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Législatives partielles : "la droite d'en bas" se porte bien

Le candidat de l'UMP Elie Aboud, le 9 décembre 2012 à Béziers [Pascal Guyot / AFP] Le candidat de l'UMP Elie Aboud, le 9 décembre 2012 à Béziers [Pascal Guyot / AFP]

En mettant la droite en position de remporter dimanche prochain trois circonscriptions, l'électorat conservateur a refusé de la renvoyer dos à dos avec la gauche et de sanctionner la guerre des chefs à l'UMP, misant sur "la droite d'en bas", selon les analystes.

La droite est en mesure de conserver ses deux sièges invalidés en région parisienne et de reprendre celui abandonné au PS pour 10 voix seulement dans la 6e circonscription de l'Hérault, au vu des résultats du premier tour.

Les spécialistes se refusent toutefois à parler d'un bouleversement du rapport gauche-droite qui préjugerait de graves déconvenues socialistes lors de prochaines consultations électorales. "C'est aller vite en besogne. Le poids des implantations locales est fort", souligne Emmanuel Rivière (TNS-Sofres).

D'abord, ces trois scrutins ont eu pour théâtre "des circonscriptions ancrées à droite", selon tous les politologues interrogés.

Celle de l'Hérault, où l'UMP Elie Aboud, un proche de Jean-François Copé, possède 15 points d'avance sur Dolorès Roqué, élue en juin, n'avait basculé que dans des circonstances très particulières il y a six mois: une vague rose et un niveau élevé du Front national qui s'était qualifié pour une triangulaire.

Dans une ville (Béziers) dirigée par le sénateur-maire UMP Raymond Couderc, Elie Aboud, député il y a encore six mois, faisait quasiment figure de sortant.

Patrick Devedjian le 9 décembre 2012 dans le bureau de vote à Antony [Miguel Medina / AFP]
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Patrick Devedjian le 9 décembre 2012 dans le bureau de vote à Antony
 

Dans la 13e des Hauts-de-Seine, Patrick Devedjian était "le local de l'étape" alors que son challenger, le chevènementiste Julien Langfried, qui n'avait échoué que d'un cheveu en juin, était "un inconnu total" bénéficiaire, lui aussi, de "la vague rose", selon Gaël Sliman (BVA).

Faute d'enjeu national, "la prime au sortant" a beaucoup compté, estime le politologue.

résultats FN "en demi-teinte"

Dans la 1ère circonscription du Val-de-Marne, affirme M. Rivière, "les électeurs ont arbitré un conflit au sein de la majorité", le sortant Henri Plagnol, maire de Saint-Maur, ayant notamment contre lui son 1er adjoint. Sur 24.000 suffrages exprimés, 16.000 l'ont été par des électeurs de cette commune. Eliminé dès dimanche soir, le socialiste Akli Mellouli a fait les frais de ce surcroît de mobilisation de l'électorat conservateur.

Henri Plagnol avait troqué son ancienne étiquette de l'UMP contre celle de l'UDI, le parti de Jean-Louis Borloo, mais était soutenu par son ancien parti.

Pour M. Sliman, ces scrutins n'en marquent pas moins "un clair désaveu de l'exécutif et de la gauche" sur des terres de droite.

"La volonté de sanctionner la gauche a été plus forte que l'écoeurement vis-à-vis du spectacle donné" offert par Jean-François Copé et François Fillon, résume Jérôme Fourquet, de l'Ifop.

Marine Le Pen le 8 décemgre 2012 à Sèvres [Thomas Samson / AFP/Archives]
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Marine Le Pen le 8 décemgre 2012 à Sèvres
 

Pour M. Fourquet, le vainqueur de dimanche, "ce n'est pas n'importe quelle droite: on pourrait l'appeler la droite d'en bas, celle qui a fait une campagne de terrain, pris soin de prendre ses distances avec les états-majors parisiens et n'a pas sollicité le renfort des principaux ténors". Conclusion du responsable de l'Ifop: l'électorat conservateur "n'a pas jeté le bébé avec l'eau du bain".

Est aussi entrée en jeu la mobilisation bien plus forte de l'électorat de droite que de celui de gauche. "Le niveau d'hostilité à l'encontre de l'exécutif et de la gauche a grimpé en flèche dans l'électorat de droite. 8 à 10% seulement ont une bonne opinion de François Hollande", complète Jérôme Fourquet.

Quant au Front national, ses résultats sont "en demi-teinte", "pas mauvais". Pour M. Rivière, il faut se garder d'"une vision mécaniste" selon laquelle les déboires politiques de l'exécutif et de l'UMP feraient ipso facto le jeu de l'extrême droite.

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