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Aubry agace l'exécutif avant une rentrée politique très délicate

Martine Aubry, le 15 janvier 2014 à Lille [Philippe Huguen / AFP/Archives] Martine Aubry, le 15 janvier 2014 à Lille [Philippe Huguen / AFP/Archives]

La majorité s'interroge sur les motivations profondes de Martine Aubry après sa sortie fracassante contre la réforme territoriale qui a agacé l'exécutif -Manuel Valls la jugeant même "disproportionnée"-, à l'approche d'une rentrée qui pourrait raviver la contestation contre la politique économique du gouvernement.

"Je m'attendais plutôt à une sortie de ce genre sur le Pacte" de responsabilité, confiait lundi un responsable parlementaire socialiste, qui trouve les déclarations du maire de Lille "ubuesques, du début à la fin".

Ce responsable avoue son étonnement: "elle s'est tue jusqu'à présent" sur l'action de l'exécutif depuis 2012 "et puis, tout d'un coup... Intervenir comme cela, ce n'est pas elle. Ce n'est pas un découpage", en garder distincts Picardie et Nord/Pas-de-Calais, "qui constituera un rempart à la montée du Front national".

Il est "bizarre que Martine Aubry prenne ce cheval de bataille" sur cette fusion, alors que "pour se marquer à gauche, les sujets économiques et sociaux paraissent prioritaires", remarque aussi un député PS.

Dans une conférence de presse vendredi, le maire de Lille s'est élevé vivement contre le rattachement de la Picardie au Nord-Pas-de-Calais, prévu désormais dans la réforme territoriale. "Depuis deux ans, si dans tous les domaines, on avait eu une grande vision et une méthode, nous aurions eu un peu moins de problèmes", avait ajouté MMe Aubry.

Manuel Valls n'a guère apprécié. "Je trouve que la réaction de Martine Aubry est disproportionnée", a-t-il dit au Journal du Dimanche.

Dans l'entourage du Premier ministre, on s'efforçait lundi de tempérer le différend. "Il faut toujours entendre les grands élus. Martine Aubry, c'est quelqu'un qui compte énormément. C'est une ancienne première secrétaire du PS (...) Il faut entendre toutes les positions mais aussi à un moment donné, (il faut) acter des choix qui sont faits au niveau du Parlement".

- Débats musclés autour du budget à l'automne -

Du côté des "frondeurs" --ces députés socialistes qui se sont élevés contre les budgets rectificatifs du gouvernement-- on salue les déclarations de Martine Aubry sans pour autant considérer qu'elle rallie autour d'elle tous ceux qui, dans la majorité, s'inquiètent de la politique du gouvernement.

"Nous ne sommes pas à un moment où il faut incarner de futures échéances (électorales). Nous sommes à un moment où il faut se demander comment faire réussir la gauche, après deux années qui ont conduit à l'échec", explique à l'AFP le député PS Christian Paul, proche du maire de Lille.

"On n'a pas besoin à ce stade de se mettre en ordre de bataille derrière tel ou tel", renchérit un autre "frondeur", Laurent Baumel.

Il n'en reste pas moins que la sortie de Mme Aubry intervient dans un contexte politique de mi-mandat présidentiel, marqué par d'intenses réflexions et positionnements chez les socialistes après les déroutes municipales et européennes et avant un congrès du PS prévu pour 2015.

Plusieurs nouveaux clubs et sensibilités critiques de l'action gouvernementale récente ont fait leur apparition, d'autres cherchent à définir un projet "alternatif" avec les écologistes et les communistes. Et le ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, a exposé sa "feuille de route du redressement économique de la France", qui a suscité un vif intérêt à l'aile gauche du PS.

Il y a enfin à l'automne, "la politique économique et les choix fiscaux et budgétaires (...) qui vont être le plat de résistance de la rentrée (avec le projet de budget 2015). Nous allons faire des propositions (...) qui s'appuient sur des idées de justice mais aussi sur l'efficacité économique" et qui seront annoncées après l'université d'été du PS, fin août à La Rochelle, prévient Christian Paul.

Les économies prévues dans le projet de budget 2015 vont "restreindre la capacité de relance de l'Etat au moment même où on a besoin plus que jamais d'une relance par l'investissement public et privé", relève Pouria Amirshahi, un autre "frondeur".

"Le débat sur la pertinence de cette politique pour combattre le chômage sera de nouveau posé", prédit Laurent Baumel qui promet des débats musclés autour du budget 2015.

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