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Jérôme Cahuzac quitte le gouvernement et réaffirme son "innocence"

Jérôme Cahuzac. Jérôme Cahuzac.[PATRICK KOVARIK / AFP]

Soupçonné d'avoir détenu un compte dans une banque suisse, le ministre du Budget Jerôme Cahuzac, pièce maîtresse du gouvernement, a été contraint à la démission mardi, quelques heures après l'annonce par le parquet de Paris de l'ouverture d'une information judiciaire sur un présumé blanchiment de fraude fiscale. De son côté, Jérôme Cahuzac a réaffirmé son "innocence" dans un communiqué.

"Cela ne change rien ni à mon innocence ni au caractère calomniateur des accusations lancées contre moi et c'est à le démontrer que je vais désormais consacrer toute mon énergie", a expliqué l'ancien ministre du Budget.

Le président François Hollande "a mis fin aux fonctions de Jérôme Cahuzac, à sa demande", a annoncé l'Elysée dans un communiqué peu avant 19H30, précisant que le portefeuille du Budget était confié à Bernard Cazeneuve, l'actuel ministre des Affaires européennes, lui-même remplacé par Thierry Repentin.

Les premiers résultats de l'enquête de police, ouverte le 8 janvier sur l'existence de ce compte bancaire en Suisse révélé par Mediapart, ont contraint le grand argentier du gouvernement à quitter ses fonctions à un moment délicat. M. Cahuzac avait commencé lundi à recevoir ses homologues du gouvernement pour déterminer les économies envisagées dans chaque ministère pour réduire les déficits.

Au vu des conclusions des premières investigations, le parquet de Paris a annoncé mardi l'ouverture d'une information judiciaire en raison "de la complexité des investigations à diligenter", en particulier "la mise en oeuvre complète de l'entraide répressive internationale, en Suisse mais aussi à Singapour".

Les juges d'instruction enquêteront notamment sur des faits présumés de blanchiment de fraude fiscale.

Selon le site d'information Mediapart, le compte détenu par M. Cahuzac chez UBS aurait été clôturé en 2010 et les avoirs auraient été transférés, via des montages complexes, à Singapour.

Concernant l'enregistrement diffusé en décembre par Mediapart, dans lequel un homme, identifié par le site comme étant Jérôme Cahuzac, évoque la détention d'un compte dans une banque suisse, l'enquête a conclu qu'il n'a "subi aucune altération ou modification", selon le communiqué du parquet de Paris.

Le ministre du Budget Jérôme Cahuzac, le 19 mars 2013 à l'Assemblée à Paris [Patrick Kovarik / AFP]
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Le ministre du Budget Jérôme Cahuzac, le 19 mars 2013 à l'Assemblée à Paris
 

Dans cet enregistrement datant, selon le site, de la fin de l'année 2000, l'homme déclare: "ça me fait chier d'avoir un compte ouvert là-bas, l'UBS c'est quand même pas forcément la plus planquée des banques".

Cet enregistrement était en possession depuis douze ans de l'avocat Michel Gonelle, ex-rival politique de Jérôme Cahuzac dans le Lot-et-Garonne.

"Trois témoins ont dit reconnaître la voix" et un autre a reconnu "des intonations de la voix", a précisé le parquet.

La police technique scientifique (PTS), qui a comparé la voix de l'interlocuteur mystérieux de la bande avec celle de M. Cahuzac conclut: "sur une échelle de -2 à +4, la puissance de l'indice, c'est-à-dire de notre comparaison phonétique et automatique se situe à +2. Autrement dit le résultat de notre analyse renforce l'hypothèse que Jérôme Cahuzac est le locuteur inconnu."

 

Consultant pour l'industrie pharmaceutique

Le parquet précise par ailleurs que "l'un des témoins entendus par les enquêteurs a affirmé qu'il lui avait été rapporté que les sommes versées sur ce supposé compte proviendraient de laboratoires pharmaceutiques".

Selon plusieurs médias, Jérôme Cahuzac, chirurgien de formation passé par le cabinet du ministre de la Santé Claude Evin (1988-91) comme conseiller technique, a été, après cette expérience ministérielle, consultant pour l'industrie pharmaceutique, notamment en matière de conseil de politique du médicament.

Pour cela, l'information judiciaire a également été ouverte pour "perception par un membre d'une profession médicale d'avantages procurés par une entreprise dont les services ou les produits sont pris en charge par la Sécurité sociale".

Il avait également annoncé le dépôt d'une plainte en diffamation contre le site Mediapart.

Pour le co-fondateur de Mediapart, Edwy Plenel, le parquet "confirme ligne par ligne l'ensemble des informations mises sur la place publique par Mediapart".

"Il conclut logiquement à ce que nous avions dit, c'est-à-dire qu'il fallait une information judiciaire pour mener des investigations internationales", a-t-il dit à l'AFP.

 

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