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Feuille de route de Hollande à Valls : les syndicats perplexes

Le secrétaire général de Force Ouvrière Jean-Claude Mailly le 27 janvier 2014  [Bertrand Guay / AFP/Archives] Le secrétaire général de Force Ouvrière Jean-Claude Mailly le 27 janvier 2014 [Bertrand Guay / AFP/Archives]

Les syndicats oscillaient mardi entre perplexité et inquiétude au regard de la feuille de route adressée par François Hollande au nouveau Premier ministre Manuel Valls, qui prévoit un maintien du pacte de responsabilité accompagné de mesures en faveur des salariés.

 

"Au-delà de la communication, je n'ai pas le sentiment qu'il y a un changement de cap. On change les hommes, mais on continue", a affirmé, sans concession, Jean-Claude Mailly, numéro un de FO, qui déplore le maintien du pacte de responsabilité, "un pacte de dupes".

En nommant lundi Manuel Valls pour succéder à Jean-Marc Ayrault, le président a ajouté une dose de sociale à sa politique en annonçant un "pacte de solidarité". M. Hollande prévoit une diminution des impôts" d'ici à 2017 et "une baisse rapide des cotisations" des salariés, pendant de l'allègement prévu des charges patronales.

Mardi, le nouveau Premier ministre a promis de suivre la feuille de route tracée par le chef de l'Etat pour répondre à "la demande de justice sociale" des Français.

"Une baisse des cotisations salariales, mais je voudrais bien savoir lesquelles", a rétorqué M. Mailly en rappelant les faibles marges de l'exécutif: le taux de cotisation d'assurance maladie est déjà faible (0,75%), quant aux retraites leur financement est déjà problématique.

"Et surtout ces baisses de cotisations, comment on va les financer, par des économies supplémentaires?", s'inquiète le dirigeant de FO, rappelant la baisse prévue de 50 milliards d'euros de dépenses publiques en trois ans.

Luc Bérille, numéro un de l'Unsa, pourtant favorable au pacte de responsabilité, partage la même préoccupation. "Comment combiner les économies budgétaires et le maintien des grands axes de notre modèle social", c'est-à-dire "la protection sociale et le service public", souligne-t-il auprès de l'AFP.

"C'est une équation compliquée et encore plus compliquée si les économies devaient se faire dans les trois ans", affirme M. Bérille qui se dit "perplexe" devant le pacte de solidarité. "On attend des éclaircissements dans le discours de politique générale" du nouveau Premier ministre.

- 'Valls, un message plutôt inquiétant' -

Le président de la CFTC Philippe Louis le 25 novembre 2013 à Matignon [Fred Dufour / AFP/Archives]
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Le président de la CFTC Philippe Louis le 25 novembre 2013 à Matignon
 

Le président de la CFTC, Philippe Louis, salue l'annonce d'un geste pour les salariés comme "positif", mais cela l'"interpelle": "Comment tout cela va être financé?"

Selon lui, le pacte de solidarité "est arrivé comme un cheveu sur la soupe, on n'en connait pas les détails". Il pourrait, selon lui, se limiter à "un redéploiement: d'un côté une suppression de la prime pour l'emploi (PPE) et de l'autre une baisse des charges".

"La poursuite du pacte de responsabilité, cela veut dire que le président de la République n'a pas entendu ce qui s'est passé dans les urnes à l'occasion des élections municipales", estime auprès de l'AFP Annick Coupé, porte-parole de l'Union syndicale solidaires.

Et "la nomination de Manuel Valls en rajoute une couche: ce n'est pas un message en direction des électeurs de gauche, c'est un message plutôt inquiétant", ajoute-t-elle en rappelant les positions antérieures de M. Valls "sur les 35 heures ou l'immigration".

"Le pacte de responsabilité symbolise la poursuite de la politique libérale et on a l'impression que le pacte de solidarité est là pour faire bien!", affirme Mme Coupé pour qui un vrai message aurait été de "remettre tout à plat et engager les discussions sur la justice sociale et fiscale".

De son côté, Alain Giffard, membre de la direction de la CFE-CGC, se dit "interrogatif". "Baisser les impôts, mais de qui?", demande-t-il, en espérant que le nouveau gouvernement "va entendre le message" du syndicat des cadres en faveur de "la classe moyenne".

Le secrétaire national CFE-CGC Alain Giffard le 5 mars 2014 [Jacques Demarthon / AFP/Archives]
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Le secrétaire national CFE-CGC Alain Giffard le 5 mars 2014
 

La CFE-CGC, qui avait fini par renoncer à signer l'accord sur le pacte de responsabilité, redoute que les allégements se concentrent sur les bas salaires, laissant au bord du chemin les classes moyennes touchées par les récents relèvement d'impôts.

Des organisations syndicales de retraités ont également fait part mardi de leur inquiétude devant une baisse des cotisations salariales qui fragiliserait la sécurité sociale.

Sollicités par l'AFP, les deux grands syndicats, la CGT et la CFDT, n'ont pas réagi mardi à la ligne tracée par le président de la République.

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