En direct
A suivre

Le départ de Cahuzac, un coup dur pour le gouvernement

Jérôme Cahuzac à l'Assemblée nationale à Paris le 19 mars 2013 [Patrick Kovarik / AFP] Jérôme Cahuzac à l'Assemblée nationale à Paris le 19 mars 2013 [Patrick Kovarik / AFP]

Le départ de Jérôme Cahuzac intervient à un moment crucial de la préparation du budget 2014, alors que la forte personnalité du ministre délégué devait garantir une nouvelle baisse draconienne des dépenses publiques.

Alors que tous les observateurs et prévisionnistes tablent sur une croissance zéro en 2013 et une reprise encore modeste en 2014, c'est un coup dur pour le gouvernement qui s'apprête à élaborer ce qui s'annonce comme un des budgets les plus complexes du quinquennat.

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a lancé le débat budgétaire le 8 mars en adressant aux ministères sa lettre de cadrage.

Il leur demande d'"identifier au total 5 milliards d'euros d'économies nouvelles l'an prochain", pour financer notamment le crédit d'impôt pour la compétitivité des entreprises, la politique de l'emploi et le plan anti-pauvreté.

Jusqu'à présent, le gouvernement socialiste s'était attaché à stabiliser les dépenses de l'Etat (hors intérêts de la dette et pensions) en ne les augmentant plus, même pas au rythme de l'inflation. Mais cette fois, il s'agit d'aboutir à une baisse historique en valeur absolue de 1,5 milliard en 2014.

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault à Montréal le 14 mars 2013 [Rogerio Barbosa / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault à Montréal le 14 mars 2013
 

Depuis lundi et pour trois semaines, tous les ministres devaient défiler dans le bureau de M. Cahuzac, à Bercy, pour préciser quelles économies structurelles ils pourraient faire.

Pour eux, cela signifiait s'engager, comme déjà à l'été dernier, dans une négociation pied à pied avec celui qui s'est fait depuis l'élection de François Hollande à l'Elysée le gardien sans états d'âme de la rigueur budgétaire.

"Les ministres ne peuvent pas jouer très longtemps au jeu du +on est à l'os+", remarquait néanmoins lundi un membre de son cabinet, confiant dans des discussions permettant finalement d'aplanir les crispations.

Une fois qu'ils auront présenté leurs projets à Bercy, chaque ministre se verra remettre en juin une lettre plafond spécifique, limitant ses dépenses propres.

Parallèlement, Jérôme Cahuzac était en train de préparer avec le titulaire de l'Economie et des Finances, son ministre de tutelle Pierre Moscovici, la trajectoire budgétaire que la France entend présenter à la Commission européenne et au Parlement mi-avril.

Bernard Cazeneuve et Jérôme Cahuzac, à l'Elysée à Paris le 7 novembre 2012 [Bertrand Langlois / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Bernard Cazeneuve et Jérôme Cahuzac, à l'Elysée à Paris le 7 novembre 2012
 

"J'ai pas de bol avec ce machin"

Le nouveau ministre délégué au Budget, Bernard Cazeneuve, qui vient des Affaires européennes, est au fait des exigences des traités budgétaires européens et des tractations en cours avec Bruxelles.

La France négocie un délai d'un an pour ramener son déficit public sous la barre des 3% du produit intérieur brut (PIB) en 2014 plutôt que cette année comme elle s'y était engagée.

Le gouvernement a déjà acté un dérapage budgétaire cette année mais veut donner des "gages" à ses partenaires européens. Le "programme de stabilité" qu'elle doit adresser à Bruxelles doit "documenter" les moyens de poursuivre la réduction des déficits.

En plus d'un stratège incollable sur les moindres recoins de la fiscalité française, Jérôme Cahuzac est aussi un infatigable orateur qui a passé des dizaines d'heures à défendre, point par point et souvent sans notes, à l'Assemblée et au Sénat le budget 2013 et deux collectifs budgétaires en juillet et en décembre.

Début février, il reconnaissait cependant les difficultés rencontrées avec la taxe à 75% sur les contribuables français les plus riches, une des promesses phare du candidat Hollande. "J'ai pas de bol avec ce machin", disait-il alors à l'AFP, quelques semaines après que le Conseil constitutionnel eut invalidé cette taxe.

Le Conseil d'Etat doit rendre dans les prochains jours une réponse aux questions qui lui ont été posées par le gouvernement, afin que les services de Bercy rédigent un nouveau texte juridiquement inattaquable.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités