, une aventure à l’étranger doublée d’avantages fiscaux non négligeables devient plus que tentante. A moins de se vautrer dans la bien-pensance, c’est difficilement blâmable.

 

Quelles solutions ?

Faire cet amer constat n’est pas réjouissant. Il y a des solutions et elles passent, à mon sens, par une réduction de l’élite. Une Ligue 1 à vingt clubs, une Coupe de France et une Coupe de la Ligue (régulièrement bradées par de nombreuses équipes de l’élite) ne peuvent cohabiter. Mieux vaut deux compétitions mieux dotées que trois au rabais. Mais pour proposer ça, il faut du courage. La ligue et son président en sont-ils capables ?

Bref, l’heure est à la morosité. Et quand on voit le comportement des clubs de L1 en Coupe de France en ce milieu de semaine, il n’y a vraiment rien pour se remonter le moral. 

 

Et aussi sur Directmatin.fr : 

Un 11 de départ 100% français à Newcastle ?

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités