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Défilé des ministres chez Cazeneuve

Le ministre délégué au budget Bernard Cazeneuve quitte Matignon le 27 janvier 2014 [Bertrand Guay / AFP/Archives] Le ministre délégué au budget Bernard Cazeneuve quitte Matignon le 27 janvier 2014 [Bertrand Guay / AFP/Archives]

Certains apportent des chocolats, d'autres réclament des contreparties: les ministres passent un à un leur grand oral de modération budgétaire devant le trésorier en chef du gouvernement, Bernard Cazeneuve, en quête de 50 milliards d'euros d'économie en trois ans.

La ministre du Logement, Cécile Duflot, a ouvert le bal lundi en apportant une boîte de chocolat. Impossible bien sûr de savoir ce qui s'est vraiment dit à l'intérieur du bureau du ministre délégué au Budget, mais quelques heures après, un tweet de la ministre laisse songeur quant au contenu de la discussion.

"Rendez-vous avec @BCazeneuve à Bercy, #tropdebonheur #etdusérieuxaussi", dit-elle, assortissant son message de la photo d'une gravure de la Galerie des Glaces à Versailles, à la gloire de "l'ordre rétabli dans les Finances".

De fait, d'après son entourage, Mme Duflot n'a fait qu'"exposer les postes de dépenses de la mission Logement". Une simple exposition qui laisse perplexe quand on sait que la politique du Logement est au premier rang des sources possibles d'économies identifiées par le gouvernement.

"C'est un travail extrêmement dense", a commenté M. Cazeneuve pour l'AFP. "Je ne fais pas le budget à la découpe: un budget, c'est un exercice destiné à atteindre des objectifs politiques et à la fin il doit y avoir une cohérence globale", a-t-il poursuivi.

Les rendez-vous en face à face avec chaque ministre qui se tenaient habituellement à partir de juin ont été cette année considérablement avancés dans le temps. Les ministères vont ensuite recevoir dès le mois d'avril des lettres de cadrage, qui pour la première fois, seront individuelles, évaluant dans chaque secteur le niveau d'économies à réaliser.

Jusqu'à présent, chaque ministère recevait en juin une lettre de cadrage globale pour la préparation du budget de l'année suivante, avec les objectifs généraux sur l'évolution des dépenses et des effectifs de la fonction publique.

Les lettres individuelles, dites "lettres-plafond" et fixant le montant global attribué pour l'année suivante mission par mission, n'arrivaient que dans le courant de l'été. Cette année, elles arriveront en juin.

Un tweet pour Duflot, une polémique pour Peillon

 

Moins anodine que le tweet de Cécile Duflot, une polémique qui a surgi au soir du passage du ministre de l'Education Vincent Peillon au 5e étage de la forteresse de Bercy. Selon plusieurs articles de presse, il aurait évoqué la piste d'un gel pendant deux ans des avancements et primes de l'ensemble des fonctionnaires, dont les salaires sont déjà gelés depuis 2010.

M. Peillon a démenti mais, avérée ou pas, la proposition a fait son effet et les organisations de fonctionnaires se sont insurgées.

Anticipant toute fuite, ballon d'essai ou rumeur, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a lui immédiatement prévenu: "nous pensons que les économies sont nécessaires mais nous avons fixé une condition dans nos discussions avec le ministère du Budget", a-t-il déclaré à la presse mercredi.

"Je suis prêt à faire des avancées très importantes sur le terrain des économies, à condition que nous arrivions à moderniser l'administration", a-t-il ajouté, précisant d'un ton ferme qu'il avait "placé un certain nombre de contreparties: économies contre modernisation, amélioration, meilleure efficacité, ça donnera du moral à tout le monde".

Pour M. Cazeneuve, qui dit savoir à quoi M. Montebourg fait référence dans la discussion qu'ils ont eu mardi, "c'est assez logique et très positif parce que ça montre que nous ne sommes pas du tout dans une situation de blocage", il y a "des points d'équilibre".

Objectif premier du gouvernement qui multiplie les conseils et comités chargés de traquer la mauvaise dépense (comité interministériel de la modernisation de l'action publique, conseil stratégique de dépense publique, etc), les économies restent pourtant une question brûlante.

L'entourage de Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, ne cache pas que celui-ci est ressorti rassuré de son entretien avec son homologue au Budget, comme s'il y allait la peur au ventre.

"Ces réunions se sont bien passées, avec tout le monde", a conclu M. Cazeneuve, ironisant sur la suite: "J'espère qu'ils sont bien décidés à me revoir, (...) je n'en ai vu aucun qui m'a dit +c'est la dernière fois que vous me voyez dans le bureau+".

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