Alors que la grogne des clubs de foot monte face à la taxe à 75%, une rencontre prochaine entre François Hollande et les patrons du ballon rond a été annoncée mercredi, sans pour autant calmer les esprits.
Cette réunion "à la demande du président de la Fédération française de football", Noël Le Graët, selon un communiqué de la Fédération française de football (FFF), devrait se tenir jeudi 31 octobre, a précisé à l'AFP Frédéric Thiriez, président de la Ligue de football professionnel (LFP).
Mais l'annonce de cet entretien n'a pas fait retomber l'exaspération des patrons du foot pro, qui se sentent "incompris" voire "méprisés", selon une source proche du dossier interrogée par l'AFP.
Les différentes composantes du football professionnel --LFP, syndicats des clubs (UCPF), des joueurs (UNFP), des entraîneurs (UNECATEF) et des administratifs (UAF)-- ont même claqué la porte et décidé d'un boycott jusqu'à nouvel ordre de la commission sur la compétitivité du foot (dite du "foot durable") mise en place par le ministère des Sports le 25 septembre.
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Dans une déclaration commune lue à Jean Glavany, député socialiste des Hautes-Pyrénées, qui présidait une réunion de cette commission à la FFF mercredi, les acteurs du foot pro ont jugé cette taxation "injuste et discriminatoire" avant de quitter la salle.
"Alors que des solutions simples existent --non rétroactivité ou exemption des entreprises déficitaires-- le gouvernement refuse de nous écouter", peut-on y lire.
"C’est un petit peu tard"
"On aurait préféré avoir un rendez-vous avec le président de la République avant le vote du texte à l’assemblée, vendredi dernier. C’est un petit peu tard même si nous serons présents, et tous ensemble, à ce rendez-vous avec François Hollande", a déclaré Jean-Pierre Louvel, président de l’UCPF (Union des clubs professionnels français), à la sortie de cette réunion.
"Le football français ne peut pas payer cette taxe", a ajouté Louvel, qui est aussi président du Havre (L2).
Ce boycott de la commission gouvernementale en annonce-t-il un autre alors que se tiendra jeudi une assemblée générale extraordinaire de l'UCPF pour protester contre cette taxation ?
En clair, une rumeur de grève --qui serait fortement impopulaire-- des clubs pros en L1 et L2 peut-elle prendre chair ? "Jamais je n'ai fait grève de ma vie", s'est défendu Louvel mercredi soir.
"J’espère que le gouvernement va prendre la mesure de la détermination des acteurs du foot, qui iront jusqu'au bout", a en tout cas lancé Thiriez à la sortie de la FFF.
Louvel avait indiqué plus tôt mercredi à l'AFP qu'il comptait dire "au Président de la République qu'avec cette taxation à 75%, les catastrophes (seraient) économiques et sociales".
Et d'ajouter: "Tant que la loi n'est pas définitivement votée, on peut l'amender".
Une menace pour le grand stade d'Aulas
Les députés ont voté vendredi dernier la nouvelle mouture de la taxe à 75% pour les très hautes rémunérations. La taxe fait partie du projet de budget 2014 devant ensuite être examiné au Sénat avant de revenir vers l'Assemblée nationale, qui aura le dernier mot.
Les présidents de clubs pros en France enragent contre ce nouveau dispositif, qui représenterait une charge totale de 44 millions d’euros pour la L1. Une estimation basée sur les hauts revenus d'environ 120 joueurs des 14 clubs concernés, selon un argumentaire du foot pro que s'est procuré l'AFP.
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Les patrons du ballon rond pestent également contre l'image d'opulence du PSG et de Monaco --les 16 millions de salaires annuels d'Ibrahimovic, les 60 millions d'euros de transferts de Falcao-- qui font de l'ombre à la perte cumulée des deux divisions (L1 et L2) de 108 millions d’euros en 2011/12 en cette période de crise.
Jean-Michel Aulas, président de Lyon, présent à la sortie de la réunion "foot durable", a même affirmé que le projet de grand stade à Lyon, pour l'Euro 2016, était en danger: "Quand l'imprévisible arrive, comme cette taxation, vous mettez les banquiers en rogne".
Taxe à 75% : vers une grève des clubs de foot ?